Les actions hors Europe et pays émergents en tête de la collecte ETF

10/05/2010 - 10:39 - Option Finance

(AOF / Funds) - Depuis le début d'année, "l'intérêt pour les ETF ne se dément pas dans un marché sans vraie tendance", affirme Valérie Baudson, directeur d'Amundi ETF. [-73]· fin mars dernier, le niveau des encours dans le monde des Exchange-Traded Fund (ETF) s'élevait à 1 081,9 milliards de dollars, contre 1,036 milliard de dollars à fin 2009, soit une hausse de 2,7 %, selon BlackRock. A l'exception de la zone Amérique latine, la progression d'encours dans le monde a été positive, la plus forte revenant au Japon (+ 10,9 % à 27,3 milliards de dollars), suivi par les Etats-Unis (+ 4,4 % à 736,3 milliards de dollars), l'Asie (+ 4,3 % à 40,6 milliards de dollars) et l'Europe (+ 3 % à 233,7 milliards de dollars). Cette progression d'encours a cependant essentiellement profité aux produits en actions. "Les ETF Actions représentaient 84 % des encours en Europe à fin mars, contre 74 % à fin 2009", indique Valérie Lalonde, responsable communication chez Lyxor ETF. Cette évolution est liée à un effet de marché positif, mais également a une progression de la collecte. En Europe, les ETF et ETP (ETC et ETN) ont ainsi collecté 11,5 milliards de dollars au premier trimestre, la meilleure collecte revenant à Lyxor Asset Management, suivi de db x-trackers. iShares arrive en troisième position, avec 1,6 milliard de dollars de collecte, mais demeure le plus grand fournisseur d'ETF en Europe à la fois en termes de nombre de produits (172) et d'encours sous gestion (82,5 milliards de dollars), détenant ainsi 37,9 % de parts de marché. Avec environ 1 milliard d'euros collecté à fin mars, Amundi ETF tire lui aussi particulièrement son épingle du jeu cette année. "Nous avons collecté davantage sur les quatre premiers mois de l'année 2010 que sur toute l'année 2009, se réjouit Valérie Baudson. Nous sommes aujourd'hui le 5e collecteur net en Europe pour 2010, notre objectif est de devenir le 5e fournisseur d'ETF en Europe en termes d'encours". Encore ce trimestre, la collecte n'a pas profité à toutes les classes d'actifs. Elle a été essentiellement soutenue par les produits en actions (8,6 milliards d'euros en ETF et ETP selon Deutsche Bank) et surtout celles des pays hors Europe et émergents. "Au cours des quinze derniers mois, la collecte sur les ETF marchés émergents s'élève à plus de 3,6 milliards de dollars, ce qui porte le total des actifs détenus par des ETF sur ces marchés à 26 milliards de dollars fin mars 2010, selon Source, basé à Londres. Les quatre ETF basés sur l'indice MSCI Emerging Markets constituent 43 % des encours des ETF européens basés sur les marchés émergents." Les matières premières ont pour leur part capté 1,5 milliards d'euros de flux nouveaux (ETF et ETP). Les produits obligataires ont eux aussi attiré des flux d'investissement : la collecte nette représente 1,7 milliard d'euros, avec une préférence pour les obligations souveraines (+ 1,1 milliard d'euros) et privées (0,6 milliard d'euros), selon les données de Deutsche Bank. "Sur un an glissant, fin mars, les trois ETF iShares ayant le plus collecté en Europe sont les iShares Euro Corporate Bond, iShares MSCI Emerging Markets et iShares Barclays Euro Corporate Bond", témoigne iShares. Les institutionnels étant investis majoritairement en obligations, la remontée des taux d'intérêt fait partie de leurs [-16]ðpréoccupations. Ils s'intéressent notamment à des ETF offrant une exposition inverse au marché des emprunts d'Etat de la zone euro pour tirer parti d'une éventuelle remontée de taux d'intérêt. "Les ETF short obligataires Goovies, utilisés pour jouer la remontée des taux d'intérêt, que nous avons lancés en France mi-janvier, ont rencontré un franc succès auprès de clients institutionnels français et européens", affirme Valérie Baudson. Autres ETF qui ont collecté : ceux de stratégie. "Les ETF de stratégie, permettant de jouer la hausse ou la baisse des indices avec ou sans effet de levier, sont selon les chiffres des volumes sur les trois premiers mois de l'année, de plus en plus échangés sur le marché. En terme de classement par volume, on remarque que dans les 10 premiers ETF en Europe échangés, 3 sont des ETFs de stratégie dont le tracker Lyxor ETF XBear CAC 40 qui est le plus traité sur Euronext Paris", observe Lyxor ETF. Les ETF sectoriels gagnent eux aussi du terrain auprès des investisseurs depuis le début de l'année. "En janvier dernier, les volumes traités sur des ETF sectoriels européens ont atteint un nouveau record de 5,76 milliards d'euros, dont près de 70 % échangés sur nos ETF sectoriels (reproduisant la performance des indices optimisés Stoxx)", indiquait Source. En mars dernier, 77,4 % des volumes échangés en Europe sur des ETF sectoriels l'ont été sur des ETF Sectoriels Source. Un succès que l'émetteur explique en outre par son modèle novateur. "Alors que dans les modèles traditionnels de réplication synthétiques le risque de contrepartie pour un ETF synthétique porte sur 10 % (au maximum) des actifs d'un fonds, il est limité à 4,5 % chez Source, témoigne Ludovic Djebali, responsable des ventes en France, en Belgique et au Luxembourg chez Source. De plus, ce risque est divisé entre six banques différentes, contre une seule traditionnellement. Donc, en réalité, le risque de contrepartie sur des produits Source est de seulement 0,752 % par banque, contre 10 % au maximum pour une seule banque dans le modèle traditionnel. De plus, le fait de travailler avec six banques d'investissement différentes, nous permet d'être plus compétitifs aussi bien à la conception du produit qu'à sa négociation en bourse par nos clients. En effet, dans un modèle composé d'une seule banque d'investissement, la mise en concurrence est plus limitée car la banque fixe les règles qui régissent le produit qu'elle a conçu en collaboration avec son propre asset manager." Outre une progression en termes d'encours et de collecte, le marché européen des ETF a également été marqué par une vague de nouveaux produits. L'offre en ETF s'est ainsi étoffée de plus de 80 fonds depuis le début d'année, pour atteindre 910 trackers, contre 814 aux Etats-Unis. L'inscription de nouveaux fonds à la cote de la Bourse de Francfort a été très à la mode ces derniers mois. Un choix stratégique lorsque l'on sait que plus de 40 % des volumes traités sur des ETF en Europe (près de 135 milliards d'euros) le sont via Xetra, la plateforme de Deutsche Börse. Amundi ETF fait partie des émetteurs qui ont particulièrement renforcé leur présence en Allemagne. Il a ainsi côté 21 ETF supplémentaires sur Deutsche Börse, dont deux produits pour s'exposer aux valeurs ayant les taux de dividendes les plus importants en Europe et au sein de la zone euro, sept sur emprunts d'Etat de la zone euro avec des maturités allant de trois mois à quinze ans pour se positionner sur la courbe des taux et un autre pour se couvrir contre le risque inflationniste. Lyxor poursuit lui aussi son développement sur la Bourse de Francfort, avec un nouvel ETF pour investir sur le marché allemand dont le but est de délivrer deux fois la performance quotidienne inverse de l'indice Dax. ETF Securities a pour sa part poursuivi son développement sur la Bourse de Francfort en cotant dix nouveaux ETC sur devises en euros offrant une exposition longue (achat) ou courte (vente) aux devises des pays du G10 par rapport au dollar américain, ainsi qu'une exposition aux taux d'intérêt locaux. Pour répondre à la demande des investisseurs qui souhaitent investir dans un fonds au sein duquel les dividendes générés sont réinvestis, Source a par exemple lancé sur Xetra un nouvel ETF sur l'indice boursier allemand visant à délivrer la performance du Dax dividendes réinvestis. Depuis février dernier, les investisseurs peuvent également investir en France sur un ETF iShares à parts capitalisées pour s'exposer au DJ Euro Stoxx 50. Les émetteurs ont également développé des ETF pour les investisseurs qui veulent couvrir leur portefeuille face à une éventuelle remontée des taux. C'est le cas de Lyxor, qui propose de bénéficier des anticipations haussières sur les taux dix ans. Les thèmes des marchés émergents ont également été sources de nouveaux produits. Tous ces lancements conduisent à s'interroger sur la viabilité des produits à plus long terme, dans la mesure où les 100 plus importants ETF en Europe représentaient à eux seuls 68,4 % du marché à fin mars. Malgré cela, les différents émetteurs envisagent de continuer à déployer leur offre en Europe et de continuer à innover. L'innovation est en effet au centre des critères de choix des ETF, selon une enquête britannique réalisée notamment auprès de plus de 20 000 investisseurs [-16]ðinstitutionnels. Floriane Tedoldi