Fonds de trésorerie : les gérants dynamiques tirent leur épingle du jeu

14/06/2010 - 10:27 - Option Finance

(AOF / Funds) - Dans un contexte de taux historiquement bas, la capacité des fonds de trésorerie à s'écarter de leur benchmark pour délivrer un rendement additionnel par rapport au niveau du marché monétaire est devenue un élément très compétitif. Les fonds classés Trésorerie dynamique par EuroPerformance ont particulièrement intéressé les investisseurs au cours du trimestre écoulé. Si au premier trimestre 2010, la gestion collective a progressé dans son ensemble (+ 7,4 milliards d'euros selon EuroPerformance à 870,7 milliards d'euros d'actifs sous gestion), les fonds de Trésorerie régulière ont particulièrement souffert des taux très bas de l'Eonia. Depuis le début de l'année jusqu'à fin mars, pas un mois ne s'est écoulé sans que ces fonds ne soient affectés par des rachats. A tel point que, pour la première fois depuis 1998, les flux d'investissement sur les fonds classés Trésorerie régulière par EuroPerformance ont été négatifs au premier trimestre 2010 (- 15,7 milliards d'euros de flux sortants), selon EuroPerformance. Dans ce contexte, le critère de la performance est devenu très compétitif pour choisir un placement pour les liquidités à court terme. Or, les gérants de cette catégorie délivrent des résultats très dispersés. Depuis le début de l'année, la performance des fonds de la catégorie Trésorerie régulière arrêtée au 31 mai a ainsi oscillé entre 0,76 % et - 0,88 %. En outre, sur la période, seuls 9 fonds sur 480 ont réussi à faire mieux que le benchmark monétaire correspondant à l'Eonia capitalisé, avec des progressions pour ces OPCVM comprises entre 0,25 % et 0,62 %, contre environ 0,15 % pour l'indice. Si les performances sont assez hétérogènes, elles sont en outre loin d'être régulières pour de nombreux gérants : certains fonds classés dans le top 20 en termes de performance depuis le début de l'année jusqu'à fin mai, ne figurent même pas dans les deux premiers tiers sur deux ans et trois ans. Parmi les plus réguliers se trouve un OPCVM de droit luxembourgeois géré par Dexia AM. Sur trois ans, à fin mai, le fonds Dexia Money Market Euro Sustainable figure parmi les trois meilleurs fonds sur 480 répertoriés par EuroPerformance, deuxième sur deux ans et 20e depuis le début de l'année. Investi en titres à court terme (entre un mois et deux ans) émis par des Etats et des entreprises, il a pour but de délivrer un rendement supérieur à son benchmark, l'Eonia, tout en intégrant les principes d'Investissement Socialement Responsable (ISR). "Le fonds crée de l'alpha sur la base de deux stratégies actives : l'une sur les taux au travers d'une duration et d'un positionnement cible sur la courbe des taux, et l'autre via le crédit, de par un suivi approfondi de tous les émetteurs en portefeuille et des opportunités de marché, explique Valérie Nevolo, gérante du fonds Dexia Money Market Euro Sustainable. Actuellement, nous sommes long de duration, avec un positionnement sur la courbe entre six mois et un an, ce qui signifie que nous n'anticipons pas de remontée des taux cette année. Nous investissons dans des papiers à taux fixe entre six et douze mois, comme des certificats de dépôts. Nos principaux moteurs de performance à ce jour concernent l'écart Eonia-Euribor 3 mois, qui s'améliore d'ailleurs depuis deux mois, ainsi que notre positionnement long de duration à cent jours et les opportunités que commence à offrir le crédit sur la partie courte, moins sensible aux tensions récentes." Si quelques fonds de Trésorerie régulière arrivent à faire mieux que l'Eonia, les investisseurs se sont plutôt intéressés aux OPCVM de la catégorie "Trésorerie dynamique" d'EuroPerformance au cours du premier trimestre. La collecte nette sur ces fonds sur un an est redevenue positive avec + 1,6 milliard d'euros. Un mouvement de flux qui s'explique par le fait qu' "une majorité de fonds affiche un rendement positif sur le trimestre : les indices de catégorie 'Trésorerie dynamique' et 'Trésorerie dynamique plus' ont réalisé des gains supérieurs à l'Eonia de + 22 points de base et de + 27 points de base, respectivement", indique EuroPerformance. Comme pour les fonds de Trésorerie régulière, les performances des OPCVM de 'Trésorerie dynamique' ont cependant été assez variées. Sur près de 200 fonds répertoriés par EuroPerformance, la performance du premier tiers sur trois ans, à fin mai, varie de 11 % à 26 % et une trentaine de fonds située dans le dernier tiers affiche des performances négatives (entre - 0,42 % et - 32,5 %). Le fonds Hugau Moneterme, dont l'objectif est de battre l'Eonia sur douze mois avec une volatilité globale annualisée du portefeuille inférieure ou égale à 0,50, est l'un des mieux classés. A fin mai, le fonds est premier de sa catégorie sur trois ans et cinquième sur un an selon EuroPerformance. Il continue de faire la différence depuis le début d'année avec une progression de + 0,79 %, contre une hausse d'environ 0,15 % pour l'Eonia Capitalisé, ce qui le classe à la 20e place. La bonne performance du FCP s'explique par une politique d'investissement consistant à choisir minutieusement les signatures, principalement d'entre[-16]ðprises de qualité, et à gérer un "barbell", c'est-à-dire plutôt que d'investir sur toutes les échéances de la courbe des taux, à investir soit dans du très court terme (en achetant des taux fixes), soit dans du plus long terme pour profiter de taux plus importants (1,50 % à 2 % avec une échéance à quinze mois). Pour le long terme, le gérant choisit des taux fixes et/ou variable (notamment l'Euribor 3 mois et des obligations corporates européennes et françaises à taux variable). A ce jour, il exclue par exemple les obligations souveraines, car elles lui semblent soit trop risquées soit trop peu rémunératrices. Les obligations souveraines ont pourtant été un moteur de performance pour d'autres gérants. Tel est le cas de Natixis Obli Opportunités 12 Mois, un fonds classé dans le top 10 du palmarès d'EuroPerformance sur trois ans, à fin mai (avec 9,25 %). "Cette année, le choix des pays pour les dettes souveraines est déterminant sur la gestion du fonds, avec une recherche de rendement sur les pays périphériques, comme l'Espagne, la Grèce, le Portugal et [-16]ðl'Irlande, ainsi qu'une recherche de liquidité sur le noyau dur de la zone euro : l'Allemagne, la France et l'Italie, affirme Olivier de Larouzière, responsable de la gestion taux de Natixis AM. Les covered bonds, qui représentent à ce jour environ 40 % du portefeuille avec une maturité entre un et deux ans, sont le second moteur de performance. Enfin, la gestion flexible du fonds est un atout en cas de remontée des taux puisque nous avons la possibilité de réduire l'exposition du fonds à la courbe des taux à son minimum en investissant 100 % en monétaire." Pour tenter d'obtenir encore plus de rendement, les investisseurs peuvent se tourner vers des fonds de la catégorie Trésorerie dynamique plus d'EuroPerformance. Sur trois ans, à fin mai, la pire performance de la catégorie a été limitée à - 32,5 %, contre - 43,4 % pour les fonds Trésorerie dynamique, et la meilleure s'est élevée à 13,74 % (contre 11,51 % pour le fonds Trésorerie dynamique). Parmi les meilleurs OPCVM en termes de performances se trouve le fonds de fonds LCL Institutions Sécurité (+ 1,49 % depuis le début d'année jusqu'à fin mai). "Ce fonds, qui s'adresse essentiellement à de petits investisseurs institutionnels, a un caractère prudentiel", affirme Florence Duperrier, gérante du fonds LCL Institutions Securité. Il est actuellement composé d'obligations souveraines de la zone euro avec des maturités comprises entre trois et cinq ans (45 %) et de fonds monétaires réguliers (40 %). "Notre approche prudente nous conduit par exemple à ne pas prendre de pari actif sur les pays périphériques de la zone euro, c'est-à-dire à ne pas être exposés au-delà de la pondération des indices obligataires de la zone euro sur ces pays", ajoute Florence Duperrier. Pour dynamiser la performance du coeur de portefeuille, le fonds est investi à hauteur de 15 % du portefeuille dans diverses stratégies. "Cette année, la volatilité, le crédit et les devises sont les trois moteurs de performance", précise Florence Duperrier. Le fonds peut également investir dans les actions. "Mais il n'en comporte pas à ce jour et notre exposition aux actions est, quoi qu'il arrive, limitée à 10 % du portefeuille", indique la gérante. Pour placer leurs liquidités, les investisseurs peuvent également choisir d'introduire une diversification par rapport aux fonds en euros via des fonds de trésorerie internationale. Sur trois ans, au 31 mai, la performance moyenne de la catégorie EuroPerformance s'élève à 10,54 % (avec plus de 26 % pour l'OPCVM le plus performant et environ - 17 % pour le moins bon). La performance moyenne de ces fonds est plus élevée que celle des OPCVM classés dynamique et dynamique plus par EuroPerformance (avec respectivement 2,14 % et 2,9 %). Le constat est le même sur deux ans et depuis le début d'année avec respectivement 20 % et 12,78 %, contre 0,88 et 0,65 % pour les OPCVM Trésorerie dynamique. Parmi les mieux classés se trouve Amundi Funds Usd Reserve qui permet de s'exposer à l'évolution du marché monétaire américain au travers des Fed Funds (c'est-à-dire le marché monétaire au jour le jour). "Les conditions de liquidité sur les marchés interbancaires se sont considérablement détériorées en raison en particulier de la défiance des établissements financiers américains à l'encontre des banques européennes, explique Christophe Buret, gérant du fonds Amundi Funds Usd Reserve. Ces dernières se trouvent donc amenées à augmenter sensiblement les niveaux de rémunérations de leurs refinancements courts termes qui divergent sensiblement du niveau des feds funds restés stables et faibles." Malgré ces opportunités, les investisseurs français préfèrent toutefois les fonds de trésorerie libellés en euros. Tout récemment, on constate un regain d'appétit pour les fonds de Trésorerie régulière, ces derniers ayant collecté 3,87 milliards d'euros en avril dernier. Il sera intéressant de voir les choix que les investisseurs auront faits au mois de mai lors de la crise grecque. [8]Floriane Tedoldi