EDF prépare la hausse des prix de l'électricité

22/06/2010 - 15:49 - Option Finance

(AOF) - Alors que le projet de réforme du marché de l'électricité est en cours d'examen au Parlement, EDF prépare de plus en plus nettement l'opinion publique à une augmentation des tarifs. Une hausse des prix de l'électricité en France est "inéluctable" pour financer les investissements d'EDF, a ainsi déclaré Pierre Lederer, directeur exécutif du groupe d'électricité chargé du commerce au cours d'un colloque de l'Union française de l'électricité, repris par l'AFP. Selon lui, c'est inéluctable pour permettre de financer les investissements qui sont nécessaires dans la maintenance des moyens de production et de financer aussi à terme les efforts qui seront menés pour prolonger la durée de vie des réacteurs", a affirmé Pierre Lederer, au cours d'un colloque de l'Union française de l'électricité. "Il faut par ailleurs financer la mise à niveau des réseaux (électriques). Et puis il faut enfin financer le développement des énergies renouvelables", a-t-il ajouté. Il a rappelé qu'EDF allait investir plus de 2 milliards d'euros par an dans le nucléaire dans les années à venir (hors prolongation de la durée de vie des réacteurs), contre 500 millions d'euros par an dans les années passées.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

Au 31.12.2009 : 66.336 millions d'euros (+3,9%) Au 31.12.2008 : 64.279 millions (+7.8%)

Résultats

Au 31.12.2009 : résultat d'exploitation (EBITDA) : 17.466 millions (+1,2%) - Résultat net part du groupe : 3.905 millions (+12,1%) Au 31.12.2008, résultat d'exploitation : 7.911 millions d'euros (-20.8%) - Résultat net part du groupe : 3.400 millions (-39.5%)

Prévisions

Pour 2010 EDF s'attend à une stabilisation de la demande d'électricité dans les principaux pays où il opère et à un certain raffermissement des prix de l'électricité en France et en Allemagne notamment. En France, après une année exceptionnellement difficile en 2009, les performances opérationnelles devraient se caractériser par un rebond de la production nucléaire et par l'inversion de tendance en matière de disponibilité nucléaire. L'activité devrait être plus stable à l'international. Le groupe vise une croissance significative de son EBITDA, portée par une croissance organique comprise entre 3% et 5% et le plein effet en 2010 des opérations de croissance externe réalisées fin 2009. Le groupe se fixe en conséquence les objectifs financiers suivants pour 2010 : - réaliser une hausse significative de son EBITDA. Cette progression s'appuie principalement sur un objectif de croissance compris entre 3% et 5%. - une stabilité du dividende par rapport à 2009.

Stratégie

EDF a pour objectif l'amélioration de ses performances opérationnelles en 2010. Cette priorité à l'opérationnel se traduira en particulier par une organisation dédiée, autour de filières métiers monde intégrées pour l'amont (production) comme pour l'aval (commercialisation) de son activité, et d'un pilotage renforcé de ses marchés géographiques prioritaires. EDF va poursuivre son effort d'investissements dans la maintenance et dans des nouvelles capacités de production en France et à l'international. Le groupe va poursuivre le programme Excellence Opérationnelle avec un objectif confirmé de : - dégager un important cash flow opérationnel pour financer ses investissements opérationnels. Ceux-ci devraient rester à un niveau élevé. Ils concernent essentiellement le domaine de la maintenance industrielle en France, ce qui conditionne dans la durée la performance du parc de production et des réseaux. - assurer la stabilité financière du groupe avec un ratio dette nette/EBITDA compris entre 2,5 et 3.

Evènements financiers

EDF cherche à vendre son réseau de distribution d'électricité au Royaume-Uni mais il attend des offres fermes et financées. Le réseau britannique de lignes électriques d'EDF, acquis entre 1999 et 2002, est évalué à au moins 4 milliards d'euros. Il distribue 28 % de l'électricité du Royaume-Uni. Selon le Premier ministre russe Vladimir Poutine, EDF va prendre 20% du gazoduc russo-italien South Stream. Gazprom, le géant gazier russe, pourra alors fournir à EDF du gaz naturel et récupérer en échange de l'électricité, avec l'objectif de construire une relation à long-terme. Le marché russe de l'électricité, pourrait ainsi être ouvert à EDF à l'avenir.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Fortes positions concurrentielles en Europe, en particulier en France. - Le groupe présente un beau potentiel de développement car les besoins énergétiques futures sont énormes : d'ici une dizaine d'année 1 milliard de personnes devraient accéder à l'électricité dans le monde. - En 2009 EDF a affiché de bonnes performances en 2009 grâce à la montée en puissance des filiales à l'international, avec l'intégration de British Energy, qui a dégagé des résultats supérieurs aux anticipations. - Même si depuis 2007 le marché français est ouvert à la concurrence, le leadership d'EDF n'est, pour le moment, pas menacé du fait de prix de revient très compétitifs grâce à ses réacteurs nucléaires. - L'électricien a obtenu un délai supplémentaire de cinq ans pour constituer la soulte destinée au démantèlement des centrales nucléaires (près de 17 milliards d'euros au total). L'échéance serait reportée à juin 2016. Cette décision va permettre au groupe de se consacrer à ses projets de développement et à son désendettement. - Le projet de loi récemment présenté, portant sur la nouvelle organisation du marché de l'électricité (Nome), est plutôt favorable à EDF. - En mettant la main sur British Energy, EDF devient le principal acteur de la relance du nucléaire en Grande-Bretagne. Cela répond à sa volonté de devenir le premier acteur mondial dans ce domaine. - La progression du titre devrait être assurée par (i) les investissements en cours en France et à l'étranger qui devraient accroître les performances des centrales du groupe, (ii) le plan d'amélioration de l'efficacité opérationnelle, et (iii) l'intégration de British Energy.

Faiblesses

- En 2009, les activités françaises d'EDF ont affronté une année extrêmement difficile, avec de nombreux arrêts de centrales nucléaires dus à des mouvements sociaux ou à des incidents. Ces facteurs ont entraîné une baisse de 6,7% de la production d'électricité nucléaire sur l'année avec un taux de disponibilité du parc nucléaire tombé à 78%. - Le groupe a acheté la paix sociale en accordant une augmentation de plus de 4% des salaires, qui devrait s'élargir aux 35.000 salariés de la filiale de distribution ERDF, ce qui va peser sur ses coûts. - La croissance externe (acquisition de British Energy, prise de contrôle de l'électricien belge SPE et rachat de la moitié des actifs nucléaires de Constellation Energy) a provoqué une forte croissance de l'endettement net, qui est passé entre 2008 et 2009 de 24,5 milliards à 42,5 milliards d'euros. - Le recul du prix du pétrole pourrait limiter l'avantage du nucléaire, au coeur du développement du groupe. - Le dividende par action sur les résultats 2009 a reculé de plus de 10% à 1,15 euro.

La valeur et son secteur

Principales activités

Energéticien intégré, présent sur l'ensemble des métiers de l'électricité : production, transport, distribution, commercialisation et négoce d'énergies. EDF est également de plus en plus actif sur la chaîne du gaz en Europe.

Le secteur

L'objectif de la loi sur la nouvelle organisation du marché de l'électricité (Nome) est de permettre à tous les clients situés en France, quel que soit leur fournisseur, de disposer de prix compétitifs grâce à une concurrence accrue, tout en s'appuyant sur l'avantage procuré par le parc nucléaire français. Avec cette réforme du marché de l'électricité, les concurrents d'EDF auront un droit d'accès à environ un quart de la production nucléaire d'EDF. Ce dernier aura l'obligation de répondre aux sollicitations de ses concurrents mais les fournisseurs alternatifs disposeront de conditions équivalentes à celles d'EDF pour les approvisionnements de base. Le groupe français ne devra donc pas, comme il le craignait, brader son électricité.

La valeur dans son secteur

Leader du marché français de l'électricité - Un des leaders européens de l'énergie avec de fortes positions en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie.

Comment suivre la valeur

EDF appartient au secteur des " utilities " (producteurs d'eau, de gaz et d'électricité), qui regroupe des valeurs défensives. Surveiller les diversifications du groupe dans le gaz et les acquisitions dans le nucléaire. Suivre l'application de la stratégie, par le nouveau dirigeant du groupe, Henri Proglio. Sans remettre en cause l'expansion internationale du groupe sur les années précédentes, il considère qu'elle a coûté au groupe une somme non négligeable.

Rémunération des actionnaires

Dernier dividende versé

1,15 euro par action

Taux de distribution des dividendes

54%

Taux de croissance du dividende par action

-10%

Rendement 2009

2,8%

Estimation du prochain dividende par action

1,15 euro en 2010

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Le traditionnel Observatoire européen des marchés de l'énergie, établi fin d'année 2009 par Capgemini et ses partenaires, souligne que les " utilities " sortent fragilisés de la crise économique et financière. Selon l'étude la crise a provoqué une baisse mondiale historique des consommations d'électricité et de gaz, estimées respectivement à 3,5% et 3% pour 2009. Si la baisse de la consommation d'énergie a une conséquence positive, avec une diminution des émissions de Co2, elle a des retombées préoccupantes pour les acteurs. Ces derniers ont mis en place des plans d'économies, qui prévoient notamment un recul de leurs investissements. Or, en 2008, l'Union européenne avait estimé que 1.600 milliards d'euros d'investissements étaient nécessaires pour rénover et accroître la capacité de production des réseaux d'électricité et de gaz de l'Union Européenne jusqu'en 2030. S'ils ne sont pas réalisés, cela ne fera qu'accroître la dépendance énergétique de l'Europe. L'Observatoire souligne la nécessité pour les utilities de revoir leur modèle économique, pour qu'ils maîtrisent davantage leur consommation d'énergie et réduisent ainsi leur dépendance.