L'Amérique, un convalescent menacé de rechute

02/07/2010 - 18:23 - Sicavonline
L'Amérique, un convalescent menacé de rechute

Par quelque bout que soit pris le problème, les Etats-Unis, bien qu'ayant affiché une croissance de 2,7 % au 1er trimestre, ne sont pas tirés d'affaire. L'Etat fédéral s'est pourtant employé à soutenir l'activité sans compter, mais, à mesure que lui sont retirées les béquilles sur lesquelles elle s'est appuyée à l'envi ces derniers mois, l'économie américaine se retrouve de nouveau avec les jambes en coton.

La forte progression des chiffres américains de l'emploi en mai (+433.000 poste créés) n'aura été qu'une illusion. Les importants recrutements temporaires auxquels le secteur public a procédé afin de disposer des effectifs suffisants à l'accomplissement du recensement décennal ont momentanément faussé la perspective sur le marché du travail et cet effet d'optique se dissipe aujourd'hui cruellement.

125.000 emplois détruits en juin aux US

En juin, l'économie américaine a détruit 125.000 postes, l'administration fédérale s'étant séparée de 225.000 intérimaires en charge du recensement. Paradoxalement, le taux de chômage est redescendu à 9,5 %, mais cette décrue tient principalement au découragement d'un certain nombre de demandeurs d'emploi qui, devant le désert de l'offre, ont préféré se retirer du marché du travail. Ils sont ainsi 672.00 à avoir baissé les bras en juin ! 14,6 millions de personnes demeurent néanmoins à la recherche d'un emploi. En incluant, celles ayant mis un terme à leur recherche de travail et celles qui disent travailler à temps partiel faute de dénicher un plein temps, le taux de « sous-emploi » s'élève à 16,5 %.

Les USA frappés par le chômage de longue durée

L'économie américaine se retrouve donc pour la première fois depuis la crise de 1929 confrontée au chômage de longue durée. « Lors du premier choc pétrolier, constate Hugues Rialan, le directeur de la gestion financière de Banque Robeco, le chômage est monté plus haut qu'aujourd'hui, mais une fois son pic atteint, il est redescendu très vite. Cette fois, depuis que le sommet a été touché (NDLR : le taux de chômage a culminé aux Etats-Unis à 10,1 % en octobre 2009, du jamais vu en 26 ans), on ne relève pas d'inflexion. Le taux chômage s'est installé sur un plateau, aux alentours de 9,5 %. » Une situation dont, il vrai, les Européens, grâce à un système de protection sociale plus développé, ont su et pu, bon gré mal gré, s'accommoder. Reste que le pacte social n'est pas le même des deux côtés de l'Atlantique. « Aux Etats-Unis, précise Hugues Rialan, le contrat social postulait que si vous acceptiez la mobilité géographique, vous pouviez retrouver un emploi. Ce n'est plus le cas depuis que cette crise sans précédent a éclaté, et évidemment ce n'est pas bon. »

Des secteurs d'activité dépendants des aides publiques

Cette situation inédite sur le marché du travail américain ne reflète qu'une partie de l'ampleur des dommages occasionnés par la crise financière. L'apurement du marché immobilier, que d'aucuns imaginaient parvenir à son terme, se poursuit dans des proportions qui témoignent de la gravité persistante du mal : les promesses de ventes de logements ont ainsi chuté de 30 % en juin suite à l'arrêt du crédit d'impôt pour l'achat de logements, de même que l'arrêt des primes à la casse avait entraîné un nouvel affaissement de la demande d'automobiles. Motiver la consommation par des incitations fiscales n'a qu'un temps, surtout dans un pays où les déficits publics sont gargantuesques. Et le consommateur américain en est le premier conscient. Il n'est pas fortuit que son moral ait chuté lourdement en juin. D'après le Conference Board, l'indice de confiance des ménages a dévissé à 52,9 points contre 62,7 points le mois dernier. La composante emploi de l'indice s'est dégradée, et comme le notent les économistes de BNP Paribas, les intentions d'achat à six mois de logements, de véhicules et de biens d'équipement sont à des niveaux plus faibles que les mois précédents, quand ils ne sont pas à des niveaux historiquement bas. Dans le même temps, le mouvement de re-stockage qui avait soutenu le redressement de l'industrie touche à sa fin, et l'indice ISM des directeurs d'achat du secteur manufacturier s'est, lui aussi, replié plus que prévu à 56,2 points en juin. Loin d'être sortie de la crise, l'Amérique ressemble plus que jamais à un convalescent que la rechute menace.

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