TOTAL parvient enfin à racheter le canadien UTS

07/07/2010 - 16:18 - Option Finance

(AOF) - Après l'OPA ratée d'avril 2009 à 1,75 dollar canadien par action, les investisseurs pouvaient penser que Total avait abandonné son projet de rachat du petit groupe canadien UTS, spécialisé dans les sables bitumineux. Que nenni. à défaut de s'attaquer au géant fragilisé BP, la compagnie pétrolière française a annoncé ce midi l'acquisition d'UTS pour 1,5 milliard de dollars canadiens (1,12 milliard d'euros) en cash. Total va verser aux actionnaires d'UTS 3,08 dollars canadiens par action ainsi qu'une participation dans une nouvelle entitée de développement et d'exploration issue du rachat baptisée SilverBirch Energy. Les actifs de cette nouvelle société comprennent une participation dans deux projets : Frontier et Equinox. L'offre en cash correspond pour les actionnaires d'UTS à une prime de 46% par rapport au cours de clôture du 6 juillet de 2,11 dollars canadiens. Le conseil d'administration d'UTS recommande de façon unanime cet accord. Avec cette opération, Total renforce sa position dans les prometteurs sables bitumineux. Le principal actif d'UTS étant une participation de 20% dans le projet de sables bitumineux Fort Hills, situé en Athabasca, dans la province canadienne de l'Alberta. La dernière estimation des ressources du projet Fort Hills est d'environ 3,4 milliards de barils de bitume qui seront exploités par extraction minière à ciel ouvert à partir de 2015-2016. (P-J.L)

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

Au 31.12.2009 : 131.327 millions d'euros (-27%) Au 31.12.2008 : 179.976 millions d'euros (+13.4%)

Résultats

Au 31.12.2009 : Résultat opérationnel ajusté : 7.607 millions d'euros (-46%) ; Résultat net consolidé part du groupe : 8.447 millions (-20%) Au 31.12.2008 Résultat opérationnel net ajusté : 13.961 millions d'euros (+14.1%) ; Résultat net part du groupe 10.590 millions d'euros (+14%)

Prévisions

L'environnement de la pétrochimie et du raffinage reste difficile. En se désengageant d'actifs non stratégiques, l'objectif d'un ratio d'endettement compris entre 25% et 03% est maintenu. Total est confiant dans sa capacité à maintenir sa politique de dividende.

Stratégie

Dans l'Aval et la Chimie, ce sont les zones de croissance qui seront privilégiées, en particulier au Moyen-Orient. Dans le raffinage, métier jugé trop peu rentable en Europe sur le long terme, après la fermeture de Dunkerque, Total, veut abaisser ses capacités de production de 500.000 barils par jour sur la période 2007-2011. En 2009, le groupe a déjà supprimé 500 postes en France dans le raffinage et la pétrochimie. Pour 2010 les investissements vont être stables par rapport à 2009, pour atteindre 18 milliards de dollars. Ils seront consacrés pour la majeure partie (80%) aux activités en Amont, à travers la mise en service de nouveaux gisements (cinq grands projets vont être lancés) et l'exploration.

Evènements financiers

Total se désengage de ses activités non stratégiques et finalise la cession de sa filiale Mapa-Spontex (spécialisée dans les produits ménagers et la puériculture) à l'américain Jarden. Il considère que les synergies entre Mapa-Spontex et le reste du groupe sont inexistantes. Le groupe compte sur ses efforts dans l'exploration et sur les partenariats pour mettre en production des gisements de pétrole et de gaz déjà découverts. Cinq grands projets détermineront la production en 2015-2020 : les sables bitumineux de la deuxième phase de Surmont (Canada), le pétrole offshore nigérian de Ofon 2 et Egina, le brut angolais de Clov, et le gaz de Laggan (Ecosse). Total et également détenteur de 25% de la société qui exploitera le champ géant de Shtokman, dans les eaux russes de la mer de Barents. Après des études approfondies, il pourrait décider début 2011, d'y investir plusieurs milliards d'euros pour une mise en production en 2016.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- En amont, au quatrième trimestre 2009, la production de Total a continué à légèrement progresser (de 1%) par rapport au second trimestre 2009. Cette évolution positive résulte de la mise en production de cinq projets majeurs au Nigéria, dans le Golfe du Mexique, en Angola, au Qatar et au Yémen. - L'agence de notation Fitch Ratings a confirmé les notes du groupe au motif qu'il devrait confirmer sa forte position dans l'industrie pétrolière avec la finalisation d'importants projets qui entreront en production en 2009 et 2010. - Le groupe bénéficie d'une bonne capacité à renouveler ses réserves et à accroître sa production d'hydrocarbures, grâce à la mise en service de nouveaux gisements. - En dépit d'une dégradation de ses performances l'an passé Total a maintenu son dividende par action à 2.28 euros sur le résultat 2009. L'action offre donc un rendement intéressant de 5%. - Total, moins présent que ses concurrents aux Etats-Unis, résiste mieux à la crise. - Le titre bénéficie du statut de valeur de rendement du fait de la qualité de la génération de ses flux de trésorerie : Total dispose en effet de suffisamment de liquidités pour choyer ses actionnaires. - Sa structure financière demeure solide avec un ratio d'endettement de 27% à fin décembre 2009. Il peut donc mener des acquisitions et renouveler ses réserves.

Faiblesses

- Un an après avoir dégagé les profits les plus importants de son histoire, Total subit les effets de la crise en affichant un résultat net en baisse de 20% en 2009. Le groupe a été pénalisé par la baisse du prix moyen du pétrole, du gaz et des marges de raffinage sur l'ensemble de l'année. - La situation dans le raffinage s'est détériorée : avec la baisse de la demande, les marges se sont effondrées en Europe et le résultat opérationnel ajusté de la branche aval a reculé de plus de 70%. - L'image de l'entreprise auprès du grand public, déjà dégradée dans le passé, avait été écornée par les accidents de salariés. La fréquence des accidents de travail des employés et sous-traitants de Total est bien supérieure à celle de ses concurrents. Cette image va être encore dégradée par la mise en examen de Total dans le cadre de l'affaire " pétrole contre nourriture ". Ce programme humanitaire a été mis en place en 1997 par l'ONU pour éviter au peuple irakien de trop souffrir de l'embargo international consécutif à l'invasion du Koweït. Total est accusé d'avoir versé des commissions occultes, qui lui auraient permis de contourner les règles strictes du programme de l'ONU.

La valeur et son secteur

Principales activités

Secteur amont de la chaîne pétrolière (exploration, développement, production d'hydrocarbures, de gaz naturel et de GNL) : 77% du chiffre d'affaires Aval (raffinage, marketing des produits pétroliers, vente et transport maritime) : 12% du CA Chimie (de base et de spécialités) : 11%

Le secteur

La crise structurelle du raffinage a été amplifiée par la récession actuelle. Les surcapacités en Europe et aux Etats-Unis entraînent un repli de la demande de produits pétroliers. Les pétroliers occidentaux, confrontés à ce problème, choisissent tous de se désengager de cette activité. Total a confirmé que son plan de réduction de ses capacités de raffinage dans le monde serait poursuivi. Shell négocie la cession de trois raffineries européennes à l'indien Essar. Il pourrait vendre jusqu'à 15% de ses activités mondiales de raffinage. Le pétrolier américain Chevron va supprimer 2.000 emplois dans ses activités aval. Il va mettre en vente sa raffinerie de Pembroke, au pays de Galles, qui dispose d'une capacité de production de 210.000 barils par jour, soit plus de 10% de ses capacités de raffinage britanniques. Selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip), entre 10% et 15% des sites doivent être fermés pour rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande.

La valeur dans son secteur

Cinquième groupe pétrolier intégré international.

Comment suivre la valeur

- L'évolution du cours du titre est très liée aux cours du baril de pétrole. -Le cours du dollar par rapport à l'euro est également à suivre car l'augmentation de l'euro par rapport au dollar ampute le résultat opérationnel. - Les tensions géopolitiques sont à surveiller car elles peuvent perturber la production ou les réserves stratégiques de Total. - Enfin, les acquisitions du groupe dans le pétrole non conventionnel sont à suivre.

Rémunération des actionnaires

Dernier dividende versé

2,28 euros par action

Taux de distribution des dividendes

66% (sur la base du résultat net ajusté)

Taux de croissance du dividende par action

Stable

Rendement

5%

Estimation du prochain dividende par action

2,34 euros en 2010

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Pétrole et parapétrolier

Le poids de la Chine sur la scène énergétique mondiale ne cesse de croître. Ainsi l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que ce pays va assurer à lui seul près de 40% de la croissance de la demande de pétrole cette année. La Chine représente actuellement environ 10% de la consommation mondiale de pétrole, contre près de 20% pour les Etats-Unis. Sa consommation va s'accroître de 7,6%, pour atteindre un volume de 9,2 millions de barils par jour. En revanche la consommation des pays de l'OCDE va demeurer quasiment stable (- 0,1%), en l'absence de vraie reprise économique. L'AIE prévoit que la demande mondiale de pétrole devrait progresser en moyenne de 1,4% par an, soit 1,2 million de barils par jour, jusqu'en 2015, pour atteindre 92 millions de barils par jour. Quant aux prix, ils devraient légèrement augmenter, le prix du baril passant de 76 dollars cette année à 85 dollars en 2015. L'AIE observe une sensible dichotomie dans les domaines du pétrole ou du gaz, entre les pays de l'OCDE et les pays émergents. Ces derniers se caractérisent par une forte croissance en Chine, en Inde et au Moyen-Orient contre une demande faible ou stable, notamment en Europe.