Crédit Agricole : pas trop fondé de lier risques souverain et bancaire

12/07/2010 - 17:37 - Option Finance

(AOF / Funds) - Le gestionnaire observe que les marchés sont en train d'imposer à l'Europe une cure d'austérité fiscale bien plus tôt que l'on ne l'attendait. Mais cela ne signifie pas pour autant que les autres contraintes ont disparu : les Banques centrales devraient normaliser leurs politiques monétaires dès que les conditions le permettront. "On a du mal à voir comment on pourra atteindre ces trois objectifs à la fois et on craint que les marchés ne s'extirpent que difficilement de ce nouveau triangle des Bermudes. D'autant plus qu'il pourrait bien se déplacer vers les autres économies avancées." La crise de la dette européenne montre que la gestion de la politique budgétaire se révèle plus délicate que prévu : "comment décider, quand arrêter les stimuli et revenir à la discipline fiscale ?" s'interrogent les économistes de CA. "Les supprimer trop tôt pourrait saborder la reprise et augmenter le risque d'une nouvelle récession ; les laisser en place trop longtemps peut exacerber les peurs des investisseurs et se traduire par un atterrissage en catastrophe de cette reprise tout juste débutante (...) L'ampleur de l'épargne des ménages et la capacité à attirer les capitaux étrangers pourraient être des facteurs déterminants du choix des responsables de la politique économique" ajoute-t-il. La crédibilité de la BCE a semblé être remise en cause par sa décision de procéder à des rachats de dette souveraine sur le marché secondaire, interprétée comme un aveu de collusion avec les politiques des gouvernements européens. "D'un point de vue académique, il est important de faire la distinction entre un environnement de forte inflation et un environnement d'inflation très limitée. Face à une inflation élevée, souvent corrélée à une monétarisation excessive de la dette souveraine, l'indépendance de la Banque centrale doit être absolue. Mais, face à une inflation faible associée à une croissance modeste et à une politique de grande rigueur budgétaire rendue nécessaire par l'ampleur des déficits accumulés, une plus grande coopération entre gouvernements et Banque centrale est tout à fait compréhensible." "Le lien entre crise de la dette souveraine et crise du secteur bancaire est historiquement avéré. Toutefois, le plan de secours mis en place par l'Union européenne avec le soutien du FMI modifie la nature de ce lien. De fait, ce plan est conçu pour éviter, pendant une certaine période (deux ans dans le cas de la Grèce), l'émergence d'un risque de liquidité pour le Trésor. La marge de manoeuvre ainsi dégagée peut alors être utilisée pour réduire le risque de solvabilité via des programmes d'assainissement crédibles des comptes publics. Ce plan permet donc d'écarter tout risque de transmission du risque souverain vers le secteur bancaire, du moins pour un certain temps : en fait, il s'agit d'une sorte de mutualisation du risque entre souverains, des plus faibles vers les plus forts. Sachant cela, il n'est sans doute pas complètement fondé aujourd'hui de trop lier risque souverain et risque bancaire."