Analyse / Cet été, une allocation d'actifs prudente s'impose

19/07/2010 - 10:48 - Option Finance

(AOF / Funds) - La période estivale correspond traditionnellement à une baisse d'activité sur les marchés, qui se traduit par une progression de la volatilité, du fait de l'absence de nombreux acteurs majeurs. Ainsi, l'allocation tactique des portefeuilles entre les actions et les taux d'intérêt doit tenir compte non seulement des traditionnels éléments fondamentaux, mais également du comportement plus heurté des marchés en réaction à des nouvelles inattendues. L'analyse fondamentale des actions confirme leur caractère bon marché et donc attractif. En effet, leur PER est revenu à la moyenne de long terme. Par ailleurs, le ratio de distribution de dividende excède, dans la plupart des cas, les rendements à 10 ans des obligations d'État ou d'entreprise. De surcroît, durant la crise, les sociétés non financières sont remarquablement parvenues à maintenir leurs marges. En revanche, les données macroéconomiques incitent à la prudence, car elles commencent à refléter un ralentissement de la croissance mondiale. La Chine met en place des mesures visant à juguler la spéculation immobilière dans les grandes villes, qui vont affecter le dynamisme du commerce international. Aux États-Unis, le rebond économique s'essouffle avec la fin des mesures de stimulation et du restockage. L'Europe, de son côté, adopte des mesures de restrictions budgétaires propres à réduire durablement une croissance potentielle déjà classée parmi les plus faibles des pays développés. C'est pourquoi, le marché se prépare à l'éventualité d'un "double dip". Aussi, les banques centrales, loin d'un resserrement monétaire, se préoccupent de la situation et examinent si de nouvelles mesures de soutien seraient opportunes, au cas où les perspectives devaient empirer. Ceci est de nature à générer de la volatilité sur les marchés d'actions, déclencheur de mouvements de baisse violents dans des volumes réduits. Dans ces conditions, les obligations vont sans aucun doute conserver leur statut d'actif refuge. Certes, le bas niveau des taux d'intérêt limite leur attractivité, mais la baisse tendancielle de l'inflation constitue une protection efficace contre tout krach obligataire. Les obligations d'entreprise restent intéressantes par rapport aux emprunts d'Etat, car leur supplément de rendement s'est accru en moyenne de 50 points de base ces derniers mois, sous l'influence de la montée du risque souverain. Elles ne doivent donc pas être sous-pondérées dans les portefeuilles. Il est indéniable que l'élan conjoncturel post-crise s'essouffle, alors que les facteurs de croissance autonome n'ont pas encore pris le relais des stimulations monétaires et budgétaires. Ainsi, l'entrée dans cette période incertaine de transition, au milieu de l'été, justifie pleinement la mise en place d'un profil prudent de sous-pondération des actions au bénéfice des obligations. Thierry Million, directeur de la gestion obligataire, AllianzGI Investments Europe