Baisse de l'aversion au risque au T4, baisse du yen et de l'euro à attendre

19/07/2010 - 12:24 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les perspectives du dollar restent différentes en fonction de la devise et de l'horizon considérés. La persistance de l'aversion au risque soutiendra le dollar et le yen face aux devises des pays exportateurs de matières premières dans les mois qui viennent, les devises européennes se situant à mi-chemin. La dynamique du marché des changes devrait toutefois évoluer à partir du quatrième trimestre 2010" estime Daragh Maher de Crédit Agricole dans les perspectives macro trimestrielles. "L'appétit pour le risque a réaffirmé son emprise sur le marché des changes comme en témoigne le retour, ces derniers mois, de la corrélation entre les devises et notre mesure de l'aversion au risque aux niveaux constatés au plus fort de la crise financière. Nous attendons une persistance de la nervosité du marché dans les quelques mois à venir, en raison des incertitudes sur la santé des États européens et du secteur bancaire de la zone euro. Ceci a conduit à certains changements de nos prévisions pour le troisième trimestre, en particulier pour les devises des pays exportateurs de matières premières et celles des marchés émergents, pour lesquels nous attendons de nouveaux accès de faiblesse. Sur un horizon de trois mois, le dollar devrait surperformer toutes les autres devises du G10, avec une appréciation notable contre les devises scandinaves" anticipe l'analyste. "Cependant, alors que la période de montée de l'aversion au risque dure plus longtemps que nous ne l'avions envisagé initialement, nous prévoyons toujours qu'elle se terminera au début du quatrième trimestre, avec le retour de la stabilité pour les dettes souveraines et la dissipation des craintes de rechute de la croissance mondiale. Ainsi, l'abandon de la focalisation sur le risque au profit d'une prise en compte des différentiels de croissance, voire de taux d'intérêt, a été retardé, mais pas remis en question." "Le changement de logique du marché des changes se traduira par un changement de la dynamique des devises, notamment à partir du quatrième trimestre 2010. Les points d'inflexion les plus visibles concerneront les devises qui s'apprêtent à souffrir le plus dans le trimestre qui commence, en particulier les devises des pays exportateurs de matières premières, celles des pays scandinaves et celles des marchés émergents. La réévaluation anticipée du dollar australien et du dollar néo-zélandais est particulièrement importante, compte tenu du dynamisme de leur économie, de leur exposition à la croissance asiatique, de leur portage élevé et en hausse et de leur sensibilité au risque" argue Daragh Maher. "L'envers de l'appréciation attendue des devises à risque sera une pression baissière sur les devises de financement (celles dont les taux courts sont les plus bas). De plus, la normalisation économique devrait se traduire par une normalisation des taux d'intérêt et in fine par une baisse du nombre de devises de financement, le yen étant, de ce point de vue, le plus susceptible de s'affaiblir. Nous attendons une baisse assez marquée du yen, mais pas davantage que lors des cycles comparables précédents (...) L'euro devrait également rester sous pression. Nous n'adhérons pas au sensationnalisme de certaines prévisions sur l'euro, car nous ne pensons pas qu'un éclatement de la devise ou que le défaut d'un État souverain aient leur place dans un scénario central. Mais les raisons d'être pessimiste sur la monnaie unique, quoique de manière plus mesurée, ne manquent pas : faiblesse de la croissance, divergence des taux de croissance à l'intérieur de l'union monétaire, manque d'unité politique, possibles troubles sociaux et gonflement des primes de risque en réaction à l'éventualité de scénarios extrêmes." La livre sterling complète le scénario de l'analyste de Crédit Agricole, en se situant dans une situation intermédiaire : "son potentiel de hausse est limité par des craintes sur la croissance économique et la situation budgétaire mais son potentiel de baisse est également limité, par les efforts du gouvernement pour réduire les déficits et par des indicateurs d'activité relativement satisfaisants". Pour le dollar, enfin, les trois prochains mois devraient être assez positifs, mais l'évolution ultérieure sera probablement plus contrastée, la normalisation du risque devrait en effet permettre une plus grande différenciation d'une devise à l'autre. Notre prévision d'une baisse du taux de change effectif du dollar reflète notre vue haussière sur les devises des marchés émergents et d'autres devises à risque.