Si la crise empire, les pays de l'Est seraient les plus vulnérables (CA)

19/07/2010 - 16:54 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La crise européenne ne devrait pas remettre en cause la reprise des marchés émergents, à condition toutefois que la baisse de l'euro soutienne la croissance européenne. Si la crise européenne s'aggravait plus que prévu, les pays d'Europe de l'Est seraient les plus vulnérables parmi les marchés émergents", estiment les analystes de Crédit Agricole dans leur revue macro trimestrielle. "La crise européenne risque-t-elle de remettre en cause la reprise des marchés émergents ? Dans notre scénario de base, nous prévoyons effectivement un léger ralentissement de la croissance des marchés émergents (ME) au cours des trimestres à venir, mais cela n'est pas lié aux évènements européens. En fait, la croissance des ME est susceptible de ralentir pour deux raisons" explique Crédit Agricole. "Premièrement, après le fort rebond observé au cours des trois à quatre derniers trimestres (avec des chiffres de croissance très élevés en glissement annuel grâce à des effets de base), nous entrons dans une période de normalisation. En tendance, la croissance post-crise sera probablement inférieure à ce qu'elle était avant la crise, la demande du G3 étant freinée par des problèmes de bilan en Occident, ce qui limitera la croissance des exportations des marchés émergents." "Deuxièmement, les risques de surchauffe, d'inflation ou de développement de bulles ont déjà incité certains pays émergents importants à entamer un cycle de durcissement monétaire (le Brésil, la Chine et l'Inde, notamment), ce qui pourrait également freiner la croissance." "Cependant, nous estimons que l'impact des difficultés européennes sur les ME sera limité. Tout d'abord, nos prévisions de croissance pour l'Europe n'ont pas été abaissées de manière significative (la croissance des pays du sud de l'Europe devrait être affectée, mais l'Allemagne pourrait profiter de la baisse de l'euro) : l'impact de la crise européenne sur les exportations des ME pourrait donc être assez faible. D'autre part, beaucoup de marchés émergents bénéficient d'une certaine marge de manoeuvre budgétaire et ils l'utiliseront probablement pour soutenir leur croissance en cas de besoin. Enfin, la baisse récente de la plupart des monnaies contre le dollar devrait, dans une certaine mesure, soutenir la compétitivité des exportations des ME." "Toutefois, bien que les perspectives macroéconomiques ne soient pas bouleversées, la volatilité des marchés pourrait rester relativement forte au troisième trimestre. Plusieurs facteurs pourraient entretenir l'incertitude en Europe, provoquant des poussées sporadiques d'aversion au risque sur les marchés mondiaux, dont les ME, dans les trimestres à venir. Les craintes de restriction du crédit par les banques, sur fond de dégradation du risque souverain et du risque bancaire, pourraient maintenir certaines devises émergentes sous pression dans les prochains mois", mettent en garde les analystes. "Ce contexte complique l'exercice de prévision des taux de change pour les ME, compte tenu de la difficulté à prévoir les périodes de regain de l'appétit pour le risque. Les premiers signes indiquant un impact positif de la baisse de l'euro sur les exportations européennes (notamment en Allemagne, en France et en Italie) pourraient être décisifs, avec pour effet d'atténuer les craintes de crise systémique et de contribuer à soutenir l'appétit des investisseurs pour les actifs des marchés émergents. Nous prévoyons que la plupart des devises des ME reprendront plus nettement le chemin de la hausse à la fin du troisième trimestre ou au début du quatrième." "Et si la situation européenne se dégradait davantage ?", s'interrogent les analystes. "Dans ce cas, un rebond de l'aversion au risque se traduirait par une faiblesse persistante des devises des ME. Certaines devises seraient toutefois plus affectées que d'autres. Sans surprise, les marchés de l'Europe de l'Est seraient les plus vulnérables. Ces marchés souffriraient, en effet, de leur intégration commerciale et financière assez forte aux marchés d'Europe de l'Ouest. Le levier des systèmes bancaires est généralement plus élevé en Europe de l'Est que dans les autres ME, avec des ratios crédits/dépôts assez élevés. De plus, ces pays affichent des déficits budgétaires plus importants (en pourcentage du PIB) que la moyenne des autres ME et pourraient avoir des difficultés à abaisser rapidement leur ratio dette/PIB, car leur croissance serait affectée plus sévèrement par la faible croissance en Europe de l'Ouest. Enfin, la part de la dette souveraine libellée en devise étrangère est généralement plus importante en Europe de l'Est que dans les autres ME."