Malgré le rebond de 2009, les gérants doivent encore s'améliorer (BCG)

21/07/2010 - 10:14 - Option Finance

(AOF / Funds) - Malgré le rebond des marchés en 2009, les gestionnaires d'actifs doivent lutter durement pour réussir dans l'ère de l'après-crise, d'après le Boston Consulting Group. La transformation du secteur liée aux exigences croissantes des investisseurs, à leurs nouvelles attentes en termes de produits et de prix vont contraindre les gestionnaires d'actifs à s'améliorer selon le nouveau rapport du BCG. Malgré un vif rebond par rapport au pic de la récession, qui a permis aux actifs gérés de croître de 12% en 2009, les gestionnaires d'actifs mondiaux font face à des obstacles importants dans leur quête d'un retour des taux de croissance et de rentabilité d'avant crise. Sur la base d'une étude comparative menée par le BCG auprès des principaux acteurs en début d'année, le 8ème rapport annuel du BCG Global Asset Management 2010 (In Search of Stable Growth) analyse de manière approfondie et détaillée le marché mondial de la gestion d'actifs. En 2009, la valeur des actifs gérés par des professionnels a crû de 12% et atteint 52 600 milliards de dollars, faisant suite à la baisse de 17% connue en 2008. En moyenne, les encours sous gestion ont augmenté de 11% en Amérique du Nord, de 12% en Europe, de 7% au Japon et en Australie, et de 25% dans le reste de l'Asie. En Amérique Latine, la croissance enregistrée est de 22%. Globalement, la raison de cette croissance est due au rebond des marchés d'actions, avec seulement 1% environ de collecte nette, assure le cabinet. Si la valeur des encours sous gestion dans le monde a augmenté entre fin 2008 et fin 2009, les actifs sous gestion moyens et la rentabilité des gestionnaires d'actifs ont quant à eux baissé pour la deuxième année consécutive avec une chute de 4% pour les actifs sous gestion moyens et de 11% pour les revenus nets. Malgré une réduction de leurs coûts globaux de 7%, les gestionnaires d'actifs ont enregistré un recul de leurs marges opérationnelles de 19% en 2009. "Avec une proportion plus large de produits à faible marge, la pression sur les prix et les augmentations des coûts structurels, il est peu probable que l'on revienne aux niveaux de rentabilité historiques d'avant la crise", déclare Philippe Morel, directeur associé senior au BCG et responsable du centre d'expertise gestion d'actifs en France. "Cependant, en 2010 on devrait voir des niveaux d'encours moyens plus élevés et un mix produits plus favorable", ajoute-t-il. D'après les acteurs interrogés, les marges opérationnelles moyennes pourraient rebondir jusqu'à environ 35% des revenus nets par rapport à environ 31% en 2009, 34% en 2008 et 40% au pic historique de 2006. Toutefois, la transformation du secteur de la gestion d'actifs se reflète dans les tendances suivantes : primo, les écarts de performance augmentent. Les différences de collecte, revenus et bénéfices entre les gestionnaires d'actifs se sont accrues en 2009. Bien que deux tiers des acteurs soient parvenus à réduire leurs coûts, moins de 20% ont augmenté leur rentabilité. Ceux qui ont réussi sont les acteurs qui ont augmenté leurs revenus tout en préservant leurs niveaux de prix, ceci grâce à leur expertise reconnue de certains produits leur permettant ainsi de fortes collectes. Les 20% d'acteurs ayant recueilli le plus de nouveaux actifs ont attiré 88% des ventes nettes en 2009 alors qu'ils ne représentaient que 23% d'actifs sous gestion. En parallèle, 37% des gestionnaires d'actifs enregistraient des sorties d'actifs. Secundo, les investisseurs sont de plus en plus exigeants. La sophistication des investisseurs et, par conséquent, les exigences qu'ils imposent à leurs gestionnaires d'actifs continuent d'augmenter. Ce qui impose une amélioration de leur gestion des risques, de leur transparence et de leur niveau de service en général. Tercio, les gestionnaires doivent travailler avec des produits en transition. La crise a eu un impact indiscutable sur les produits, même si la poussière est encore en train de retomber. Il est clair que les actifs gérés passivement progressent de façon plus dynamique que ceux gérés activement. Pour autant, la gestion active continuera à dominer le marché pour de nombreuses années encore. Les produits alternatifs ont subi de nombreuses restructurations depuis 2008 mais recommencent à croître depuis le début de 2010. Il semble que l'on revienne au schéma historique dans lequel les produits actifs traditionnels perdront progressivement des parts de marché au profit des produits passifs d'une part et des offres alternatives d'autre part. Enfin, dernier point : les marchés émergents sont toujours plus attractifs. Au cours des années à venir, la part des marchés émergents dans les actifs sous gestion et les revenus mondiaux devrait rester relativement stable, malgré une croissance forte, du fait de leur faible poids actuel. Ils devraient toutefois représenter plus de 25% de la collecte nette mondiale entre 2010 et 2014. Pour les gestionnaires d'actifs, la question se pose de savoir s'ils peuvent se permettre de ne pas être présents à long terme sur des marchés comme l'Inde et la Chine. Pour le BCG, il est essentiel que les gestionnaires d'actifs renforcent leurs business models en faisant des choix plus radicaux en matière de produits, de marchés cibles et de distribution. Ils doivent se concentrer également sur ce qu'ils font de mieux, compte tenu de leurs forces et faiblesses spécifiques. Le contrôle des coûts reste également une question critique, vu l'incertitude actuelle du marché, les possibilités de croissance sont multiples pour les établissements capables d'élaborer des stratégies créatives et de repenser leurs modèles économiques. Pour se faire, l'expansion internationale, les nouveaux partenariats et l'amélioration des offres via les fusions-acquisitions peuvent aussi être envisagées. "Que nous parlions des marchés asiatiques à forte croissance, par exemple, ou des marchés liés au paiement des retraites dans les économies matures, les possibilités sont encore nombreuses pour les gestionnaires d'actifs. Le marché de la gestion d'actifs est loin d'être un marché consolidé", conclut Philippe Morel. "Malgré la forte incertitude ambiante, une croissance stable est accessible".