Aux Etats-Unis, le Congrès gagné par l'austérité (Axa IM)

22/07/2010 - 17:30 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les élections de mi-mandat devraient confirmer la conversion à l'austérité du pouvoir législatif américain, dans un contexte de reprise économique hésitante. L'inflexion prévisible de la politique budgétaire concentrera la charge du soutien conjoncturel sur les épaules de Ben Bernanke. Au-delà de l'assouplissement rhétorique déjà entamé en juin, une réactivation des grands programmes d'assouplissement quantitatif est donc possible dans les mois à venir (achat de Treasuries, dette des agences hypothécaires, RMBS, voire CMBS)", anticipe Axa IM. "Les élus démocrates ont vu leurs projets de mini-stimulus retoqués les uns après les autres par un Sénat où la fronde républicaine contre les déficits gagne en puissance. Si la majorité démocrate ne parvient pas à faire passer le renouvellement de plusieurs mesures budgétaires arrivant à échéance fin 2010, l'orientation de la politique fiscale pourrait s'inverser pour devenir restrictive dès le début 2011. Sombre perspective dans un climat de doutes croissants sur la pérennité de la reprise en cours", ajoute le gestionnaire. "Les données conjoncturelles récentes témoignent de la sensibilité du cycle actuel aux mesures de stimulation budgétaire. Par exemple, ajoute-t-il, la fin du crédit d'impôt réservé aux primo-accédants a provoqué une rechute spectaculaire de l'activité de construction et du marché immobilier à partir du mois de mai (chute de 30% des ventes de logements en mai, baisse de 10% des permis de construire au 2T10)." "L'ajustement des Etats est donc un des enjeux majeurs de la politique budgétaire américaine. Les Etats les plus en difficulté, comme la Californie (déficit 2011 de 19 milliards de dollars) ou l'Illinois (13 milliards de dollars), tentent d'échapper à une austérité contre-productive en recourant aux marchés internationaux de capitaux pour placer leurs obligations, grâce au programme fédéral Build America Bonds, qui subventionne le taux d'intérêt payé", précise le gestionnaire. "Au total, l'année 2011 verra un resserrement marqué de la politique budgétaire. La fin du programme de relance d'Obama, l'American Recovery and Reinvestment Act, en sera la première cause. Selon nos estimations, si les allocations chômage et les baisses d'impôts pour la classe moyenne sont renouvelées, le resserrement budgétaire sera de l'ordre de 1,2% du PIB en 2011 (dont 0,8% dû à l'ajustement des Etats), avec des effets récessifs dès le 1T. Si seules les allocations chômage sont prolongées, alors l'impact budgétaire récessif sera de l'ordre de 2,1% du PIB. Compte tenu des effets multiplicateurs, ce vent contraire constituerait une menace sérieuse pour la reprise économique. En effet, les données disponibles à ce jour suggèrent que le rythme de croissance a déjà ralenti à 2%(T) au 2T10, malgré un effet du plan Obama à son apogée. La direction politique que prend le Congrès suggère donc une grande prudence en termes d'évolution du policy mix américain. Si le nouvel équilibre politique issu des élections de novembre confirme la tendance anti-keynésienne du Sénat, alors il incombera à la politique monétaire de jouer un rôle expansionniste accru-", conclut Axa IM.