EDF : résultats semestriels et cession des réseaux britanniques

30/07/2010 - 08:50 - Option Finance

(AOF) - EDF a réalisé au premier semestre un résultat net part du groupe de 1,7 milliard d'euros contre 3,1 milliards d'euros au 1er semestre 2009. L'Ebitda du groupe s'élève à 10,4 milliards d'euros, soit une croissance de 4,4%. La croissance organique de l'Ebitda du groupe est de +1,1%, et de +3,8% hors effet de la prolongation du TaRTAM (Loi du 7 juin 2010). Le chiffre d'affaires a atteint 37,5 milliards d'euros, en croissance de 7,7% grâce principalement aux acquisitions de SPE et CENG. La croissance organique est de 2,1%. Le consensus Thomson Reuters était de 9,862 milliards d'euros pour l'Ebitda et de 35,8 milliards pour le chiffre d'affaires. EDF indique également avoir reçu une offre irrévocable de 6,9 milliards d'euros (5,8 milliards de livres), dette comprise, de Cheung Kong Group et lui a accordé une exclusivité concernant ses réseaux de distribution d'électricité britanniques. Le groupe a confirmé ses objectifs financiers pour 2010 d'une croissance organique de l'EBITDA comprise entre 3 et 5%, d'un ratio endettement financier net / EBITDA compris entre 2,5 et 3 et d'une stabilité du dividende.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Les points forts de la valeur

- EDF est le leader du marché français de l'électricité et l'un des leaders européens de l'énergie avec de fortes positions en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie. - Le groupe présente un beau potentiel de développement car les besoins énergétiques futurs sont énormes : d'ici une dizaine d'année, un milliard de personnes devraient accéder à l'électricité dans le monde. - Même si depuis 2007 le marché français est ouvert à la concurrence, le leadership d'EDF n'est, pour le moment, pas menacé du fait de prix de revient très compétitifs grâce à ses réacteurs nucléaires. - L'électricien devrait obtenir un délai supplémentaire de cinq ans pour constituer la soulte destinée au démantèlement des centrales nucléaires (près de 17 milliards d'euros au total). L'échéance serait reportée à juin 2016. Cette décision va permettre au groupe de se consacrer à ses projets de développement et à son désendettement. - En mettant la main sur British Energy, EDF devient le principal acteur de la relance du nucléaire en Grande-Bretagne. Cela répond à sa volonté de devenir le premier acteur mondial dans ce domaine. - EDF est considéré, grâce à ses filiales Edison, EnBW et EDF Energy, comme un véhicule pour jouer la convergence du marché européen de l'électricité.

Les points faibles de la valeur

- En 2009, les activités françaises d'EDF ont affronté une année extrêmement difficile, avec de nombreux arrêts de centrales nucléaires dus à des mouvements sociaux ou à des incidents. - Le groupe a acheté la paix sociale en accordant une augmentation de plus de 4% des salaires, qui devrait s'élargir aux 35.000 salariés de la filiale de distribution ERDF, ce qui va peser sur ses coûts. - La croissance externe a provoqué une forte croissance de l'endettement net, qui est passé entre 2008 et 2009 de 24,5 milliards à 42,5 milliards d'euros. - Le recul du prix du pétrole pourrait limiter l'avantage du nucléaire, au coeur du développement du groupe. - La visibilité sur la nouvelle organisation du marché de l'électricité (Nome), a priori moins contraignante que prévu pour EDF, est encore faible. La visibilité est notamment troublée par des positions politiques qui peuvent laisser entendre que les tarifs d'EDF n'augmenteront pas. - L'intervention de l'Etat, qui détient près de 85% du capital, brouille également la visibilité.

Comment suivre la valeur

- EDF appartient au secteur des " utilities " (producteurs d'eau, de gaz et d'électricité), qui regroupe des valeurs défensives. - L'un des grands chantiers de l'année réside dans l'amélioration du taux de disponibilité des centrales nucléaires, tombé au plus bas en 2009 (78%). Or, toute progression du point de ce taux se traduit par un excédent brut d'exploitation additionnel d'environ 200 millions d'euros. - Les autres catalyseurs du titres sont (i) le plan d'amélioration de l'efficacité opérationnelle, (ii) l'intégration des acquisitions récentes, et (iii) la remobilisation des équipes. - Suivre l'évolution réglementaire en Europe, avec la taxation de la production nucléaire en Allemagne, l'abandon de la hausse des tarifs d'électricité en Espagne, et la loi NOME en France. - Areva et EDF sont historiquement imbriquées. Areva est le premier fournisseur d'EDF et EDF son premier client. Mais leur relation n'est plus exclusive et les deux groupes sont en désaccord sur deux contrats. L'une des brouilles, dans le traitement du combustible usé, a été résolue. L'autre, l'enrichissement d'uranium, est encore en discussion. - Le marché attend de connaître les conclusions du rapport que la mission de réflexion sur l'organisation de la filière nucléaire a remis au printemps à Nicolas Sarkozy.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Le projet de loi " Nome " ("nouvelle organisation du marché de l'électricité") a été adopté le 15 juin 2010 par l'Assemblée nationale. Il soulève une forte résistance d'EDF, qui doit céder 20% de sa production à la concurrence. L'objectif est d'assurer le nouvel équilibre du système électrique français, principalement au bénéfice des concurrents d'EDF. Ces derniers devraient pouvoir revendre de l'électricité en France sans perdre de l'argent. Ce n'est actuellement pas le cas pour Poweo et Direct Energie par exemple. Ils ne peuvent pas, pour le moment, produire ou acheter de l'électricité à un prix inférieur au tarif réglementé appliqué aux particuliers. Ces opérateurs promettent en échange de proposer des services innovants, permettant notamment de maîtriser la consommation d'électricité. Le président d'EDF, Henri Proglio, prévient, lui, que la cession d'une partie de sa production à la concurrence ne se fera pas en dessous de son coût de revient, soit entre 42 et 45 euros par mégawattheure (MWh). FTB/ACT/