Blé : les sommets de 2008 ne seront pas atteints (BNP-Paribas IP)

12/08/2010 - 12:04 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les fortes pluies au Canada, de mauvaises conditions météorologiques en Europe et la pire sécheresse en plus d'un siècle dans l'ancienne Union soviétique ont conduit à des révisions à la baisse de la récolte de blé pour 2010/11. Alors que la Russie a annoncé une interdiction des exportations de blé, le 5 août dernier, un niveau confortable des stocks mondiaux devrait être en mesure d'apaiser la situation une fois que le marché sera à même de mieux appréhender les dommages causés", juge BNP-Paribas Investment Partners. L'interdiction des exportations russes de céréales, aujourd'hui prévue jusqu'au 31 décembre, pourrait être prolongée, a indiqué lundi le Premier ministre, Vladimir Poutine. Depuis le début de juillet, relève BNP, le contrat CBOT de décembre a augmenté de plus de 75%, ce qui en fait leproduit le plus performant au sein du DJ-UBS CommodityIndex depuis le début de l'année. Jeudi, le blé cotait 701,75 cents le boisseau (environ 25 kg), après avoir culminé à 785,75 cents le 5 août, à Chicago. La totalité des marchés céréaliers mondiaux sont sous pression. En témoigne le petit marché de l'orge, dont les prix européens ont doublé en six semaines pour culminer récemment à 230 euros la tonne (environ 200 euros mercredi), soit une augmentation de 130% depuis la mi-juin. "Bien que l'impact de ces phénomènes météorologiques extrêmes devra être intégré dans les prévisions une fois l'étendue des dommages évaluée, nous devons garder à l'esprit que les stocks de blé mondiaux sont à un niveau confortable. Le rallye 2006-2008 du blé avait été déclenché par une forte demande (sur sept des huit années précédant la flambée des prix en 2008, la consommation mondiale de blé avait dépassé la production) et la sécheresse en Australie qui avait conduit à une perte de 50% de leur récolte de blé", rappelle le gestionnaire. "Contrairement à 2008, l'USDA a rapporté le mois dernier dans WASDE que les stocks initiaux de blé (par exemple, les stocks qui ont été reportés de la dernière campagne) sont à leur plus haut depuis 2002. Par conséquent, nous ne pensons pas que les sommets de 2008 seront atteints. En fonction de la situation météo en Russie et ailleurs, nous voyons encore un potentiel de hausse à court terme et n'anticipons pas d'arrêt immédiat au rallye actuel. Toutefois, compte tenu de l'offre importante mondiale de blé, nous estimons que le marché est actuellement surabondant et que cela finira par se corriger une fois le dommage pleinement évalué." "Si les prix du blé sont trop élevés, les fermiers de bovins et les porcs remplaceront le blé par le maïs pour freiner les coûts d'alimentation. Par conséquent, le prix du blé est actuellement un soutien important pour le maïs et autres céréales, qui ont augmenté dans le sillage du blé. Les éleveurs de bovins et de porcs seront touchés par la hausse des prix et essayeront certainement de les transmettre aux consommateurs. Puisque les consommateurs sont sensibles à la hausse des prix de la viande de qualité, cela pourrait conduire à réduire la demande et faire pression sur les prix à la baisse", note encore BNP Paribas IP. "En raison d'un marché du blé bien fourni, notre position fondamentale vers le blé était plutôt baissière. Suite aux événements récents, nous avons couvert notre exposition sur le blé. Depuis peu le fait que les participants non-commerciaux au marché aient agressivement réduit leurs shorts et même construit une petite position longue nous a conduit à légèrement surpondérer la marchandise." "Enfin, la situation sur le marché du blé est tout à fait symbolique de la plupart des matières premières agricoles : avec l'augmentation rapide de la demande, la production des derniers 10-15 ans ne dépasse la consommation que de très peu chaque année. Par conséquent, même des problèmes d'approvisionnement mineurs peuvent avoir un impact important sur les prix et illustrer la fragilité de l'agriculture dans le monde entier." AUT/ALO