L'envolée du blé renforce l'intérêt pour les monnaies émergentes (HSBC)

13/08/2010 - 11:10 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les pressions inflationnistes sur les prix alimentaires font la une (...). Dans le même temps, les banques centrales des marchés émergents augmentent déjà leurs taux afin d'intégrer une forte reprise assortie de contraintes rigoureuses sur la capacité de production, creusant ainsi l'écart des différentiels de taux d'intérêts avec le monde développé où la politique monétaire demeure très rigoureuse. Serait-ce donc le bon moment pour investir dans les monnaies des marchés émergents ?" s'interrogent les analystes de HSBC Global AM, répondant oui d'emblée. "La hausse des prix du blé, quasiment à leur niveau le plus élevé depuis deux ans, a démultiplié les profits tandis qu'une vague de chaleur, avec pour corollaire la pire sécheresse des 50 dernières années, menace de brûler sur pied les récoltes en Russie - le troisième producteur mondial l'année dernière. Encore une fois, les ruptures d'approvisionnement consécutives aux aléas climatiques exercent des pressions accrues sur les prix alimentaires, et introduisent un risque inflationniste. Mais il ne s'agit là que d'une explication de la fixation des prix alimentaires", jugent les analystes. "D'autres pressions importantes s'exercent du côté de la demande. La demande mondiale de produits alimentaires a considérablement augmenté. Les économies émergentes connaissent une croissance rapide, et les revenus en hausse se traduisent par une modification des modèles de consommation alimentaire, aggravant ainsi les ruptures d'approvisionnement. La viande est une denrée alimentaire non efficiente. Il faut en effet 7kg de céréales pour produire 1kg de boeuf, de sorte que la demande croissante de viande et d'autres aliments à forte valeur nécessite un accroissement considérable de l'approvisionnement en céréales, infligeant des pressions sur les terres agricoles et l'approvisionnement en eau nécessaire à leur irrigation", note HSBC Global Asset Management. "[-73]· moins que la productivité agricole ou les superficies exploitées n'augmentent, la pression à la hausse exercée sur les prix des céréales ne peut que perdurer. L'équilibre entre des composants aussi volatils qu'essentiels, comme les produits alimentaires et l'énergie, varie considérablement d'un pays à un autre. Leur impact sur l'inflation varie également de façon considérable. Il ne fait néanmoins aucun doute que les inquiétudes liées aux pressions inflationnistes sont plus fortes sur les marchés émergents, en raison des modèles de consommation et de la composition du panier des IPC (indice des prix à la consommations, ndlr), où les produits alimentaires et le combustible occupent une place dominantes." "Les produits alimentaires ne représentent que 10 à 15% du panier des IPC dans les pays développés, alors que ce chiffre atteint plus de 40% en Inde, au Pakistan, aux Philippines et au Vietnam. En Russie, la part des produits alimentaires est légèrement inférieure, tandis qu'en Chine elle représente presque un tiers du panier des IPC. Bien que le riz, et non le blé, soit la principale denrée en Asie, il est fort probable que les prix mondiaux nettement plus élevés du blé entraîneront son remplacement par d'autres céréales, dont le riz, et donc un contrecoup général sur l'ensemble des prix alimentaires. Les produits de base appartenant désormais à une catégorie d'actifs négociables à part entière, les flux d'investissements renforceront cet effet entraînant les prix alimentaires encore plus vers la hausse." "L'inflation croissante a d'importantes conséquences politiques, en particulier, l'inflation des prix alimentaires sur les marchés émergents. Dans le passé, une inflation en hausse, et déjà élevée, a contribué à la chute de gouvernements et été à l'origine du mécontentement populaire dans beaucoup de pays. Cette situation pourrait inciter les banques centrales à mesurer l'inflation principalement en fonction de facteurs excluant les produits alimentaires et les carburants, lors de l'élaboration des politiques monétaires, alors que sur la plupart des marchés les composants volatils (produits alimentaires et énergie) sont ce à quoi le consommateur est le plus sensible. Les politiciens doivent donc y prêter attention." "Pour combattre l'inflation, il est important d'en comprendre la nature. A-t-elle pour seule cause les chocs de l'offre ou est-elle aussi liée à une demande intérieure en hausse qui tend à combler les écarts de production ? Dans un certain nombre d'économies émergentes clé, les écarts de production ont vite diminué, et de nouveau la main d'oeuvre qualifiée manque. Sur les marchés émergents, le pouvoir de fixation des prix par les entreprises a subi des pressions pendant la crise, mais il se redresse, et les marchés de l'emploi se sont affermis. Il est donc probable, dans ce type de cas, que les chocs de l'offre exerçant des pressions à la hausse sur les coûts feront monter l'inflation globale plutôt que de compresser les marges bénéficiaires." "Par conséquent, sur de nombreux marchés émergents (Inde, Brésil, Corée, Malaisie et Israël), les taux d'intérêt intègrent déjà ces pressions inflationnistes. Si cette situation est aggravée par la faiblesse des importations de produits alimentaires, l'appréciation des taux de change apparaîtra de plus en plus comme une contre-mesure attrayante. L'objectif consistant à préserver le caractère compétitif des biens et services marchands limitera la portée de ces mesures. Mais les hausses des prix des produits alimentaires et leurs conséquences politiques potentielles rendront ces mesures plus probables. Les devises émergentes seront alors relativement plus attractives par rapport à celles des pays développés pour lesquelles les opportunités de rendement restent peu nombreuses." AUT/ALO