BNP-IP sous-pondère les actions mais surpondère obligations d'entreprises

11/10/2010 - 11:56 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Depuis le début du mois de juillet, les actions développées ont progressé de près de 16%, alors que les rendements obligataires à dix ans aux États-Unis ont reculé de 47pb et ceux en Allemagne de 30pb. Cette disparité pourrait refléter des différences au niveau des perspectives économiques : le marché obligataire semble porter un regard plus pessimiste que les places boursières. Il convient toutefois de ne pas oublier un facteur commun aux deux univers : la politique monétaire", observe BNP IP dans sa note hebdomadaire. "L'assouplissement quantitatif au Japon et aux États-Unis stimulerait, en théorie, l'économie, et donc les actions, mais plomberait également les rendements. Un tel programme produirait-il les résultats escomptés ? Rien n'est moins sûr. Les rendements sont déjà très bas : une nouvelle baisse pourrait ne pas parvenir à donner l'impulsion nécessaire. En d'autres termes, l'optimisme des marchés d'actions pourrait être exagéré", note le gestionnaire. "Nous avons d'autres réserves. Les facteurs négatifs sont nombreux : hausses d'impôt éventuelles, réglementation plus stricte, interventions sur les marchés de change et le marché obligataire toujours sous tension en zone euro. Nous continuons donc de sous-pondérer les actions, position que nous justifions en partie par nos prévisions pour l'économie mondiale. Nous ne nous attendons pas à une hausse significative des rendements prochainement : en conséquence, la déconnexion entre les actions et les obligations pourrait se terminer." "Nous avons allégé notre exposition à la dette émergente libellée en monnaie locale, à présent neutre. Nous sommes neutres sur la dette émergente dans son ensemble. Nous avons pris nos bénéfices après le repli récent des indicateurs de croissance sur certains marchés émergents. Les mesures effectives et envisagées pour endiguer l'appréciation des devises signifient pour nous que les plus-values qui peuvent être réalisées sur les marchés de change ne constituent plus en soi une raison suffisante pour justifier une surpondération." "Nous avons acheté des obligations d'État, allégeant ainsi notre sous-pondération. Nous surpondérons les obligations d'entreprises notées investment grade. Si le programme d'assouplissement quantitatif est mis en oeuvre et tire les rendements vers le bas, nous avons le sentiment que les investisseurs pourraient se détourner des actions et viser un rendement plus élevé sur les obligations d'entreprises." "Les craintes d'un conflit monétaire international susceptible de déclencher une guerre commerciale à l'échelle mondiale se sont multipliées. Le Brésil a annoncé des hausses d'impôt sur les entrées de capitaux afin d'enrayer la montée du réal. Qu'il soit effectif ou envisagé, l'assouplissement quantitatif constitue un autre moyen pour maîtriser une monnaie : il injecte des liquidités et diminue les rendements obligataires. Depuis que la Réserve fédérale américaine a évoqué un nouvel assouplissement quantitatif (QE II), les taux des obligations à deux ans et le billet vert ont baissé." "Le Japon a annoncé de nouvelles mesures en ce sens et a réduit son taux d'intérêt : en vain, le yen a à peine faibli. Les dirigeants américains sont divisés sur la question d'un nouvel assouplissement. Il est clair que l'économie n'atteindra pas les prévisions optimistes établies par la Fed cet été. Même les attentes pessimistes de juillet ne faisaient état que d'un recul progressif du chômage. Une révision à la baisse des prévisions de croissance pourrait déclencher la mise en oeuvre du programme QE II. Compte tenu des dissensions au sein des dirigeants, nous nous attendons à une approche étape par étape." "La BCE ne semble pas disposée à emboîter le pas à la Fed. Cependant, tout relèvement des taux est exclu jusqu'en 2012 probablement. Un tour de vis monétaire en Europe alors que le Japon et les États-Unis auraient opté pour l'assouplissement qualitatif propulserait l'euro à des niveaux record qui compromettrait à coup sûr la reprise de la zone euro tirée par les exportations." "Les indicateurs américains ont réservé quelques agréables surprises la semaine dernière, notamment les dépenses des ménages et l'indice ISM pour le secteur non manufacturier. Nous ne voyons toujours pas le consommateur jouer un rôle prépondérant dans la reprise : le chômage et le logement demeurent des sources d'inquiétudes majeures. De surcroît, la croissance des revenus est toujours faible. L'indice ISM manufacturier est ressorti légèrement en deçà des attentes mais continue de signaler une croissance saine. En revanche, la chute brutale de l'indice des nouvelles commandes est plus préoccupante." "Les informations en provenance de la zone euro ont déçu. Les ventes au détail ont reculé contre toute attente. Le chômage s'est stabilisé à 10,1%. La note positive concerne le taux de chômage au Japon qui a baissé pour le deuxième mois consécutif, alors que le nombre moyen d'offres disponibles par demandeur d'emploi a légèrement augmenté. Concernant le secteur manufacturier, le principal vecteur de croissance, l'indice PMI est passé sous la barre des 50, signalant une baisse de la production pour la première fois depuis juin 2009. Étant donné que le pays reste la proie de la déflation, la banque centrale s'est sans surprise affairée à stimuler l'économie." AUT/ALO