JPMorgan AM conserve surpondération actions mais avertit des risques

11/10/2010 - 12:09 - Option Finance

(AOF / Funds) - Les chiffres américains de l'emploi, publiés vendredi, laissent "penser que la Fed devra reprendre ses achats d'actifs dès la prochaine réunion du FOMC en novembre. La balance repart vers l'avidité", note le bulletin hebdomadaire de JPMorgan Asset Management. Le gestionnaire observe que les thèmes des marchés émergents et du crédit sont actuellement "surjoués". "Nous conservons notre légère surpondération en actions, concentrée sur les marchés à forte croissance, mais il nous semble que les risques sont désormais plus importants", ajoute le gestionnaire. "Le rapport sur l'emploi américain traduit une activité toujours anémique. Hors secteur agricole, les créations d'emplois ont reculé de 95.000 après -54.000 en août, alors que le consensus anticipait un repli de seulement 5.000. L'emploi du secteur privé est resté quasiment inchangé à 64.000, bien qu'il ait diminué au niveau manufacturier. Les salaires horaires sont restés stables par rapport au mois précédent avec un gain de seulement 1,7% sur un an. C'est le taux de chômage qui aura le plus déçu : il reste toujours élevé à 9,6% et se trouve à un niveau supérieur ou égal à 9,5% depuis 14 mois, soit la plus longue période avec un tel niveau de chômage depuis la Grande Dépression. La mesure U6 élargie du taux de chômage l'estime à 17,1%, en tenant compte de ceux qui ont cessé de chercher un emploi et ceux qui travaillent à temps partiel pour des raisons économiques." "En début d'année, nous avions identifié quatre risques susceptibles d'affecter les marchés en 2010 : une rechute en récession de l'économie américaine ou mondiale ; la solvabilité budgétaire de l'Europe ; la capacité de la Chine à gérer le ralentissement de son économie et l'impact de la nouvelle réglementation financière aux Etats-Unis. Les marchés ont fluctué en fonction du niveau d'aversion au risque. Il semble que nous approchons d'un nouveau pic, comme si la peur n'avait plus sa place dans l'esprit des investisseurs, confiants dans l'action salvatrice des banques centrales sur l'avenir de l'économie." "Au vu des dernières déclarations, les banques centrales semblent en effet envisager des mesures d'assouplissement monétaire, ou du moins la suspension des politiques de resserrement. Des apparences trompeuses. Plusieurs facteurs ne sont pas aussi favorables que l'on pourrait le croire. Le fait que les banques centrales soient disposées à assouplir leur politique monétaire montre que l'économie mondiale est loin de se porter si bien. La hausse record des marchés en septembre s'est produite en dépit d'une aversion au risque persistante, si l'on en croit la mesure du Crédit Suisse. De plus, cette hausse a eu lieu dans un contexte de ventes nettes d'actions physiques par les investisseurs." "Cela suggère que les acheteurs de septembre ont accru leur exposition en actions via des futures, ce qui pourrait signifier qu'il s'agit davantage de mouvements tactiques que d'investissements à long terme. Enfin, les marchés ayant déjà intégré la perspective d'un nouvel assouplissement monétaire, ils pourraient être déçus par la prochaine réunion de la Fed en novembre, qui ne pourra guère les surprendre positivement compte tenu de leurs attentes." "Deux thèmes d'investissement sont manifestement surjoués actuellement - les marchés émergents et le crédit. Cela n'en fait pas de mauvais investissements. Cependant, l'on peut s'inquiéter lorsque l'on se voit proposer un thème gagnant quelque soit la saison, c'est-à-dire indépendamment de la configuration de marché. Ainsi, apparemment, le crédit et les marchés émergents surperformeraient avec ou sans l'annonce d'un assouplissement monétaire quantitatif significatif." "Nous avons commencer à nous inquiéter de la direction prise par les événements la semaine dernière. Des tensions apparaissent dans l'économie américaine et dans le reste du monde. Les statistiques moroses et le chômage élevé aux Etats-Unis détonnent avec les excédents commerciaux chinois et l'élargissement des spreads obligataires de la zone euro, qui reflètent la montée des pressions budgétaires." Le gestionnaire relève quatre indicateurs illustrant la situation actuelle. "Malgré un resserrement marqué la semaine dernière, les spreads des obligations de la zone euro sont proches de leurs plus hauts niveaux par rapport aux emprunts d'Etat allemands à 10 ans, ce qui souligne l'intensité des pressions budgétaires." Ensuite, "les rendements des bons du Trésor américain à deux ans ont établi un nouveau record à la baisse à 0,34% vendredi, les rendements des TIPs à cinq ans étant désormais négatifs. L'option déflationniste est intégrée par les marchés". Après, "le yen est reparti à la hausse à 81,8 contre le dollar, annulant les effets de la dernière intervention des autorités japonaises, ce qui risque de précipiter un nouveau ralentissement de l'économie nippone. De plus, l'euro s'est apprécié de 17% vis-à-vis du dollar depuis juin pour s'établir à 1,39 la semaine dernière". Enfin, "les actions sont bien orientées, compte tenu de flux de capitaux record dans les marchés émergents. Si la prime de risque actions semble attrayante, cela tient peut-être au fait que les marchés obligataires sont à leur prix, auquel cas les investisseurs actions devraient prêter davantage attention à leur message, à savoir que les perspectives de croissance à moyen terme ne sont sans doute pas si favorables que cela". "Les marchés expriment leurs doutes quant à un rééquilibrage réussi de l'économie mondiale et une croissance proche de son potentiel à moyen terme. Les marchés des changes testent la patience des pays excédentaires tels que l'Allemagne ou le Japon en laissant leur devise s'apprécier, et les marchés de taux considèrent que, dans l'environnement actuel, les équilibres de change de l'Allemagne et des pays périphériques accentuent la pression budgétaire sur ces derniers." "Parallèlement, les pays émergents bénéficient de la sous-évaluation pour le moins confortable de leur devise et présentent ainsi de meilleures perspectives de croissance. Cependant, une croissance élevé dans la moitié des pays du monde détonne avec les taux de chômage élevés de l'autre moitié. Or, plusieurs pays émergents étant ouvertement réticents à réévaluer leur devise, que ce soit explicitement (comme la Chine) ou implicitement (comme le Brésil, qui accroît les contrôles de capitaux), il est difficile d'y voir une issue favorable. En fait, la poursuite d'une telle dynamique pourrait s'avérer explosive." AUT/ALO