Un assouplissement ciblé de la Fed pourrait voir le dollar se stabiliser

12/10/2010 - 17:41 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les réunions du G7 de ce week-end ainsi que du FMI n'ont pas donné lieu à un communiqué relatif au marché des changes. Il est de fait difficile de trouver un accord à un problème pas clairement défini. Est-ce la chute du dollar qui pose problème et qu'il faut limiter ou la sous évaluation du yuan, ou les deux ?", s'interroge Natixis. "Les Etats-Unis, montrant du doigt clairement la Chine comme manipulatrice des taux de changes, menace de mettre en place des mesures protectionnistes. Mais la Chine souligne à juste titre que les désordres sur le marché des changes sont survenus à la suite de la chute du dollar et plus exactement suite à la perspective évoquée par la Fed d'une politique monétaire ultra accommodante déstabilisante pour les pays émergents qui font alors face à d'importants flux de capitaux à la recherche de rendements plus attractifs." "De fait, la situation américaine ne changera pas beaucoup si la Chine devait laisser sa devise s'apprécier de l'ordre de 20% comme les Etats-Unis le réclament. Comme on a pu le voir entre 2005 et 2008, le yuan s'est apprécié de 21% et pourtant le déficit commercial américain a continué à se dégrader." "L'environnement actuel est certes différent aujourd'hui avec une consommation américaine plus faible mais l'appréciation du yuan sera insuffisante pour générer un avantage significatif pour les Etats-Unis. En revanche, cela pourrait pénaliser les marges des exportateurs chinois et ralentir la croissance chinoise. Aussi, les gesticulations américaines sont plus d'ordre politique à l'approche des élections de mi mandat aux Etats-Unis le 2 novembre prochain." "L'absence de déclarations auxquelles les Etats-Unis nous avaient habitués, à savoir qu'un dollar fort est bon pour l'économie américaine suggère par ailleurs que les Etats-Unis mènent délibérément une politique visant à affaiblir leur dollar face à l'absence de reprise de la demande intérieure durablement pénalisée par un endettement élevé et un chômage important. La Chine n'est donc pas la clé du problème de l'économie américaine (endettement)." "Dans ce contexte, un éventuel accord sur les changes au niveau mondial est peu probable à court terme tant les intérêts sont différents entre les pays et tant les Etats-Unis ont besoin d'un dollar plus faible pour tenir compte de leur nouvel environnement de croissance durablement molle. Face à la baisse du dollar, les autres pays n'auront qu'à se débrouiller, soit en intervenant sur le marché des changes (BOJ, BNS, ..), soit en mettant en place des taxes sur les flux de capitaux (Brésil, ...) et ce au prix de risque de véritable bulles sur certaines classes d'actifs (matières premières, émergents,...) et de réserves de changes de plus en plus explosives." "La position de la Chine n'a pas changé considérant qu'un ajustement progressif est suffisant. Au mieux, les Etats-Unis et la Chine peuvent trouver un intérêt commun lorsque le dollar aura suffisant baissé. Cela signifiera que le yuan sera déprécié lui aussi significativement contre les autres devises dont l'euro, les devises émergentes, etc... La Chine pourra alors laisser sa devise s'apprécier un peu plus vite contre le dollar comme c'est le cas depuis quelques semaines puisqu'elle gagne sur les autres devises ce qu'elle perd contre le dollar." "Les Etats-Unis savent par ailleurs qu'ils peuvent mener une telle politique de dépréciation de leur dollar sachant que les autres pays (principalement émergents et le Japon) sont condamnés à acheter du dollar, principalement des Treasuries, pour limiter l'appréciation de leur devise. Les données hebdomadaires Fed custody sur les achats de Treasuries et d'agences par les institutions internationales (principalement les banques centrales) ont ainsi nettement augmenté ces dernières semaines pour atteindre un niveau de 2.500 milliards de dollars." "De son côté, l'euro est en forte hausse face à l'absence de réaction de la BCE. La baisse du dollar est donc relativement contrôlée. Un krach du dollar est donc peu probable. Mais les Etats-Unis jouent à un jeu dangereux compte tenu des risques de nouvelles bulles (dans le futur) liée à une liquidité massive circulant sur les marchés. A un certain point, les Etats-Unis devront mettre fin à leur politique délibérée d'affaiblissement de leur dollar. Si la défiance vis-à-vis du dollar et de manière générale, vis-à-vis des actifs américains devait augmenter significativement, il ne fera pas de doutes qu'ils finiront par réagir." "A ce titre, le niveau historiquement élevé des cours de l'or témoigne de cette défiance vis-à-vis du dollar. Toutefois, on peut penser qu'à très court terme, on observe une légère accalmie du dollar même si sa tendance baissière n'est pas remise en cause. Les positions vendeuses de dollar des comptes spéculatifs ont en effet atteint des niveaux historiquement élevés qui suggère que le dollar va baisser plus lentement, voire se redresser légèrement. Techniquement, le dollar est également survendu." "On entre également dans la période présentation des résultats trimestriels aux Etats-Unis, une période en général source de volatilité, et par là favorable au dollar si les actions sont chahutées bien sûr de manière significative. Enfin, les marchés sont également dans l'attente des minutes du dernier FOMC afin d'y voir la teneur du débat sur l'ampleur du prochain assouplissement quantitatif. Si on se dirige vers un assouplissement plutôt ciblé et donc léger, alors le dollar pourrait (temporairement) se stabiliser." AUT/ALO