Le SMP ne sera pas inutile dans les épisodes de volatilité à venir

13/10/2010 - 18:02 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les propos de l'actuel futur probable président de la BCE après Jean-Claude Trichet sont assez tranchés sur l'efficacité du programme d'achat. Peut être trop. Axel Weber s'était déjà illustré en affirmant son opposition à la décision de lancer un programme d'achats de bonds juste après l'annonce de sa création an mai dernier, entrainant incompréhension des opérateurs et inquiétude quant à la cohésion au sein de la BCE. Une hausse de la volatilité dans un marché déjà bien incertain s'en était suivie", rappelle Natixis. "Il est vrai que les 63,5 milliards achetés depuis le lancement du programme en mai par la BCE n'ont pas empêché les spreads irlandais ou portugais d'atteindre des plus hauts historiques. Si l'on considère que la BCE a acheté essentiellement des obligations souveraines irlandaises, grecques ou portugaises le résultat est certes décevant pour ce qui est des spreads irlandais et portugais mais très favorable pour les spreads grecs." "Mais il faut juger ce SMP (Secutities Market Programme) aux objectifs qui lui sont fixés. La concomitance est une chose, la causalité en est une autre. Pour les spreads irlandais, il est évident que les achats n'ont pas pesé lourd face à l'actualité du sauvetage bancaire et que le retard dans la réduction du déficit portugais à plus joué qu'autre chose. C'est plus l'aversion au risque le véritable facteur explicatif des spreads non core." "L'objectif de la BCE est plutôt de calmer les excès et d'assurer que toutes les dettes collatéralisables à la BCE continuent d'avoir des taux acheteurs et vendeurs. De plus l'échec ou le succès de la BCE est souvent comparé à celui de la Fed alors que les deux programmes n'ont rien de comparable." "En comparaison, sur les huit mois d'achats de Treasuries (TIPS et nominales), la Fed a acheté 38 milliards de papiers par mois en moyenne pour une taille totale de 300 milliards. On notera d'ailleurs que malgré cette différence de taille si l'objectif était de faire baisser les taux, le succès a été assez mitigé à cette aune là aussi. Au final, les taux en effet n'avaient pas baissé énormément. Entre mars et octobre 2009, le T-notes 10 ans avait ainsi baissé de 2,56% à 2,50%. Cela n'empêche pas la Fed non seulement de maintenir le programme mais aussi d'envisager apparemment plutôt de l'augmenter dans les prochains mois." "Ce qui est certain, c'est qu'à partir du moment où la BCE veut sortir des ses programmes exceptionnels, la question va se poser de maintenir ou non le programme d'achat de titres qui n'a rien de conventionnel normalement pour une banque centrale. Le SMP pour l'instant semble un peu en stand-by et la petite hausse des achats d'il y a quinze jours a eu plus à voir avec la situation tendue irlandaise qu'à un retournement de tendance vers plus d'achats. Les achats sont réduits à la portion congrue et n'interviennent que dans les marchés agités. Alors que la BCE en mai avait acheté 16,5 milliards la première semaine puis 10 milliards et en moyenne près de 8 milliards les deux premiers mois, le rythme s'est nettement ralenti depuis. La BCE depuis la mi-juillet n'achète plus en moyenne que 255 millions chaque semaine." "C'est bien là l'objectif de la BCE. Il ne s'agit pas de faire baisser la courbe des taux, ce n'est pas du QE au sens de la Fed ou de la BoE mais encore une fois d'assurer le bon fonctionnement de la politique monétaire comme l'a rappelé M. Trichet jeudi dernier." "En fait il y a 2 options : soit transformer le SMP en instrument de QE mais là il faudra nettement augmenter la taille du programme (200 milliards pour la BoE, 500 milliards à venir pour la Fed en novembre ?) ; soit le laisser en l'état et continuer de montrer au marché que la BCE est présente en cas de forte volatilité. En définitive, cela ne coûte pas grand-chose de conserver ce programme et ne rapporte rien de le clôturer." "Les mois à venir devraient en effet connaître des épisodes de forte volatilité même dans un scénario central qui est plutôt optimiste quant à l'absence de retour en récession et de défaut souverain. D'autant plus que le marché interbancaire reste très dépendant de la BCE alors que la liquidité excédentaire a disparu du système et qu'à 1% de croissance et 1,5% d'inflation, les taux de la BCE sont loin d'être accommodants." AUT/ALO