Chassé-croisé des banques centrales qui pèse sur l'évolution des spreads

15/10/2010 - 10:31 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Alors que des nouvelles vagues de Quantitative Easing sont évoquées aux Etats-Unis et au Royaume Uni, les quelques commentaires proposés par les banquiers centraux européens (notamment ceux d'Axel Weber) parlent davantage d'exit stratégies. Si nous sommes encore loin d'un scénario dans lequel la BCE normalise rapidement sa politique monétaire, ce chassé-croisé entre la BCE d'un part et le binôme BoE/Fed d'autre part pèse particulièrement sur l'évolution des spreads de taux entre les trois zones", note Natixis. "En effet, depuis un mois, nous observons une décorrélation croissante entre les taux euro et les taux sterling/dollar. Les taux européens, soutenus par quelques nouvelles rassurantes provenant des pays de la périphérie, ont bien moins chuté que leurs homologues américains et britanniques. Ceci explique notamment pourquoi les Zscores des spreads Europe - US et Europe - Royaume Uni sont tous élevés, notamment sur les maturités courtes (zone sur laquelle les scores sont les plus élevés)." "Néanmoins, en analysant les résultats donnés par ces mêmes Zscores, on remarque que la tendance a été inverse sur les maturités longues (au-delà de la zone 15 ans). La baisse des taux longs européens (justifiée par des flux receveurs de swap, des acheteurs d'obligations longues etc.) a été plus franche que celle des taux US et britanniques d'où l'inversion des Zscores sur ces ténors. Ceci est notamment visible sur les spreads Europe - US." "Le fait que la Fed puisse adopter une cible en termes d'inflation et se lance dans une vague de QE (potentiels effets inflationnistes) a provoqué une pentification importante du segment 10-30 ans dollars (de 65pb à 95pb). En allant peu plus loin dans le Quantitative Easing, les courbes swap US et britanniques pourraient continuer de s'enfoncer un peu plus, provoquant ainsi un écartement des spreads Europe - Etats-Unis et un resserrement des spreads Europe - Royaume Uni." "Dans le cadre de leur programme de rachats respectifs, les Etats-Unis (300 milliards de dollars de Treasuries) et le Royaume-Uni (200 milliards de livres sterling de Gilts) ont adopté des stratégies légèrement différentes. La Fed a concentré près de 66% de ses achats de Treasuries sur la zone 2012-2016 alors que la Banque d'Angleterre a été active sur toute la courbe Gilt. Cette dernière a ainsi acheté 30% de Gilts 2013-2016, 19% de Gilts très longues etc." "On peut imaginer que les deux banques centrales adoptent des schémas similaires si l'on considère le fait que les maturités ciblées correspondent à celles sur lesquelles les Trésors US et le DMO sont particulièrement actifs en termes de volumes émis. Cela milite donc pour une poursuite de l'écartement des spreads Europe - US sur les maturités 2012-2016." "Sur cette zone, c'est actuellement le spread 2013 qui paraît le plus attractif (Zscore le moins élevé), la chute des spreads plus courts ayant été particulièrement marquée. Concernant la courbe britannique, outre le spread sur la maturité 4 ans, il est possible de jouer une convergence sur la zone 10-20 ans afin de bénéficier du recul de l'inflation britannique qui se profile et des rachats de Gilts longs de la Banque d'Angleterre." AUT/ALO