Les conséquences d'un QE2 ("Quantitative Easing")

18/10/2010 - 11:02 - Option Finance

(AOF / Funds) - Il ne fait désormais guère de doute que la Fed annoncera début novembre un deuxième programme d'assouplissement quantitatif ("quantitative easing", d'où le sigle QE2), après celui de fin 2008/début 2009. Avec une motivation : créer de l'inflation coûte que coûte, persuadée qu'elle est de pouvoir endiguer ultérieurement toute poussée inflationniste. En effet, aux faibles niveaux d'inflation actuels (0,9 % sur un an), le spectre de la déflation, pire ennemi des banques centrales, n'est pas définitivement éloigné. A en croire les fuites plus ou moins organisées en provenance des grands courtiers américains et non démenties, la Fed opterait pour des achats de bons du Trésor de l'ordre de 100 milliards de dollars par mois pendant cinq à dix mois, soit l'équivalent de 80 % (!) des émissions, ces achats étant financés par la planche à billets. Elle se réserverait le droit d'arrêter ces achats dès lors que l'inflation ne sera plus trop faible. La conséquence première est que les taux longs sont amenés à rester bas plusieurs mois. Et même si les marchés ont déjà escompté en grande partie un tel programme, les taux américains à dix ans pourraient encore baisser, certains analystes évoquant le plancher de 2 %, contre 2,4 % aujourd'hui. Avec sa politique de taux longs bas, la Fed a probablement à l'esprit deux canaux de transmission assez rapides. D'abord, "reflater" les prix des actifs car la richesse des ménages est un déterminant essentiel de la consommation. Ensuite, faire baisser le dollar (- 7 % depuis début août) et importer ainsi de l'inflation. Il n'est pas sûr que le solde commercial américain et l'activité profitent de la baisse du dollar, mais cela aide à ancrer les anticipations d'inflation. Les conséquences pour l'investisseur européen d'un tel environnement sont nombreuses. Du côté des obligations, le crédit aux entreprises reste très attractif. Le mieux noté offre actuellement un rendement près de deux fois supérieur à celui de l'emprunt d'Etat allemand. Les marchés actions, encore sous-valorisés, profitent du parachute offert par la Fed. Sachant que la faiblesse du dollar bénéficiera davantage aux marchés actions américains et émergents qu'à ceux de la zone euro, l'investisseur aura tout intérêt à s'y positionner tout en se protégeant de la baisse de ces devises par rapport à l'euro. Les matières premières pourraient avoir une nouvelle fois le vent en poupe. Enfin, la reprise des prix immobiliers devrait se poursuivre dans les pays de la zone euro où il n'y a pas eu de bulle du crédit. Michel Martinez, responsable adjoint de la stratégie groupe, Amundi AUT/CHR