Après ses récents records, le dollar australien pourrait encore grimper

19/10/2010 - 16:23 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le dollar australien a dépassé la semaine dernière ses niveaux records d'avant la chute de Lehman Brothers. Il se retrouve désormais quasiment à parité avec le dollar américain. De nombreux signaux attestent d'une économie australienne en pleine santé et plaident pour son appréciation : la croissance est forte et le chômage est très bas. La hausse tendancielle du prix des matières premières est également un facteur de soutien structurel pour le dollar australien", relève Amundi dans sa note hebdomadaire. "Enfin, à ces éléments propres à l'Australie s'ajoute sur la période récente un facteur exogène avec la probable extension dans le temps d'un environnement de taux faibles aux Etats-Unis qui conduit les investisseurs à se porter sur des devises attractives en termes de rendements", ajoute le gestionnaire. "Il est clair que l'économie australienne se porte bien. La croissance est forte (3,25% en glissement annuel au deuxième trimestre), ce qui devrait se poursuivre selon les estimations de la banque centrale australienne (RBA). En fait, le pays-continent bénéficie également d'un allié commercial de choix : ses exportations vers la Chine ont fortement cru et représentent désormais un quart de ses exportations totales (à peine 5% il y a dix ans)." "De plus, le taux de chômage, qui n'avait que peu augmenté pendant la crise, est faible et se situe aujourd'hui autour de 5% alors qu'il est de 7,5% en Allemagne et 9,6% aux Etats-Unis. Cependant, l'économie étant proche du plein-emploi, des tensions commencent à apparaitre sur le marché du travail : le revenu moyen, notamment, est en forte augmentation (6,4% sur un an). Les entreprises peinent à recruter des employés qualifiés. L'inflation repart donc logiquement à la hausse (3,1%) et depuis un an, la RBA a entamé un cycle de resserrement monétaire : six hausses de taux se sont succédé et les taux directeurs sont passés de 3% à 4,5%." "En conséquence, le dollar australien a pleinement bénéficié du retour des opérations de portage (carry trade). Le 5 octobre, la RBA a pourtant surpris le marché en optant pour le statu quo monétaire, préférant attendre les données macroéconomiques du troisième trimestre, notamment en ce qui concerne la croissance du crédit. Elle précise toutefois dans son communiqué que de futures hausses de taux sont à prévoir si l'accélération de l'inflation se poursuit. C'est d'ailleurs ce qu'escompte implicitement le marché puisque le taux 10 ans est resté stable à un peu plus de 5%." "La dynamique d'appréciation du dollar australien s'explique également par un choc sur les termes de l'échange définis comme étant le ratio des prix à l'export sur les prix à l'import. En effet, l'Australie tire notamment avantage de ses matières premières abondantes : environ 40% des exportations australiennes sont, par exemple, liées à l'activité minière. Or le prix des minerais de fer et du charbon s'est véritablement envolé ces derniers mois : en un an, l'indice de prix des matières premières suivi par la RBA a crû de 35% en devises locales et de 47% en dollars américains. Avec des prix à l'import qui augmentent beaucoup moins vite, l'Australie a vu ses termes de l'échange augmenter sensiblement, ce qui a fortement poussé à la hausse la valeur fondamentale de la monnaie australienne sur la période." "Un autre facteur, totalement indépendant de la situation économique de l'Australie, soutient sa devise. En effet, la Réserve Fédérale américaine et la Banque d'Angleterre sont sur le point d'adopter de nouveaux plans d'achats massifs de titres du Trésor. Or on a observé au cours de l'année dernière que ces politiques d'assouplissement monétaire ont un effet dépréciatif sur la devise du pays qui le met en oeuvre. Ainsi, depuis le comité de politique monétaire du 21 septembre, le dollar américain et la livre sterling ont perdu plus de 3% en termes effectifs. Dans un environnement de taux durablement faibles, les investisseurs sont à la recherche de rendement et se reportent sur des devises attractives dont font partie les dollars australien et canadien." "Pur jeu du hasard, ces derniers forment actuellement un point triple avec le dollar américain : un dollar américain = un dollar australien = un dollar canadien. Ceci ne voudrait pas durer car l'appréciation de ces devises se poursuivra si la Fed s'engage effectivement dans cette voie lors du prochain comité le 3 novembre. Or tous les pays ne sont pas prêts à accepter ceci. De nombreuses banques centrales sont intervenues directement sur le marché des changes (Japon, Corée du Sud) afin de limiter l'appréciation de leur devise et d'autres pays (Brésil, Thaïlande) ont mis en place des taxes sur l'investissement dans des actifs locaux par des étrangers. En revanche, les autorités australiennes ne s'inquiètent pas de la hausse de leur devise car c'est un moyen pour eux de limiter l'inflation. Dit autrement, même s'il vient de battre un nouveau record, le dollar australien pourrait continuer de s'apprécier dans les mois à venir." AUT/ALO