QE : risque d'acheter des obligations qui baisseront fortement (Natixis)

21/10/2010 - 18:34 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La Fed et la BOE envisagent de réintroduire, dans la panoplie des instruments monétaires, le quantitative easing. Les rumeurs vont bon train sur les montants et la manière. Il se pourrait que la Fed s'oriente vers une stratégie assez souple pour acheter un montant total qui se situerait entre 500 et 1.000 milliards de dollars, tandis que la BOE pourrait acheter quelque 50 milliards de livres sterling supplémentaires. A court terme, ces rumeurs ont un impact très favorable sur les obligations souveraines du Royaume Uni et des Etats-Unis", note Natixis. "Mettre en place un quantitative easing signifie implicitement que l'on ne touchera pas aux taux directeurs avant longtemps. L'obligataire est donc soutenu à la fois par les anticipations d'inflation et par la manipulation des prix des obligations. Ainsi, la courbe des rendements des gilts est en train de passer sous celle des bunds. Pour les maturités inférieures à 5 ans, les gilts affichent désormais des rendements inférieurs à leurs homologues allemands. S'agissant des TNotes américains, ce sont toutes les maturités inférieures à 10 ans qui ont vu leur rendement passer sous celui de leurs homologues allemands." "Il y a bien sûr d'autres facteurs qui expliquent ces évolutions : au Royaume Uni, le plan de réduction du déficit budgétaire extrêmement agressif a forcément été bien accueilli par les marchés. Aux Etats-Unis, les grosses inquiétudes relatives aux perspectives de croissance et la faiblesse de l'inflation (mesurée avec l'IPC sous-jacent, elle n'est plus que de 0,8%) sont également des facteurs de soutien de l'obligataire. Et les QE envisagés au Royaume Uni ou aux Etats-Unis s'opposent au débat interne à la BCE sur l'opportunité de poursuivre ou non les achats, pourtant bien modestes et stérilisés, d'obligations souveraines de la zone euro." "Le quantitative easing a donc un impact direct sur les taux longs, et donc sur les taux réels, si les anticipations inflationnistes ne changent pas trop. En ce sens, il contribue bien à stimuler l'activité. Selon William Dudley (Fed de New York), des achats de l'ordre de 500 milliards de dollars correspondraient à une baisse des taux directeurs de 50pb à 75pb. Dit autrement, le QE se substitue à des taux directeurs négatifs. Si l'estimation de W. Dudley est juste et si l'on tient compte du niveau actuel du taux Taylor, le QE2 pourrait être de 1.000 milliards de dollars." "Le QE a par ailleurs un impact significatif sur le change. Le sterling et le dollar US baissent fortement, depuis que les rumeurs relatives à l'adoption de nouveaux programmes d'achats d'obligations souveraines sont apparues (encore une fois, il ne s'agit pas du seul facteur explicatif de la surperformance de l'euro. L'amélioration apparente de la situation en zone euro sur le plan budgétaire, imputable à la volonté affichée par les gouvernements et sanctionnée par une réduction significative des spreads souverains, explique aussi cette évolution)." "Là encore, à court terme, cela constitue une bonne nouvelle, puisque, compte tenu du plan d'austérité mis en place au Royaume Uni, de la situation dans le marché du travail et de la volonté des ménages d'améliorer leur situation bilancielle aux Etats-Unis, il ne faut guère compter sur les demandes intérieures pour stimuler les activités. Les problèmes apparaîtront quand il faudra sortir de ces politiques. Aux Etats-Unis, l'association ZIRP/QE, qui s'ajoute aux réformes réglementaires, constitue un dopant exceptionnel pour l'obligataire, mais avec des effets provisoires." "Le risque est donc d'inciter les investisseurs (banques en particulier), à acheter des actifs amenés à baisser fortement. Certains craignent les effets des excès de liquidité sur l'inflation à long terme. Enfin, le QE est susceptible d'alimenter l'inflation via le change. Dans tous les cas, la hausse de la prime inflation conduira à une hausse des taux d'intérêt." AUT/ALO