Métaux: le besoin d'investissement en infrastructure restera élevé en Chine

22/10/2010 - 18:15 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les dirigeants chinois travaillent à définir les politiques et les principes qui sous-tendront le plan quinquennal 2011-2015. La version finale du plan ne sera pas présentée avant le Congrès du Parti Communiste chinois en mars prochain, mais certains de ses principes essentiels commencent à apparaître plus clairement. Alors que la Chine joue un rôle de plus en plus prépondérant au sein de l'économie mondiale, et particulièrement sur les marchés des matières premières, ces politiques auront un impact fondamental sur les marchés mondiaux au cours des cinq prochaines années", juge Natixis. "La politique chinoise réserve une place de plus en plus importante aux préoccupations environnementales, bien que cette orientation n'ait pas été clairement perçue au cours des récentes discussions sur le climat lors de la conférence de Copenhague. Au cours du second semestre 2010, d'importants efforts ont été effectués pour atteindre les objectifs de réduction de l'intensité énergétique." "Si un relâchement temporaire n'est pas impossible d'ici la fin de l'année, cette politique sera poursuivie au cours du prochain plan quinquennal. Nous pensons que les autorités chinoises encourageront non seulement une poursuite de la réduction de l'intensité énergétique de l'économie, mais aussi une réduction de l'intensité en CO2 de la production énergétique." "La réduction de l'intensité énergétique se traduira de différentes manières. En premier lieu, l'économie chinoise devrait poursuivre sa réorientation vers la production de produits à plus forte valeur ajoutée, de plus haute technologie, et une moindre priorité devrait être donnée au développement de la production de produits industriels de base, particulièrement ceux qui sont fortement consommateurs d'énergie (la production d'acier, de ciment et d'aluminium, ainsi que de métaux de base a été récemment visée)." "Afin de faciliter de nouveaux transferts de technologie et d'encourager l'innovation au niveau national, 4.000 milliards de yuans seront investis dans neuf secteurs clés : les énergies nouvelles, les matériaux innovants, les économies d'énergie, la protection de l'environnement, l'industrie aérospatiale, l'industrie de la mer, les biotechnologies et, l'industrie et les services high-tech. La concentration entre les mains d'un petit nombre d'acteurs se poursuivra dans le secteur des industries de base, ce qui permettra aux autorités de mieux réguler et contrôler la production. Le mouvement de fermeture des unités de production obsolètes se poursuivra, au profit de sites mettant en oeuvre des technologies plus efficientes et plus respectueuses de l'environnement." "Compte tenu de ces orientations, la croissance des capacités de production dans le secteur des industries de base fortement consommatrices d'énergie, telles que l'acier, le ciment et l'aluminium devrait enregistrer une forte chute, après les taux exceptionnellement élevés des dernières années. Dans d'autres secteurs, moins fortement consommateurs d'énergie, mais affichant toutefois des surcapacités à certains échelons de la chaîne de production (au rang desquels les industries du cuivre, du plomb, du zinc et de l'étain) le ralentissement devrait être moins brutal. Pour certains métaux, la surcapacité constatée concerne moins le niveau de production de métal fini que le niveau des capacités de fonderie par rapport à la disponibilité de concentré et/ou de ferrailles." "Les prévisions sont moins aisées pour les autres métaux. Le sort du nickel sera très différent selon que les autorités chinoises considéreront la fonte de nickel comme un produit inefficient et fortement consommateur d'énergie ou comme une utile soupape de sécurité permettant d'éviter une hausse excessive des cours du nickel. La réorientation de l'économie chinoise vers les produits à plus forte valeur ajoutée pourrait se traduire par une augmentation de la demande d'acier inoxydable, dont profitera le nickel. La production des métaux nécessaires pour la fabrication d'acier de haute performance ou la mise en oeuvre de technologies nouvelles et particulièrement de technologies plus respectueuses de l'environnement (ce qui peut notamment inclure le molybdène, le cobalt, les terres rares et les métaux de la famille du palladium) devrait être préservée et/ou encouragée." "Nous pensons que la Chine ne devrait pas se contenter de réduire l'intensité énergétique de son économie, mais qu'elle pourrait également prendre des mesures en vue de diminuer l'intensité carbone de sa production d'énergie. Un tel objectif nécessitera d'importants investissements dans la production d'énergie à partir de sources non fossiles, ainsi qu'un fort développement de l'approvisionnement en énergie fossile moins émettrice de CO2, c'est-à-dire la diminution de la part de charbon au profit du gaz naturel. La Chine est en bonne voie pour atteindre son objectif de construire 57 centrales nucléaires, avec 24 centrales en construction et 33 centrales programmées." "Par ailleurs, le pays est déjà le premier producteur mondial d'énergie hydroélectrique, avec une capacité qui est passée de 50 MTEP en 2000 à 139,3 MTEP en 2009. Pour l'énergie éolienne, la Chine occupe le second rang mondial après les Etats-Unis (avec une capacité de 25,8 GW, en 2009 contre 35,2 GW aux Etats-Unis). Le pays a également développé sa capacité de production d'énergie solaire de 19 MW en 2000 à 305 MW en 2009, tout en fournissant à des pays tels que d'Espagne et l'Allemagne l'essentiel des cellules photovoltaïques dont ces pays ont besoin pour développer leur propre production d'énergie solaire." "Malgré ces importants efforts, la Chine consommait en 2009 1.537 MTEP de charbon, soit près de 47% de la consommation mondiale, ce qui est à la fois le défi majeur et la plus importante opportunité du pays. Sachant que les centrales thermiques au charbon (utilisant une technologie standard) émettent environ 112 g de CO2 /kJ, contre 62 g pour les centrales au gaz naturel, la dépendance de la Chine au charbon et l'insuffisant développement du gaz naturel signifie que les émissions de CO2 de la Chine sont supérieures de 28% à celle des États-Unis, pour une consommation globalement équivalente." "Nous avons déjà expliqué que la situation de la Chine justifiait un développement important de la consommation de gaz naturel, et pensons que l'augmentation de la part du gaz représentera une part importante de la réduction de l'intensité carbone de la Chine au cours des cinq prochaines années. Alors que l'excédent d'offre de gaz naturel diminuera progressivement au cours des cinq prochaines années, une forte hausse de la demande chinoise tirerait graduellement les cours du gaz vers la parité avec le pétrole en termes d'équivalent énergétique. Nous pensons également que le développement des capacités nucléaires, en Chine et ailleurs dans le monde se traduira par une forte pression à la hausse sur les cours de l'uranium. Toutefois en dépit du développement du gaz naturel, de l'énergie nucléaire et d'autres sources d'énergie, la Chine sera toujours fortement dépendante du charbon, qui restera sa principale source d'énergie." "Les autres politiques mises en oeuvre dans le cadre du prochain plan quinquennal seront également importantes pour le marché des matières premières. Alors qu'au cours des dernières années, la croissance a essentiellement concerné les métropoles situées le long du littoral chinois, à l'avenir, l'essentiel de la croissance liée à l'investissement en infrastructures devrait toucher les provinces occidentales de l'intérieur du pays. Alors que dans ces régions, une proportion plus importante de la population travaille pour un secteur agricole peu productif, il existe de fortes marges de progression de la productivité agricole et industrielle, via la création de nouvelles métropoles industrielles." "Ce modèle de croissance favorisera également le maintien d'un niveau élevé d'investissement. Dans l'ensemble du pays, les autorités publiques devraient chercher à faire baisser le taux d'épargne des ménages aujourd'hui excessif en mettant en place un dispositif de sécurité sociale plus étendu, et encourager de ce fait une hausse de la consommation domestique. Les subventions au logement, l'offre de services médicaux et éducatifs et le développement d'une sécurité sociale permettront d'atteindre cet objectif. Le besoin d'investissement en infrastructures restera donc élevé dans toute la Chine." AUT/ALO