Zone euro : minorité des pays membres participe vraiment à la croissance

25/10/2010 - 15:28 - Option Finance

(AOF / Funds) - Selon l'enquête Euro Monitor 2010 du Lisbon Council et d'Allianz SE, mesurant la contribution des pays à la croissance de la zone, "sur les seize pays de la zone euro, treize enregistrent une performance moyenne. Deux pays, la Grèce et l'Irlande, ont des difficultés, et constituent une menace pour la crédibilité de la zone euro. L'Allemagne, l'Autriche, le Luxembourg et les Pays-Bas arrivent en tête du classement, même si les trois premiers pourraient faire encore davantage pour doper la demande intérieure". "Le Portugal et l'Espagne sont encore vulnérables, et un ralentissement économique pourrait encore réduire leur score. La Grèce, l'Irlande, l'Italie et surtout la Belgique doivent prêter davantage d'attention à leur dette extérieure. La France se classe en milieu de tableau." Intitulée Euro Monitor 2010 : Indicators for Balanced Growth, l'étude évalue et classe les seize pays de la zone euro sur la base de leur contribution à une croissance équilibrée, à savoir une croissance dénuée de déséquilibres macroéconomiques, et par là-même à la stabilité globale de la zone euro. Le classement est établi selon quinze indicateurs quantitatifs, appartenant à quatre catégories clés : viabilité financière ; compétitivité et demande intérieure ; emplois, productivité et utilisation efficace des ressources ; dette privée et extérieure. "L'étude Euro Monitor est un outil de surveillance macroéconomique et d'alerte précoce, mettant en lumière les déséquilibres existants et naissants. L'Euro Monitor 2010 sera officiellement lancée à Bruxelles mardi 26 octobre à l'occasion du Sommet de l'Euro 2010, organisé par le Lisbon Council, en présence d'Olli Rehn, Commissaire européen aux affaires économiques et monétaires", précise le communiqué. Selon Michael Heise, chef économiste d'Allianz SE, "depuis l'introduction de l'euro, d'importants déséquilibres sont apparus au sein de l'Union Européenne qui menacent d'entamer la crédibilité de l'euro si l'on n'y remédie pas avec détermination. Presque tous les pays de la zone euro doivent toujours faire face à l'immense tâche que représente le redressement de leurs finances publiques. Tout recul ou toute difficulté dans l'accomplissement de cette tâche est susceptible d'affaiblir l'euro. Des programmes de consolidation et de réforme énergiques et crédibles doivent être mis en oeuvre d'urgence par les pays lourdement endettés. Des améliorations doivent également être apportées dans les domaines de la compétitivité structurelle et de la productivité". "Nous estimons que la Procédure de Déficit Excessif proposée par la Commission Européenne constitue un moyen efficace de prévenir et de corriger les déficits. Mais la responsabilité ultime de résoudre la crise actuelle incombe aux gouvernements nationaux, et la suppression des déséquilibres sous-jacents nécessite des actions fermes, un puissant leadership et une détermination commune." "L'Union Monétaire Européenne a besoin en priorité de nouvelles sources de croissance durable pour préserver la stabilité de l'euro. A moyen terme, la zone euro aura besoin d'une croissance réelle d'au moins 2% par an pour réduire sensiblement la dette et le chômage. La croissance actuellement prévue pour 2011 est de 1,7%. L'Allemagne et l'Autriche possèdent les économies les plus performantes de la zone euro, et occupent respectivement la première et la seconde place du classement, tandis que l'Irlande et la Grèce sont les deux derniers." "Principalement en raison de la crise économique de 2008/2009, tous les pays de la zone euro, à l'exception de l'Allemagne et de Malte, enregistrent un déclin de la mesure globale de leur croissance équilibrée depuis 2005. Aujourd'hui, aucun des seize pays de la zone euro n'a de perspectives de croissance équilibrée durable. En fait, treize pays sur les seize appartiennent à un même groupe caractérisé par un score moyen, de sorte que la majorité écrasante des pays de la zone euro sont enlisés dans un niveau de performances globalement médiocre. Aucun pays, pas même l'Allemagne, ne peut se vanter d'obtenir d'excellents résultats en 2010. Le Portugal et l'Espagne sont quant à eux particulièrement vulnérables, et un ralentissement économique pourrait les reléguer en fin de classement." "Tandis que la plupart des pays de la zone euro se situent grosso modo dans une même fourchette moyenne dans les catégories viabilité financière et emplois, productivité et utilisation efficace des ressources, il subsiste de vastes divergences, potentiellement dangereuses, dans les catégories primordiales que sont la compétitivité et demande intérieure et la dette privée et extérieure. Chypre, Malte et la Grèce obtiennent des scores particulièrement mauvais sur le plan de la compétitivité et de la demande intérieure, alors que la Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Irlande ne font pas mieux en ce qui concerne la dette privée et extérieure." "La Belgique, qui décroche la sixième place avec un score de 5,6 sur 10 contre 6,4 en 2005, doit sans tarder prendre garde à sa viabilité financière. Avec une dette approchant 100% de son produit intérieur brut, une croissance pour l'an prochain estimée à seulement 1,3% et la crise récurrente liée à la formation d'un nouveau gouvernement, le pays atteint des niveaux d'emprunt potentiellement dangereux dans un contexte politiquement fragile. L'Irlande, qui occupe la quinzième place du classement, juste devant la Grèce (seizième) est dans une situation particulièrement délicate." "Au cours des deux dernières années, les scores de l'Irlande dans les catégories viabilité financière, emplois, productivité et utilisation efficace des ressources et dette privée et extérieure ont fortement baissé. Seule la catégorie de la compétitivité enregistre une progression. Selon les critères d'Euro Monitor, l'Irlande, avec la Grèce, fait partie des pays qui compromettent le plus la crédibilité de la zone euro." "A l'autre extrémité du classement, l'Autriche, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg sont de relativement bons élèves, même si les trois premiers pourraient faire davantage pour doper leur demande intérieure. Par ailleurs, l'Autriche, l'Allemagne et les Pays-Bas doivent améliorer le rapport entre leur endettement et leur PIB, qui dépasse le plafond de 60% imposé par Maastricht. En outre, les Pays-Bas sont pénalisés pour leur déficit public, tandis que le Luxembourg a des efforts à faire en matière de coût unitaire du travail." "La France se classe à la huitième place, résultat moyen pour l'une des principales économies européennes. Elle doit remédier d'urgence au déficit public (qui lui vaut un score de 2, au même niveau que le Portugal et la Grèce) et au chômage (qui lui vaut un score de 3, analogue à celui du Portugal), et améliorer la productivité de la main d'oeuvre, sa part du commerce international de marchandises ainsi que le rapport endettement/PIB des corporations non-financières. Ses performances sont moyennes dans la plupart des autres indicateurs, à l'exception du coût unitaire du travail, où la France se situe en troisième position et obtient le score de 8, bien supérieur à la moyenne de la zone euro." "L'Italie se situe dans la partie moyenne et inférieure du classement 2010, sans être pour autant assimilée aux pays vulnérables de l'Union Monétaire Européenne tels que la Grèce, l'Irlande, l'Espagne et le Portugal. Néanmoins, l'Italie reste loin derrière les autres grandes économies de la zone euro que sont l'Allemagne et la France, qui la surpassent dans la plupart des indicateurs. Avec un faible score dans sept indicateurs sur quinze et un score élevé uniquement dans l'utilisation efficace des ressources, l'Italie doit particulièrement améliorer son rapport endettement/PIB et la productivité de sa main d'oeuvre à moyen terme." "La Slovaquie et la Slovénie se hissent respectivement à la cinqième et à la septième place, un résultat encourageant pour deux nouveaux venus dans la zone euro. Les deux pays obtiennent de bons scores en ce qui concerne le rapport endettement/PIB, le poids des intérêts, l'expansion de la part du commerce international de marchandises et la balance des paiements courants. Ils doivent cependant se préoccuper du niveau de leur dette privée et extérieure." AUT/ACT