L'euro fort peut faire retomber la zone en récession (Groupama AM)

26/10/2010 - 11:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Si l'indice ISM manufacturier a baissé comme attendu d'1,9 point à 54,4, niveau peu inquiétant, sa décomposition révèle une très nette accentuation du restockage : en d'autres termes, le rythme de production est trop élevé compte tenu du rythme d'afflux de nouvelles commandes, en net ralentissement. Si c'est confirmé le mois prochain, la réduction de la production industrielle nécessaire pour corriger cet excès de stockage pourrait entraîner plus qu'une récession industrielle", assure Groupama AM à propos de l'économie américaine. "L'emploi dans le secteur privé continue de s'améliorer avec des créations d'emplois mensuelles probablement plus proches des 25.000 par mois que des 50 000 actuellement affichés. Mais, deux éléments sont inquiétants. Les employés au chômage technique augmentent de nouveau sensiblement en septembre et les états continuent à supprimer structurellement des emplois du fait de la crise de leur dette : - 80.000 sur le dernier mois, si bien que, hors impact du recensement, les créations d'emplois ont été nulles le mois dernier." "Dans ce contexte, les prix n'augmentent plus et la déflation devient probable. La Réserve Fédérale a clairement fait part de son inquiétude. Considérant que le rythme de hausse de prix est actuellement incompatible avec son objectif de stabilité des prix, elle est sur le point d'injecter massivement des liquidités afin de soutenir les marchés et de reflater l'économie par le biais d'une dépréciation du dollar." En Europe, "la sévère dégradation des indices ZEW et PMI annonce un net ralentissement de l'activité. Le secteur industriel allemand ne fait pas exception : les anticipations des chefs d'entreprises commencent à être affectées par le ralentissement marqué des exportations vers le reste du monde, en dépit de la hausse de la production industrielle de plus de 2% en août. Les enquêtes de la Commission Européenne restent cependant soutenues par l'amélioration progressive de la confiance des ménages allemands : leurs perspectives de consommation sont gonflées par les augmentations salariales en négociation entre le patronat et les salariés." "L'accélération de la consommation n'est pas acquise pour autant : les ventes au détail ont été mal orientées en juillet et en août, alors que les gains de pouvoir d'achat devraient être pénalisés par le durcissement du système d'indemnisation des chômeurs de longue durée et par la diminution des allocations familiales. Les pays périphériques s'enfoncent en revanche dans la crise. L'Irlande qui est retombée en récession dès le deuxième trimestre, va enregistrer un déficit public de plus de 32% du PIB cette année et sa dette avoisinera les 100% du PIB contre 25% en 2007 : le sauvetage de son système bancaire lui coûte cher cette année, 21% du PIB, et l'insuffisance structurelle des recettes publiques reste un défi majeur. Dans ce contexte, la force de l'euro, si elle se confirme, est susceptible de faire basculer la zone euro en récession." Au Japon, "la correction de la consommation des ménages entraîne l'économie vers la récession. La production industrielle se contracte déjà et le ministère de l'industrie prévoit des baisses encore plus importantes dans les prochains mois : le Japon semble entraîné vers une nouvelle récession. Ce ne sont pas les exportations qui en sont à l'origine, puisqu'elles poursuivent leur progression même si c'est à un rythme bien inférieur. La faute en incombe à la consommation des ménages qui corrige fortement suite à l'arrêt des mesures gouvernementales en faveur de la consommation verte." "De plus, l'appréciation de 10% du taux de change effectif du yen en l'espace de trois mois provoque une nouvelle vague de déflation importée, obligeant les entreprises à réduire leurs prix à l'exportation de 7% sur la même période. La banque du Japon a alors décidé d'abaisser son taux directeur de 0,2% à 0-0,1% et de mettre en place un nouvel assouplissement monétaire quantitatif : elle va acheter l'équivalent 5.000 milliards de yens (soit 1% du PIB du japon et 45 milliards d'euros) dont 1.500 milliards de yens d'actifs risqués. L'objectif est de stopper la folle appréciation du yen, ce qui a été probablement atteint, grâce à la dépréciation vis-à-vis de l'euro." AUT/ALO