Natixis souligne le fossé entre la Fed et la BCE, l'euro va rester fort

05/11/2010 - 15:42 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La Fed n'a pas pris les marchés à revers et annoncé des mesures proches des attentes avec un programme d'achats de titres à hauteur de 600 milliards (entre 500 et 1.000 milliards étaient attendus) à raison de 75 milliards par mois (le consensus prévoyait autour de 100 milliards d'achats mensuels) d'ici la mi 2011 sans certitude pour l'instant qu'elle le prolongera. Le détail du QE a entrainé les répercussions suivantes sur le marché : une baisse du dollar après l'annonce. L'EUR/USD est ainsi passé de 1,41 à 1,42 après l'annonce ; une hausse de l'or et des matières premières." "Globalement on peut en effet s'attendre à une hausse des actifs risqués qui devraient bénéficier de la liquidité supplémentaire ainsi créée", ajoute le gestionnaire. Le QE a également entraîné une "repentification de la courbe notamment de la partie longue. Le marché attendait en effet plus d'achats sur le très long. Les achats seront finalement concentrés sur le segment 5-10 ans qui correspond à la plupart des prêts corporates et à la maturité moyenne des prêts hypothécaires. Avec les 35 milliards de réinvestissement, le marché bénéficiera tout de même de 110 milliards d'achats par mois soit près de 900 milliards d'ici juin 201. La Fed de NY a précisé qu'elle pourrait dépasser la limite de 35% d'emprise qu'elle se fixe par ligne de Treasury." "La décision d'acheter essentiellement des titres jusqu'à 10 ans et en particulier sur les titres de maturité 5-6 ans a surtout bénéficié à ce segment. A contrario, le 30 ans après l'annonce s'est ainsi tendu d'une vingtaine de points de base à actuellement à 4,07%. Il en est résulté une pentification du 10-30 sur des niveaux jamais atteints à 155pbs." "Par rapport au programme d'achats de mars à octobre 2009, la Fed achètera 3% de TIPS soit deux fois plus que l'année dernière à l'instar de ce que faisait déjà la FED dernièrement lors de ses réinvestissements de coupons." "Pas de surprise non plus du côté de la BCE mais un discours de plus en plus opposé à celui de la Fed. Alors que cette dernière s'inquiète d'une croissance et d'une inflation trop basse à ses yeux justifiant d'ouvrir les vannes à une nouvelle vague de QE, la BCE semble se convaincre que la situation s'améliore et que de ce fait la normalisation de la politique monétaire est la bonne chose à faire." "Jean-Claude Trichet s'est ainsi félicité de la normalisation en cours du marché interbancaire et a répété que les mesures non conventionnelles sont par nature temporaires. Les choses restent en l'état pour l'instant (la politique actuelle est toujours jugée appropriée) mais la BCE communiquera sur l'après 18 janvier (les MRO et LTRO 3 mois sont à taux fixe au moins jusqu'à cette date) lors de la réunion du mois prochain le 02 décembre. Le programme d'achat est toutefois maintenu, le Président déclarant que le SMP n'était pas terminé précisant qu'il ne visait pas à défendre un certain niveau de spread." "Là où M.Trichet a semblé plus bear qu'en octobre c'est quand il a précisé que la BCE pouvait remonter ses taux sans avoir retiré toutes les mesures non conventionnelles sans que cela ait toutefois été mal interprété par le marché. Concernant le dispositif visant à remplacer l'actuel EFSF, M. Trichet a répété son opposition au schéma envisagé actuellement pour l'après 2013 jugé trop laxiste. Les nouvelles règles ne vont pas assez loin. Il faut une conditionnalité extrêmement forte et favoriser les politiques budgétaires les plus vertueuses afin éviter tout risqué systémique." "Les nouvelles règles doivent améliorer la stabilité et ne pas aller à l'encontre de celle-ci. L'automaticité des décisions est jugée très importante dans ce contexte. Malgré des risques sur la croissance toujours baissiers, le grand écart entre une Fed se lançant dans un nouveau round de QE et la BCE qui semble vouloir continuer à normaliser sa politique a sans surprise pesé sur l'euro qui s'est à nouveau apprécié de 1% contre dollar flirtant avec les 1,43 à 1,428 pour ensuite finir la session autour de 1,42. Un mouvement sans doute appelé à se poursuivre...", anticipe Natixis. AUT/ALO