Les obligations d'entreprise offrent toujours un potentiel intéressant

09/11/2010 - 17:26 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Nous avons assisté à un phénomène plutôt rare dernièrement : un rebond du marché d'actions américain a coïncidé avec un plongeon des rendements des bons du Trésor (qui diminuent quand les prix augmentent) et avec une envolée des cours de l'or. L'indice S&P 500 s'est adjugé 11,29% (en dollar américain) au troisième trimestre 2010, tandis que le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans est retombé en dessous de 2,5% vers la fin septembre", note Franklin Templeton Investments. "Le cours au comptant de l'or a aussi continué sa progression : il a atteint un plus haut historique (1.309,85 dollars) fin septembre avant de se stabiliser à 1.308,35 dollars à la fin du mois, soit une hausse de 5,32% au troisième trimestre." "L'espoir de nouveaux achats d'actifs à long terme par la Réserve fédérale américaine (Fed) permet d'expliquer en partie les variations à court terme sur chacun de ces marchés. Il semble toutefois y avoir une dichotomie non résolue entre les anticipations des investisseurs en actions, en obligations et en or qui pourrait donner lieu à un regain de volatilité à l'avenir. D'un strict point de vue macroéconomique, on pourrait faire valoir que, tout comme un plongeon du marché d'actions peut être un signe avant-coureur de turbulences économiques, un redressement durable peut être considéré comme annonciateur d'une possible embellie de l'économie." "Ainsi, après un essoufflement au deuxième trimestre, des signes timides montrent que la reprise américaine est peut-être à nouveau sur les rails, même si elle reste modeste. En septembre, le secteur des services a poursuivi sa croissance, les nouvelles demandes d'allocations chômage ont été moins nombreuses et les ventes au détail ont relativement bien résisté, tandis que les commandes de biens durables ont été encourageantes pour le mois d'août." "Par conséquent, les investisseurs se sont montrés un peu plus enclins à prendre des risques, ce qui a joué en faveur des actions, et ce d'autant plus que les rendements du dividende aux Etats-Unis et en Europe ont récemment augmenté pour se rapprocher du rendement offert par les emprunts d'Etat voire le dépasser." "La situation n'est cependant pas exempte de risques. Pour certains investisseurs, les valorisations des actions peuvent apparaître relativement peu élevées au regard des résultats publiés mais les prévisions de résultats pour les sociétés cotées pourraient se révéler ambitieuses en l'absence d'une accélération de l'activité économique, en particulier à un moment où les gouvernements s'efforcent de résorber les déficits et où le désendettement continue à freiner les dépenses des entreprises et des ménages." "Quoi qu'il en soit, le volume des transactions est resté faible tout au long du troisième trimestre et les investisseurs ont continué à retirer des capitaux des fonds en actions américaines et ont préféré se tourner vers les bons du Trésor. Dans un contexte de fortes tensions désinflationnistes (sinon déflationnistes) à l'échelle mondiale, cette préférence pour les obligations peut sembler logique. Dans l'attente d'une nouvelle intervention des autorités monétaires aux Etats-Unis et au Royaume-Uni pour acheter des emprunts d'Etat, les rendements sur l'ensemble de la courbe sont retombés à des niveaux très bas, ce qui est une bonne nouvelle pour l'économie selon nous, puisque le gouvernement et les grandes entreprises peuvent ainsi emprunter à des taux peu élevés." "Cependant, alors que les répercussions de la grave récession américaine qui s'est officiellement achevée en 2009 se font sentir, les investisseurs en obligations sont également exposés à des risques. Nous pensons que la probabilité d'une poursuite de la hausse des cours de certains actifs obligataires diminue constamment, tandis que le maintien ou le renforcement de politiques monétaires extrêmement accommodantes implique un accroissement du risque baissier. D'ores et déjà, si les chiffres de l'inflation sous-jacente aux Etats-Unis ont été modérés depuis début 2010, la récente hausse des prix des matières premières ainsi qu'un affaiblissement du dollar américain laissent entrevoir un possible pic de l'inflation générale importée." "Les investisseurs pourraient aussi progressivement s'intéresser davantage à la dette publique considérable des Etats-Unis. Ils pourraient s'interroger à nouveau sur les rendements des emprunts d'Etat actuellement faibles au regard des déséquilibres publics élevés. Les faucons des marchés obligataires (bond vigilantes) se sont jusqu'à présent polarisés sur des pays plus modestes comme la Grèce et les tensions au sujet de la dette publique américaine semblent avoir fait sentir leurs effets principalement sur les marchés des changes. Néanmoins, la situation pourrait évoluer au cours des prochains mois." "Cela étant, nous pensons que de vastes segments du marché obligataire continuent à offrir un potentiel intéressant, même si la reprise économique devait rester lente. Par exemple, il est frappant que les spreads des obligations d'entreprise (en particulier de la catégorie non-investment grade) par rapport aux bons du Trésor soient restés relativement élevés malgré une chute sensible du taux de défaillance en 2010. D'après un rapport de l'agence de notation Moody's publié fin septembre, le nombre de sociétés américaines présentant un risque majeur de défaillance est retombé à son plus bas niveau en deux ans." "(...) Certains observateurs remettent en cause l'impact probable d'un nouvel épisode d'assouplissement quantitatif. Ils doutent que les nouveaux achats d'obligations par la Fed puissent véritablement contribuer à doper la croissance et craignent qu'ils créent de l'inflation par la suite en raison d'une croissance excessive de la masse monétaire. La probabilité que l'assouplissement quantitatif porte ses fruits est peut-être plus élevée au Japon, où les anticipations de déflation sont profondément enracinées et les prix diminuent depuis des années." "(...) Le précédent programme d'assouplissement quantitatif, qui s'est achevé en mars 2010, a au moins eu le mérite de plafonner les taux d'intérêt et donc d'empêcher une baisse plus prononcée de la masse monétaire, des dépenses et des investissements. Le soutien de la Fed, couplé aux efforts déployés par le Trésor américain, a en particulier été jugé déterminant pour stopper la chute libre du marché du papier commercial et des OPCVM monétaires en 2008-2009. Le programme prévoyait l'achat de 1.250 milliards de dollars de titres adossés à des crédits hypothécaires (MBS) titrisés par les organismes de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac placés sous tutelle de l'Etat. En augmentant la valeur de ces titres, les achats ont permis de contenir la hausse des taux hypothécaires et, selon de nombreux économistes, d'empêcher une aggravation de la récession." "Le rebond du marché du crédit ces 18 derniers mois jusqu'à la mi-octobre et la baisse du coût de l'emprunt qu'il a provoquée laissent penser que ce programme et d'autres mesures d'assouplissement quantitatif ont porté leurs fruits. Toutefois, comme les taux d'intérêt nominaux sont déjà très bas et que les rendements des bons du Trésor à 10 ans ont atteint 2,40% début octobre, certains doutent encore aujourd'hui que de nouveaux achats d'emprunts d'Etat par la Fed puissent donner une véritable impulsion supplémentaire à l'ensemble de l'économie. Les soldes de trésorerie élevés des entreprises et les chiffres modérés des dépenses de consommation récemment montrent qu'il faudrait peut-être en faire davantage pour susciter la demande." "D'après certains observateurs, de nouveaux plans de relance budgétaire sous une forme ou une autre pourraient s'avérer nécessaires pour aider l'économie américaine à renouer avec son rythme de croissance tendancielle d'environ 2,5%, plutôt que de se reposer sur les interventions de la Fed. Or les reprises consécutives à des crises financières comme celle qui a frappé l'économie mondiale il y a deux ans sont souvent fragiles et lentes parce que les systèmes bancaires ont besoin d'être remis en état et les bilans des entreprises d'être restaurés (...) nous pensons qu'une amélioration durable sur les fronts de l'emploi et des revenus est susceptible d'être le catalyseur décisif pour l'économie américaine ces prochains mois." AUT/ALO