La croissance européenne va se contenter de marquer le pas

09/11/2010 - 17:35 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'écart entre les pays de la zone euro dits principaux (Allemagne, France et Benelux) et les pays périphériques (Espagne, Portugal, Irlande et Grèce) a continué à se creuser. La croissance du PIB de l'Allemagne en glissement annuel a été beaucoup plus rapide que celle des Etats-Unis au deuxième trimestre 2010 (3,7% contre 1,6%). Les petits pays ayant des liens économiques étroits avec l'Allemagne (comme l'Autriche et les Pays-Bas) ont eux aussi enregistré une croissance soutenue", note Franklin Templeton Investments. "En revanche, la situation est restée nettement moins favorable dans des pays comme l'Espagne, l'Irlande et la Grèce, dont la croissance est devenue négative au deuxième trimestre. Des chiffres plus récents confirment cette tendance. Les commandes industrielles en Allemagne ont enregistré une progression solide de 3,4% en glissement mensuel en août et le taux de chômage de l'Allemagne a reculé pour le quinzième mois consécutif en septembre. En revanche, le taux de chômage de l'Espagne a augmenté pour atteindre 20% de la population active." "Si la croissance du secteur manufacturier s'est essoufflée dans l'ensemble de la zone euro en septembre, d'après l'indice des directeurs d'achat de Markit Economics, elle a en réalité chuté en Espagne, en Irlande et en Grèce. Les chiffres récents du climat des affaires et de la confiance des ménages ont mis en évidence un fossé comparable entre l'Allemagne et d'autres pays du nord de la zone euro d'une part et les pays de l'Europe du Sud plus mal en point d'autre part. Toutefois, les analystes pensent que l'Irlande et les pays d'Europe du Sud n'ont pas un poids suffisant pour faire replonger l'économie européenne dans la récession." "Nous estimons aussi que la croissance de la zone euro est plus susceptible de marquer le pas par rapport au taux enregistré au deuxième trimestre, à savoir 1,9% en glissement annuel. Un semblant de regain de confiance envers l'ensemble de la zone euro transparaît non seulement dans des indicateurs tels que l'indice du sentiment économique de la Commission européenne (qui a atteint un plus haut sur trois ans en septembre) mais aussi dans la chute marquée du montant des prêts à court terme de la Banque centrale européenne (BCE) que les banques de la zone euro ont renouvelés. Plutôt que de faire appel à la BCE, les banques européennes se sont à nouveau tournées vers les marchés interbancaires, ce qui a provoqué une envolée des taux d'intérêt pendant la première quinzaine d'octobre." "Tout élément laissant penser que les banques ont commencé à se passer des prêts de la BCE peut être considéré selon nous comme le signe d'un relâchement des tensions dans le système financier, de nature à accroître la probabilité que les marchés du crédit recommencent à faciliter la reprise économique. La baisse sensible de la demande de liquidités de la BCE par les banques et les signes montrant que la reprise reste sur les rails dans la zone euro plaident plutôt en faveur d'un abandon des mesures exceptionnelles de relance de l'économie. La BCE a déjà supprimé progressivement ses offres de liquidités à six et douze mois." "Cependant, compte tenu de la récente fermeté de l'euro et de la fragilité de la reprise, la BCE pourrait se montrer réticente à l'idée de prendre de nouvelles mesures draconiennes dans l'immédiat selon nous. La situation des pays périphériques reste un sujet de vive préoccupation. Leur croissance négative ou anémique et leur endettement grandissant se sont traduits par une nouvelle hausse du taux d'intérêt que les investisseurs ont exigé pour détenir la dette de ces pays ces derniers mois. Les problèmes persistants dans le sud de l'Europe et en Irlande montrent combien il est difficile de fixer un taux d'intérêt unique adapté à 16 pays très différents les uns des autres." "Nous pensons toutefois que la détermination politique à maintenir la cohésion de la zone euro reste très grande. L'une des plus importantes manifestations de ce sentiment est peut-être la création du Fonds européen de stabilité financière (FESF) afin d'appuyer les pays menacés d'exclusion du marché obligataire. Le FESF s'est vu attribuer de très bonnes notes par les principales agences de notation fin septembre. Outre les 440 milliards d'euros déjà mis à la disposition par les gouvernements européens, le Fonds pourra être complété par des lignes de crédit du FMI pour un montant de 250 milliards d'euros." "Le fonds a déjà été utilisé par la Grèce et la montée des tensions financières amène certains observateurs à penser que l'Irlande pourrait être la prochaine sur la liste. Accablé par l'obligation que l'Irlande ressent envers les investisseurs dans les obligations des banques locales, en particulier la célèbre Anglo-Irish Bank, le déficit budgétaire du gouvernement irlandais devrait ressortir à 32% du PIB cette année, soit un chiffre exorbitant, d'après le Ministère irlandais des finances. Même en négligeant le coût du renflouement du système bancaire, l'Irlande devrait enregistrer un déficit budgétaire record de 12% en 2010." "A l'instar de la Grèce, l'Irlande déploie des efforts effrénés pour réduire ses dépenses et augmenter les impôts. Fin septembre, le gouvernement de Dublin a annoncé son estimation finale du coût total du sauvetage du système bancaire (jusqu'à 50 milliards d'euros) et s'est engagé à injecter des capitaux supplémentaires. Les marchés semblent avoir été convaincus, du moins un bref instant. Ils ont aussi été rassurés d'apprendre que l'Irlande n'aurait pas besoin de faire appel aux marchés de la dette souveraine avant la mi-2011. Pour autant, l'Irlande n'est pas vraiment tirée d'affaire. Début octobre, des abaissements réels ou potentiels de la note de la dette souveraine du pays ont provoqué un nouvel élargissement du spread de ses emprunts d'Etat par rapport aux Bunds allemands. Fait plus inquiétant, le projet de l'Irlande de réduire son déficit budgétaire se fonde sur des prévisions de croissance que nous jugeons trop optimistes. Parallèlement, le risque d'une chute du gouvernement actuel de centre-droit, favorable au marché, ces prochains mois s'est accru." AUT/ALO