Taux zone euro : stratégie négative sur les périphériques (Dexia AM)

17/11/2010 - 15:15 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Après un mois de septembre positif pour les pays périphériques, octobre a annoncé une fin d'année difficile pour les pays du sud de l'Europe. Le taux à 10 ans moyen des PIIGS est ainsi passé de 6% fin septembre à près de 6,70% un mois plus tard. Comment expliquer un tel retour d'inquiétude ?", s'interroge Dexia AM. "Il y a tout d'abord la tragédie grecque qui n'en finit pas. Alors que les chiffres du budget 2009 avaient déjà été corrigés par Eurostat en avril, le Premier ministre grec a annoncé que le déficit devrait être révisé de 13% à plus de 15%." "Le ratio dette sur PIB pourrait ainsi atteindre 125%. Une telle révision entraîne inévitablement des doutes sur les efforts de consolidation fiscale à venir. Les perspectives budgétaires irlandaises et portugaises peinent à s'améliorer également. Même si le parlement portugais a adopté le budget 2011 avec un objectif de déficit à -4,6%, le marché s'inquiète de son implémentation." "L'autre gros doute du mois concerne le plan de stabilité financière (EFSF) qui pourrait être remplacé par un mécanisme de restructuration ordonnée de la dette. Cette idée, émise par les politiciens allemands, illustre les craintes autour de l'EFSF et de sa garantie en cas de défaut d'un État de la zone euro. Dans ce contexte, que fait la BCE ? Elle poursuit sa stratégie de sortie tout en arrêtant d'acheter de la dette périphérique. Après une réduction des opérations de refinancement à long terme en septembre, les liquidités excédentaires ont légèrement remonté fin octobre et devraient se situer entre 50 et 75 milliards d'euros. L'Eonia pourrait donc être poussé à la baisse, dans une fourchette entre 0,59% et 0,68%, d'ici le début de l'année prochaine." "En effet, comme c'est la demande qui fait l'offre dans ce cas et que la demande pourrait remonter, mécaniquement le prix de l'argent au jour le jour pourrait baisser. L'Eonia a désormais changé de régime et sa fluctuation dépendra principalement des montants des nouvelles opérations de liquidité. Sur le long terme néanmoins, la fin des opérations à montant illimité devrait entraîner un retour de l'Eonia vers le taux directeur de 1%." "Du côté économique, même si la croissance européenne est encore faible, la France et l'Allemagne (rebond notable de l'indice IFO) poussent les chiffres ISM à la hausse. Seule la Grèce subit une très grave récession. La prochaine étape pourrait être le rebond de la consommation allemande. Elle pourrait permettre un rééquilibrage des déséquilibres européens. L'Allemagne doit plus consommer et les pays à déficit courant négatif doivent corriger leur perte de compétitivité. Malgré cette situation économique qui s'améliore et en dépit du rebond des taux courts, les taux longs allemands restent proches de 2,50%, au milieu d'un intervalle entre 2,10% et 2,80%." "Comme d'habitude depuis maintenant presque un an, c'est le comportement des pays périphériques qui explique tout. Le ré-écartement généralisé des spreads des pays périphériques soutient la dette des pays AAA. Notre stratégie est restée prudente : neutre en duration et négative sur les pays périphériques. Désormais proche de la fin d'année, la baisse de la liquidité, conjuguée aux risques politiques, nous oblige à une grande prudence sur l'allocation pays." AUT/ALO