Sous-pondérer les obligations d'Etats développés et favoriser l'or

18/11/2010 - 12:02 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La corrélation entre les classes d'actifs est sensiblement en baisse. Par exemple, les actions chinoises bénéficient d'une croissance économique soutenue, alors que l'évolution des actions des pays développés dépend de la définition de la prochaine politique économique américaine. La baisse de l'aversion au risque a pénalisé une partie des actifs refuges: le franc suisse et l'or", note Pictet & Cie. Le gestionnaire affirme sous-pondérer les obligations souveraines des Etats développés et favoriser l'or. "Depuis quelques semaines, le marché des changes est moins dirigé par les facteurs d'aversion au risque, mais plus par les fondamentaux économiques classiques tels que les écarts de croissance économique et de taux d'intérêt entre les zones. Les taux de change sont devenus un instrument de politique économique. Mais, de par la symétrie des taux de change, il y a des pays gagnants et des perdants. Ceux qui voient leur monnaie s'affaiblir améliorent leur compétitivité sur les marchés étrangers. A ce jeu, ils ne sont pas nombreux. Les Etats-Unis figurent comme le principal gagnant. Le dollar, indicé sur six grandes monnaies, s'est affaibli de près de 13% depuis le début du mois de juin." "L'assouplissement quantitatif de la Fed devrait continuer à affaiblir le dollar vis-à-vis de toutes les monnaies, y compris l'euro, car il se traduit par une offre de dollars supérieure à la demande, conduisant à son affaiblissement. A l'inverse, les pays affichant une croissance économique forte ou des niveaux de taux d'intérêt attractifs pâtissent de la hausse sensible de leur monnaie. A ce chapitre, on trouve surtout les devises des pays émergents et les devises des pays producteurs de matières premières. S'y ajoute le yen. Ces pays ne voient pas d'un bon oeil cette tendance, d'autant plus que leur économie repose en grande partie sur les exportations. Ainsi, de plus en plus nombreux sont les pays qui tentent d'enrayer la réévaluation de leur monnaie par un contrôle des capitaux, des interventions sur les marchés ou une taxation sur les flux de capitaux. Mais ils obtiennent un succès limité. Dans ce contexte, la volatilité des taux de change devrait rester très élevée, ce qui complique le travail de l'investisseur. Le franc suisse a également baissé vis-à-vis des autres grandes monnaies, et notamment l'euro." "L'assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale sur un programme d'achat d'obligations du Trésor vise également à maintenir le coût de financement de l'économie le plus bas possible. De plus, les pressions inflationnistes n'apparaissent pas dans les économies développées, contrairement à ce que l'on constate dans les pays émergents. Cette double tendance conduit à des taux d'intérêt - surtout sur la partie 5 à 10 ans de la courbe de taux - particulièrement bas aux Etats-Unis. Par effet mécanique, les taux d'intérêt européens devraient rester également bas." "En revanche, à 2,6%, le potentiel de baisse supplémentaire du taux d'intérêt des obligations d'Etat à 10 ans américaines nous paraît limité. La rentabilité des obligations souveraines pour l'investisseur sera donc égale au rendement offert par le coupon des obligations d'Etat, auquel il faut soustraire tout impact de la remontée des taux d'intérêt. Si nous ne craignons pas une hausse des taux d'intérêt, en revanche, la volatilité des taux augmente sensiblement. En conséquence, le ratio rentabilité-risque de cette classe d'actifs nous paraît peu attractif pour l'investisseur. Nous sous-pondérons ainsi les obligations souveraines des Etats développés dans nos portefeuilles." "Les fondamentaux des marchés actions divergent sensiblement d'un pays à l'autre. Dans les marchés développés, la prochaine politique économique américaine sera cruciale pour la tendance des grands indices américains et européens. Si la politique monétaire ne déçoit pas et qu'une majorité républicaine sort des urnes, la situation serait idéale, le potentiel d'appréciation du marché américain nous paraissant significatif en 2011 et de l'ordre de 20% à partir des niveaux actuels." "En revanche, une politique économique peu convaincante, soit parce que le volet budgétaire n'est pas suffisamment stimulant, soit parce que la politique monétaire anticipée n'est pas au rendez-vous, constituerait un facteur de forte déception, susceptible d'entraîner une correction d'au moins 10%. Dans tous les cas, l'établissement de scénarios montre que le comportement des marchés actions est fortement dépendant des décisions de politique économique, et non pas seulement de l'analyse des mécanismes économiques sous-jacents à l'oeuvre et de leurs conséquences." "La visibilité des fondamentaux économiques est donc mauvaise. Cela a deux conséquences majeures : premièrement, les actifs risqués tels que les actions subissent une décote de valorisation. Celle-ci sera d'autant plus durable que le manque de visibilité perdurera. Deuxièmement, le couple rentabilité-risque de cette classe d'actifs est peu attractif. Ceci nous conduit à nous concentrer sur les zones dans lesquelles la visibilité sur la croissance économique est meilleure. Sous cet angle, les pays émergents apparaissent séduisants, à condition que leur valorisation ne reflète pas encore cette croissance." "Le réveil du marché chinois est à mettre dans cette catégorie. Il est en hausse de plus de 25% depuis les points bas du mois atteints en juillet. Compte tenu de la croissance économique du pays, l'indice Shangaï Composite nous semble encore recéler un potentiel de hausse. Au cours du mois d'octobre, les cours de l'or se sont stabilisés autour de 1.350 dollars l'once (970 euros l'once). La détente de l'aversion au risque a pénalisé les actifs refuges classiques : le dollar, le franc suisse et l'or." "Dans notre allocation d'actifs, l'or reste un actif stratégique. En cas d'inflation ou en cas d'assouplissement quantitatif, le métal jaune demeure en effet un actif qui possède les qualités d'assurance de portefeuille." AUT/ALO