Pictet & Cie haussier sur les devises asiatiques

18/11/2010 - 12:41 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les nouvelles économiques en provenance d'Asie sont excellentes et les investissements dans cette région affluent à un rythme soutenu. Pour bénéficier pleinement du potentiel de rentabilité offert par l'Asie, il est nécessaire de bien gérer l'exposition au risque de change", affirme Pictet & Cie. "A un horizon de dix ans, nous sommes haussiers sur la majorité des monnaies", ajoute le gestionnaire, qui favorise le won coréen, le baht thaïlandais et le dollar singapourien. "La croissance des pays asiatiques émergents devrait atteindre 8,7% en 2011, soit plus de trois fois la croissance des pays développés (2,4%), selon les estimations du Fonds Monétaire International. Cet optimisme se traduit par des flux massifs de capitaux nets en direction de l'Asie - environ 320 milliards de dollars en 2011 selon l'Institute of International Finance (IIF) - qui se taille la part du lion en comparaison avec les autres pays émergents d'Europe et d'Amérique latine." "La région qui devrait croître le plus rapidement est l'Asie et c'est elle aussi qui devrait recevoir les flux d'investissement les plus importants. L'attrait de l'Asie en tant que destination pour les investisseurs en obligations ne cesse d'augmenter. Dans les grands pays développés que sont les Etats-Unis, les pays de la zone euro, le Royaume-Uni et le Japon, les taux d'intérêt se situent à des niveaux planchers et la crise de la dette grecque a montré que ces placements n'étaient pas sans risque. En Asie par contre, les banques centrales ont débuté un cycle de hausse des taux d'intérêt et les agences de notation confirment l'amélioration de la qualité de la dette souveraine." "La dynamique asiatique se traduit également par une appréciation des devises. Depuis leurs points bas atteints vers la fin 2008 après la crise des subprimes, les monnaies asiatiques ont fortement rebondi. Par rapport aux devises de leurs principaux partenaires commerciaux, le baht thaïlandais a progressé de 8,6%, le dollar singapourien de 6,7% et le won coréen de 15,2%. Par rapport au dollar américain, le dollar singapourien, le ringgit malais et le baht ont atteint les niveaux les plus élevés depuis la crise asiatique de 1997." "Les monnaies asiatiques d'aujourd'hui ne ressemblent guère à celles des années 1990. En effet, l'amélioration des fondamentaux économiques les ont transformées, les faisant passer de monnaie de spéculation à monnaie de placement à long terme. Elles offrent en outre un potentiel de diversification par rapport aux grandes monnaies des pays développés à travers le découplage de leurs économies." "Depuis 2000, la performance des investissements sur les marchés asiatiques mesurés en dollar américain ou en euro montre que l'impact des changes est important. Dans les pays où la monnaie s'est appréciée face au dollar (Malaisie, Singapour et Thaïlande), la performance annuelle moyenne en dollar des actions a été majorée de plus de 2%, soit entre un quart et la moitié de la performance totale réalisée par ces mêmes marchés. Depuis 2000, l'appréciation globale de l'euro (+40% face au dollar américain) a exercé une incidence négative sur le rendement total des investissements." "En effet, l'appréciation de l'euro a réduit la performance moyenne annuelle de 1% à 5% selon les pays. Les caractéristiques des monnaies asiatiques les classent dans la famille des devises cycliques. Elles évoluent de façon plus ou moins synchrone avec le cycle économique mondial. La devise la plus cyclique est le won coréen, dont les mouvements sont parfois interprétés comme un indicateur du sentiment du marché par rapport à l'économie mondiale. Dès lors, il n'est pas étonnant que le won se soit déprécié de près de 30% face à ses principaux partenaires commerciaux entre 2006 et 2009." "Les roupies indienne et indonésienne, le peso philippin et le baht thaïlandais font également partie de la famille des monnaies cycliques. La guerre des devises qui fait actuellement les gros titres de la presse économique est un nouveau facteur de volatilité qui devrait continuer d'influencer le marché des changes ces prochains trimestres. La Corée du Sud et la Thaïlande sont intervenues récemment sur le marché des changes dans le but d'infléchir le rythme d'appréciation de leur monnaie. D'autres mesures pourraient encore être prises et la réunion du G20 en novembre pourrait ajouter de la volatilité à court terme." "De manière générale, il faut noter que les monnaies asiatiques sont petites, dans le sens où elles ne représentent qu'une faible part des transactions journalières sur le marché des changes. Le won coréen, qui est la monnaie la plus traitée au sein de notre échantillon, représente 1,5% des transactions journalières, alors que le dollar américain est utilisé dans près de 85% des transactions et l'euro dans 39%." "Notre top 3 : dollar singapourien, won et baht. En tête du classement, nous trouvons le dollar singapourien et le won coréen, deux monnaies qui appartiennent aux pays les plus avancés de notre échantillon. Outre leur attrait à long terme, ces deux monnaies offrent également de belles opportunités pour ces douze prochains mois. Le dollar singapourien s'apprécie progressivement et l'autorité monétaire locale ne s'en inquiète guère, suggérant que des interventions sur le marché des changes sont très peu probables, contrairement à ce qui se produit pour d'autres monnaies." "Selon nos estimations, le won coréen est bon marché et devrait s'apprécier en même temps que l'Asie continue de se développer. Le baht thaïlandais apparaît en troisième position de notre classement. Bien que son développement et ses institutions soient bien jugées, sa balance des paiements signale que le risque associé à cette monnaie est élevé en cas de choc sur le système monétaire international. De ce point de vue-là, le ringgit malais nous paraît une assez bonne alternative, mais la liquidité de cette monnaie est particulièrement faible." "En nous basant sur les différentiels de productivité et d'inflation entre les pays d'Asie et les Etats-Unis, nous pouvons quantifier un potentiel d'appréciation annuel moyen des monnaies asiatiques sur les dix prochaines années par rapport au dollar américain. Selon cette méthode, le won coréen devrait s'apprécier annuellement de 0,2% en moyenne, le dollar singapourien et le ringgit malais de 0,5%, et le baht thaïlandais de 1,2%." "Parmi les devises les moins attractives, nous trouvons le dong vietnamien et la roupie indienne, qui pourraient se déprécier ces dix prochaines années si leur inflation n'est pas maitrisée. Ces deux monnaies souffrent de problèmes au niveau de leurs institutions, se traduisant par un niveau élevé d'inflation et par des balances commerciales chroniquement déficitaires. Ces deux éléments pèsent lourdement sur leur potentiel d'appréciation dans une optique risque-rendement. Nous recommandons de couvrir le risque de change sur ces deux devises." "Nous avons volontairement omis la Chine de notre classement. La raison principale est que sa monnaie est contrôlée d'une main de fer par le gouvernement. L'appréciation du renminbi n'est donc pas seulement dictée par les forces économiques, mais aussi par les enjeux de politique internationale. A titre d'exercice, nous avons cependant introduit la Chine dans notre classement et le résultat est sans appel : le renminbi arrive en tête de classement dans les quatre groupes et son potentiel d'appréciation est estimé à plus de 4% par année." AUT/ALO