Asie : 2011 pourrait ressembler à 2005 (Edmond de Rothschild AM)

18/11/2010 - 16:29 - Option Finance

(AOF / Funds) - "(...) 2011 pourrait ressembler à 2005, avec une croissance des profits plus modérée (+5% sur un an glissant en 2005, mais nous attendons +10% en 2011) sans que cela ne gêne les marchés boursiers. Nous avions connu une hausse des indices asiatiques de 36% sur un an glissant en euros et de 20% en dollars sur 2005. Au niveau des pays, nous restons positionnés sur la Chine et Hong Kong, nous sommes très présents sur des pays comme la Corée, la Thaïlande et les Philippines, peu chers et encore assez sous-investis par nombre d'investisseurs et nous attendons un bon point d'entrée sur l'Inde." "La zone Asie hors Japon est une région qui est sortie renforcée de la crise de 2008 avec, notamment, un système bancaire sain qui n'a pas eu à diluer massivement ses actionnaires existants. Avec des bilans solides, les banques asiatiques sont entrées dans un cycle du crédit qui gagne en vitesse avec un taux de croissance de plus de 20% enregistré en Inde, en Thaïlande et en Indonésie, par exemple." "Avec des taux d'intérêt à des niveaux historiquement bas - mais étroitement surveillés, comme en témoigne récemment l'action de la PBOC, la banque centrale chinoise - l'effet d'entraînement sur la formation de capital, la consommation et le développement des marchés de capitaux domestiques est très visible. A cela s'ajoute des sociétés et des Etats peu endettés, une situation à comparer avec les pays développés." "Autre facteur à prendre en compte, l'inflation. Le contexte actuel d'une inflation modérée est lui aussi favorable aux pays asiatiques ; c'est un facteur essentiel à l'expansion du retour sur fonds propres (nous approchons les 14,8% de ROE en 2010 pour la région et devrions dépasser les 15% en 2011) alors que la valorisation, même après la bonne performance des 18 derniers mois, reste raisonnable à 2,0x la valeur d'actif net pour 2011. Nous sommes loin des niveaux de bulle situés à 2,8-3,0x." "Sur le plan géographique, les structures de croissance varient mais la dynamique, en définitive, reste la même. Le moteur chinois est bien reparti et l'Inde poursuit son expansion. La région entière en profite. Certains pays, comme l'Indonésie et les Philippines, bénéficient, en plus, d'une dynamique démographique très porteuse. Mais surtout, le géant chinois stimule les initiatives, comme le démontre l'offre d'achat de la bourse de Singapour sur celle de Sydney pour essayer de rester dans la course face à Hong Kong et Shanghai." "Enfin, il est important de mentionner la Corée, qui n'a pas ménagé ses efforts en termes d'investissements dans la haute technologie dans tous ses segments industriels de pointe au cours des années passées. Ce pays se voit récompensé par un positionnement de plus en plus dominant et même menaçant pour le Japon sur des segments clés. Le cas des projets nucléaires remportés au Moyen-Orient et en Turquie en témoigne. L'automobile en est un autre avec une marge opérationnelle de plus de 8% pour Hyundai, contre moins de 3% pour Toyota ou Renault. Nous sommes tentés de comparer ce succès de la Corée, qui va au-delà d'un simple effet devise, à celui de l'industrie allemande et de son superbe maintien de compétitivité mondiale." "L'Inde, nous l'avons dit, s'est très bien reprise et devrait croître aussi vite que la Chine à partir de 2012. Le danger majeur pour ce pays serait un emballement comme nous en avons connu à la fin 2007, emballement qui appellerait un coup de frein violent, jamais très apprécié des marchés." "Notre processus d'investissement repose sur la recherche de thèmes porteurs dans la région, à savoir la croissance de la consommation domestique, le développement des infrastructures et les échanges inter-émergents. Un thème est porteur lorsqu'il est générateur d'une croissance supérieure à celle de la moyenne de la région, lorsqu'il ne va pas à l'encontre de notre scénario macroéconomique sur l'économie mondiale sur les 12 à 18 prochains mois et lorsqu'il existe des valeurs boursières investissables à même de capter de la performance sur ce thème. Nous sommes aujourd'hui bien présents sur des thèmes porteurs aussi divers que les matières premières agricoles, les écrans tactiles pour téléphones et tablettes, les équipements lourds d'infrastructure, l'internationalisation du yuan à Hong Kong et l'envol de l'automobile coréenne au niveau mondial." "Cette diversité démontre combien il est intéressant de pouvoir investir là où le potentiel est le plus important. Ce n'est pas forcément, du point de vue de l'actionnariat, en Chine ou en Inde uniquement. Cette année encore, il s'avère très lucratif - et cela va continuer selon nous - de capitaliser sur certaines thématiques porteuses - très liées à la Chine - au sein de marchés plus petits comme l'Indonésie, la Corée ou les Philippines plutôt que sur la bourse chinoise par exemple. Les meilleurs titres boursiers, en termes de retour sur investissement, ne sont pas systématiquement sur les plus gros marchés. D'où l'intérêt d'un fonds investi sur l'Asie, qui génère une performance supérieure dans ces plus petits pays qui bénéficient tout autant, sinon plus, à leur échelle, de la dynamique de leurs grands voisins." "Le cas des Philippines illustre très bien ce propos. Meilleur marché boursier asiatique avec l'Indonésie depuis le début de l'année, ce pays est très dépendant de la Chine. Quand la Chine se porte bien, les Philippines peuvent développer leurs exportations, investir dans leurs infrastructures et créer un contexte domestique très favorable et très bénéfique aux sociétés cotées. La Bourse de Manille est en hausse de plus de 50% depuis le début de l'année, en euros. On retrouve dans ce pays tout ce qui fait l'attrait des marchés émergents." Le gestionnaire résume : "une consommation domestique qui compte pour 75% du PIB du pays, contre 60% pour l'Inde, par exemple ; des dépenses d'infrastructure qui, après avoir stagné à 3% du PIB depuis plusieurs années, s'accélèrent avec un grand programme de partenariat public/privé lancé avant la fin de l'année sur des lignes de trains/métro, des autoroutes, des projets d'irrigation et de traitement des eaux pour un montant initial de 5 milliards de dollars ; un crédit bancaire encore peu utilisé mais qui n'a jamais été aussi peu cher (HSBC Manille propose actuellement un taux d'emprunt immobilier à 5,99% pour la première année alors que les taux étaient encore supérieurs à 10% il y a deux ans) ; du point de vue de l'actionnariat, de plus en plus de sociétés de qualité sont cotées dans ce pays et la croissance des profits 2011 devrait dépasser 15% après une année 2010 déjà riche, à +25%". "Nous avons augmenté de façon significative notre exposition au marché chinois durant l'été après avoir été plutôt en ligne avec les indices sur le premier semestre 2010. Le couple Chine/Hong Kong représente désormais plus de 45% du portefeuille et nous sommes exposés au marché des valeurs A de Shanghaï. La sous-performance massive de la Chine par rapport à l'Inde par exemple, sur la première moitié de l'année, s'est expliquée par la mise en place d'une politique de resserrement monétaire et de contrôle de l'immobilier en Chine, très en avance sur tous les autres pays émergents et développés." "Ces phases de resserrement sont toujours délicates pour les marchés actions, mais une fois passées, la visibilité se révèle meilleure que pour les pays toujours dans l'incertitude quant à la politique à adopter. La hausse des taux d'intérêt de 25 bps, annoncée en Chine il y a peu, devrait stabiliser la situation et même être favorable à de grands secteurs de la cote chinoise très en retard comme les banques et les assurances. C'est aussi le signe fort que la Chine peut se permettre de normaliser sa politique monétaire avant tout le monde, signe d'une économie en bonne santé." "L'écart de valorisation entre les marchés chinois et le reste de l'Asie avait atteint un niveau historiquement bas alors que la croissance des profits des sociétés n'était pas spécialement inférieure. Nous assistons actuellement à une phase de rattrapage. La Chine continue de traiter à un PE 2011 de 12,6x, en ligne avec la région. Nous restons, d'autre part, très positifs sur plusieurs pays proxy de la Chine comme l'Indonésie." AUT/ALO