Pétrole : les cours devraient évoluer autour de 80 dollars le baril à CT

19/11/2010 - 15:20 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Nous avons été surpris la semaine dernière par la baisse des importations américaines de brut. Nous anticipions que la hausse des cours du brut se traduirait par le déplacement des stocks de brut des producteurs vers les stocks. Alors que les déclarations des porte-parole de l'Opep suggèrent que l'organisation se satisfera en définitive de cours compris entre 70 et 80 dollars par baril, et que les cours ont approché des 90 dollars, nous devrions observer une augmentation progressive des stocks de brut", anticipe Natixis. "Au cours des prochaines semaines, nous examinerons avec une attention particulière les chiffres des stocks de brut, qui pourraient croître en cas de repli des cours vers les 80 dollars, voire en-deçà." "L'impact de la demande chinoise est un autre grand facteur d'incertitude pour le marché du pétrole. En octobre, les importations chinoises de brut se sont effondrées, illustrant le faible appétit des raffineurs chinois à ces niveaux de prix, alors que leur rentabilité est progressivement réduite à mesure que les cours du brut dépassent les 80 dollars. En effet, au-delà de ce seuil, les prix des produit pétroliers augmentent moins rapidement que les cours du brut, de sorte que les profits des raffineurs sont maximisés lorsque les cours atteignent 80 dollars." "En Chine, malgré cette baisse des importations de brut, les volumes raffinés ont atteint en octobre un nouveau record, la hausse étant alimentée à la fois par la forte et traditionnelle circulation automobile du mois d'octobre (concentrée sur les congés nationaux du début du mois) et du niveau élevé de la demande de diesel provoquée par le basculement de l'électricité aux générateurs diesel des entreprises affectées par les mesures visant à atteindre les objectifs d'intensité énergétique." "Nous pensons que ce phénomène explique une partie de la baisse récente des stocks de mazout-léger observée aux États-Unis, quoique que les chiffres du DoE américain ne permettent pas de l'affirmer avec certitude. Nous pensons que la forte demande de diesel devrait se maintenir jusqu'à fin décembre, ce qui pourrait impacter les exportations asiatiques de mazout léger et se traduire par une nouvelle baisse des stocks au cours des prochaines semaines, qui continuera à profiter aux crack spreads sur le fuel domestique. La forte baisse de la demande américaine de mazout léger, au cours de la semaine du 12 novembre est toutefois surprenante et pourrait, si elle se confirmait, contribuer à compenser la hausse de la demande chinoise." "Au cours des dernières semaines, nous avons indiqué que les cours du pétrole devraient refluer vers les 80 dollars la baril, suggérant que le mouvement d'euphorie lié à la décision de la Fed de renouer avec la détente quantitative masquait une situation fondamentale moins rose. Alors que la correction est désormais largement en place, nous nous demandons si les cours vont rester ancrés aux alentours des dollars, comme ils l'ont été pendant l'essentiel de l'année ou s'ils peuvent baisser en deçà." "Notre crainte majeure est qu'une surchauffe apparaisse dans les pays en développement, qui pourrait se trouver aggravée si les États-Unis tentaient de faire croître leur économie à un rythme plus rapide que l'économie mondiale ne peut le supporter. L'Inde, qui a procédé à des relèvements de taux pendant l'essentiel de l'année, a été récemment rejointe par la Corée du Sud et la Chine où l'inflation a dépassé les 4%. Compte tenu du comportement des raffineurs chinois, qui importent du pétrole lorsque les coûts sont inférieurs ou égaux à 80 dollars le baril et réduisent leurs importations lorsque les cours dépassent ce seuil, nous pensons que de nombreux facteurs contribuent au maintien des cours à 80 dollars, ou légèrement en dessous de ce seuil." "Un tel niveau est également cohérent avec les règles de fixation des prix des produits pétroliers chinois, les marges de raffinage étant au maximum lorsque les cours se situent aux environs de 80 dollars, et se réduisent fortement lorsque les cours excédent largement ce seuil. Le danger pour le marché du pétrole pourrait provenir d'une détérioration de la demande mondiale liée à un ralentissement de la croissance des pays en développement. Néanmoins, un tel risque ne se matérialiserait pas avant un certain temps et ne devrait donc pas affecter les cours du pétrole dans l'immédiat. Nous ne pouvons toutefois pas l'écarter à un horizon de trois à six mois." AUT/ALO