"QE 2" : entre promesses et réalités, distinguer les moyens des objectifs

22/11/2010 - 10:56 - Option Finance

(AOF / Funds) - La première phase de l'assouplissement quantitatif avait eu un impact significatif sur les taux du marché hypothécaire américain. La deuxième couche de la Réserve fédérale est elle aussi particulièrement importante par ses modalités. Mais l'analyse de la situation actuelle et les perspectives que l'on peut tirer sont assez différentes selon le point d'observation (marché ou macro) que l'on prend. Quelle sera la variable d'ajustement avec un momentum macro plutôt positif, et un regain de tension sur quelques dettes souveraines ? L'un des deux devra réviser sa position. Le rôle des banques centrales et le niveau tout comme la tendance des taux d'intérêts réels donnent un "effet de richesse" positif visant à ressolvabiliser essentiellement les ménages. Cependant, l'articulation avec des politiques budgétaires plutôt décoordonnées devrait normalement rajouter de la volatilité sur les marchés. La balance des différents facteurs positifs (liquidités, profitabilité, volatilité) et négatifs (déficits des finances publiques, faibles anticipations de croissance dans les pays développés) fait bien apparaître une différence profonde. Ce fossé, entre ceux qui pourraient être considérés comme conjoncturels - plutôt bien orientés - et ceux plus structurels, devra être réduit par une amélioration de ces derniers, condition d'une vraie bascule de portefeuille vers les actifs risqués, illustrable par un "switch" des obligations de crédit vers les actions. En attendant, l'allocataire continue de préférer les titres de crédit (obligations émises par les entreprises privées notamment et la dette émergente), principalement ceux à haut rendement, bénéficiant encore de conditions techniques et fondamentales favorables. Malgré une asymétrie de sensibilité aux spreads souverains et à la volatilité des actions, leur taux absolu est encore attractif en termes de portage et offre un point mort élevé en cas de tension sur les taux. Dans ce contexte, pour accroître son exposition directionnelle aux actifs risqués, l'investisseur devra trancher entre 1) le rationnel, caractérisé par l'analyse macro et la valorisation des marchés, et 2) le psychologique, illustré par les risques de remontée des taux d'intérêts réels, l'hétérogénéité divergente, voire la sortie de route sur les dettes souveraines euro et l'inflation dans les pays émergents. Pour le moment, en privilégiant un scénario central de ralentissement, inégal mais sans rechute, et des politiques monétaires accommodantes, nous maintenons un biais en faveur des actifs émis par les entreprises (actions tout comme obligations privées). Par Patrick de Fraguier, responsable de la stratégie, Amundi AUT/CHR