Irlande : le risque souverain est aussi politique (Natixis)

25/11/2010 - 10:50 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La décision de S&P d'abaisser la note de l'Irlande hier de AA- à A avec une perspective négative pose encore une fois la question du timing. L'abaissement de deux notes fait en effet moins question. S&P met assez justement en avant la hausse des besoins de recapitalisation de son secteur bancaire pour justifier sa décision. C'est plus une nouvelle fois la question du timing de la décision annoncée hier tard", affirme Natixis. "Le downgrade arrive en effet après la guerre (le risque bancaire a explosé et a été repris par l'Etat) voire après la paix (un plan de soutien est en cours). En définitive les ratings viennent plus souvent acter des évolutions qu'ils n'aident à les anticiper. Par rapport au marché des CDS, ils apportent peu de pouvoir prédictif (...) les changements de note sont très largement précédé par des mouvements de spreads ou de CDS. Les marchés semblent, là aussi, mieux anticiper les risques que les agences de notation." "Le gouvernement a présenté son plan de réduction de déficit. Comme attendu, l'Irlande devrait faire 15 milliards d'euros d'économies pour ramener le déficit à 3% d'ici 2014. La croissance est attendue à 2,7% sur les 4 prochaines années (1,75% en 2011, 3,25% en 2012, 3% en 2013 et 2,75% en 2014) ce qui semble optimiste en moyenne. Les dépenses seront réduites de 10 milliards d'euros avec 7 milliards d'euros d'économies sur les dépenses d'Etat (-2,8 milliards d'euros de dépenses sociales et -1,2 milliards d'euros de salaires publics) et 3 milliards d'euros en moins d'investissement alors que le salaire minimum, le deuxième plus généreux en Europe sera réduit à 7,65 euros." "Les dépenses d'Etat passeraient ainsi de 49% du PNB à 36% d'ici 4 ans. Côté recettes, l'impôt sur les revenus sera alourdi et devrait être payé des 15.300 euros, la TVA sera augmentée de 21% à 23% d'ici 2014. L'impôt sur les sociétés à 12,5%, au coeur de la stratégie de croissance irlandaise (HP avait fait savoir qu'il pourrait quitter le territoire) a été lui sauvegardé. La taxe était notamment dans la ligne de mire franco-allemande... Le vote final aura lieu le 7 décembre et devrait passer, l'opposition ayant accepté de ne pas s'y opposer avec la perspective des élections anticipées au début de l'année prochaine tout en déclarant aujourd'hui qu'elle pourrait renégocier tout ou partie du plan une fois au pouvoir." "Le Fine Gael devrait ainsi détailler son propre plan de réduction à 4 ans la semaine prochaine. Le risque souverain est donc bien pour (tout ou) partie un risque politique. Au total, le déficit devrait revenir à 9,1% l'année prochaine et le pic de la dette serait atteint en 2012 à 102% du PIB." AUT/ALO