Premier bilan décevant du QE2 (Natixis)

26/11/2010 - 11:04 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Le QE2 a, en principe, plusieurs objectifs. Il est notamment supposé stimuler l'activité, aider la banque centrale à atteindre son objectif de plein emploi. Il est aussi supposé pousser l'inflation vers une zone plus confortable (la Fed est satisfaite quand l'inflation sous-jacente est légèrement inférieure à 2%). Il est bien sûr largement prématuré de mesurer l'impact de cette stratégie sur l'emploi et l'inflation", estime Natixis. "La seule chose que l'on peut dire, à ce stade, est que la tâche est immense, puisque le taux de chômage est proche du record atteint au début des années 1980, et que l'inflation sous-jacente est à un plus bas historique (0,6%), et conserve un potentiel baissier." "On peut aussi se demander par quels mécanismes de transmission ce QE2 permettra à la Fed d'atteindre ses objectifs (en particulier, on ne voit pas très bien pourquoi l'injection supplémentaire de liquidités inciterait les banques à prêter davantage, alors qu'elles sont déjà très cash rich). Mais ce n'est pas le propos ici. Encore une fois, il est bien trop tôt pour établir un bilan économique." "Nous nous intéressons ici aux autres objectifs du QE2, qui sont : le maintien des taux longs aussi bas que possible ; la stimulation des anticipations inflationnistes à court terme, de façon à aplatir la courbe des points morts d'inflation. Le premier objectif n'est pour l'instant pas atteint : depuis le 3 novembre, le rendement du T-note 10 ans a grimpé de 40pb, pour s'afficher aujourd'hui au-dessus de 2,90%. Même les rendements des T-notes 2 ans ont grimpé, d'une vingtaine de points de base environ sur la période." "Les achats effectifs de T-notes dans le cadre du QE2 à partir du 12 novembre n'ont guère ralenti la tendance haussière des rendements. Il est assez difficile d'expliquer leur comportement : il ne procède pas d'une hausse des points morts d'inflation : sur les maturités proches de 10 ans, ceux-ci sont relativement stables ; sur les maturités plus courtes, ils baissent depuis l'annonce du programme de 600 milliards de dollars. Dans le meilleur des cas - et c'est une hypothèse assez probable - cette hausse des rendements est conforme à l'adage buy the rumor, sell the fact, et ne devrait pas durer bien longtemps." "S'agissant des anticipations inflationnistes, la déception est plus grande : comme on vient de le voir, les points morts d'inflation des T-notes de maturité 10 ans se sont stabilisés, et ceux des T-notes de maturité 2 ans ont baissé. Conséquence : la courbe des points morts d'inflation s'est pentifiée." "Visiblement, le marché se comporte, pour l'instant, comme si les forces déflationnistes (désendettement, baisse du coût unitaire du travail, etc...) primaient à court terme, et que les effets à long terme étaient neutres. Il était sans doute assez prétentieux, de la part de la Fed, de prétendre pouvoir gérer les anticipations inflationnistes différemment selon l'échelle de temps considérée. Le risque, de surcroît, est que tôt ou tard les investisseurs mettent dans les B/E longs les risques inflationnistes associés aux excès de liquidité, voire à l'affaiblissement du dollar (ce que craint notamment Hoenig)." AUT/ALO