Barings revalorise les actions, la santé et l'énergie, baisse la finance

29/11/2010 - 16:36 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Il y a eu peu de changement sur le front de l'économie ce mois-ci. De ce fait, nos débats se sont portés sur les questions de politique monétaire, le QE2 restant au centre de nos préoccupations sans oublier le problème de la crise de la dette souveraine européenne. Nous pensons que les conséquences de la politique monétaire de la Fed pourraient être négatives à long terme, mais sans savoir quand ces effets négatifs se feront sentir", estime Barings dans sa lettre d'allocation mensuelle. "A court terme, les leçons de l'histoire montrent que ce type de politique monétaire extrêmement accommodante tend à favoriser le prix des actifs et tout particulièrement celui des actifs risqués, ce qui correspond à la volonté affichée de la Fed." "Cette politique risque de causer des frictions avec les pays émergents qui voient dans l'action de la Fed un programme orchestré pour faire baisser le dollar et réduire leur déficit commercial. Dans la mesure où de nombreux pays ont de fait basé leur modèle économique sur la création d'excédents commerciaux, il semble vraisemblable qu'ils se battent pour tenter de conserver leur avantage. La réponse du Brésil constitue sans doute un bon indicateur. Le Brésil est inquiet de la hausse de 17% de sa monnaie et de son impact sur son secteur manufacturier. Le pays a de ce fait instauré des taxes significatives pour tenter de décourager les investissements étrangers en actions et obligations brésiliennes. Les taux brésiliens sont déjà élevés, mais comme c'est le cas dans de nombreux pays émergents, cette politique de taux ne correspond pas au coût réel du capital dans le pays. D'énormes flux de crédit sont toujours disponibles à des tarifs subventionnés. Mais quel sera l'effet de ces distorsions joint à la complication de cette nouvelle fiscalité sur l'efficacité économique du pays ?" "Le fait que les Etats-Unis interviennent autant sur les marchés, voire même plus que le Brésil, donne à réfléchir. En effet, ils cherchent à faire baisser les taux. Cela a pour conséquence que les acteurs économiques ne savent plus vraiment à quoi correspond réellement le taux sans risque. Ceci signifie probablement que les décisions d'investissement et de dépenses risquent d'être modifiées sur toute une gamme de secteurs économiques et ce pour une longue période, entraînant éventuellement de mauvaises allocations de capitaux." "Savoir si le problème émergera d'abord en Occident ou dans les pays émergents est matière à débat. Les deux premiers trilliards d'injection de liquidités n'ont contribué qu'à hauteur de 10% à l'augmentation de la masse monétaire M2 sur deux ans. La dernière tranche de 600 milliards pourrait faire un peu plus. Mais si l'on se tourne vers la Chine, l'expansion monétaire y a été astronomique. La masse monétaire M2 a cru de l'ordre de 20% par an depuis plusieurs années alors que les banques ont augmenté leur bilan conformément aux consignes gouvernementales. La masse monétaire M2 chinoise est maintenant supérieure à celle des Etats-Unis." "La Chine a également répondu aux initiatives américaines de politique monétaire très accommodante par des commentaires hostiles, de nouvelles hausses des taux d'intérêt et des réserves obligatoires des banques. Les pressions inflationnistes sur le secteur sensible de l'alimentation se sont également accentuées. Le scénario à long terme n'est donc pas très bon et de nouvelles interventions gouvernementales semblent certaines." "L'importance de ces interventions s'est aussi manifestée en Europe. Le désir de l'Allemagne par rapport au renflouement des PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne) a amené Madame Merkel à suggérer que le secteur des obligations privées devrait également supporter une partie du coût du sauvetage. Tout en appréciant le sentiment équitable, les marchés ont pris note et ont commencé à pratiquer le dumping sur le papier grec et portugais et surtout irlandais, ce qui pèse sur l'ensemble des marchés de taux à l'exception de l'Allemagne. L'effet le plus récent a été de forcer le gouvernement irlandais à accepter le plan de sauvetage de la BCE, du FMI et du Royaume-Uni." "Dans ce cas précis, le problème n'est pas tant le poids des dépenses publiques que la taille gigantesque du bilan du secteur bancaire et de ses dettes de mauvaise qualité, l'Etat ayant donné sa garantie. Cette garantie n'est plus crédible et, pour empêcher la crise bancaire irlandaise de contaminer et de détruire le reste du système bancaire européen, une solution devait être imposée à l'Irlande. Cela va sans doute apporter un soulagement temporaire, mais cela a mis en évidence, à l'intérieur de l'Europe, la nature des problèmes de la zone euro et la capacité des autorités à coordonner efficacement leurs actions." "L'incapacité flagrante à comprendre le processus de fonctionnement du marché, et ce dans le cadre d'une spirale de perte de confiance, est très inquiétante. A court terme, nous pouvons nous attendre à une baisse du pessimisme mais de nouveaux actes de ce mélodrame se joueront d'ici peu. Finalement, nous soupçonnons les politiques de vouloir imposer des mesures de déflation fiscale qui seraient mises à mal sous la pression de la rue. Cela prendra un peu de temps, peut-être même quelques années, mais si la cohésion politique venait à se briser, il est difficile de savoir si l'euro pourrait survivre." "Aussi, qu'avons-nous décidé de faire ? En dépit de la morosité actuelle des marchés, les données fondamentales sont plutôt bonnes. Aux Etats-Unis, en Europe et au Japon, la croissance est plutôt sur la bonne voie, en hausse de 2,5 à 3% dans la plupart des pays. Le secteur industriel enregistre des profits en plein essor. Dans ce secteur, les bilans sont bons. Les marchés de la dette privée sont dynamiques et les consommateurs continuent de consommer. Les tâches sombres sont toujours l'immobilier et les pays périphériques de l'Europe. Dans leur ensemble, les actions restent attrayantes par rapport aux obligations d'état. Les primes de risque sur les actions sont toujours à des niveaux où, même une légère hausse des rendements obligataires ne nuirait pas à leur valorisation." "La Fed fait marcher la planche à billets, de même que la Banque du Japon. Le Banque d'Angleterre le fera si nécessaire, comme sans doute la BCE. Tout cela devrait pousser les investisseurs à moins de prudence et à plus de risque et ce même à leur corps défendant. Nous favorisons donc les actions, voire un peu d'immobilier. Nous avons prudemment augmenté la note des actions à 2 (sur-pondération). Nous favorisons le Royaume-Uni et les marchés émergents et avons rétrogradé l'Europe à 3 (neutre) après sa récente hausse. Nous profiterons de toute correction dans les prochaines semaines pour nous renforcer sur les actions." "Sur le plan sectoriel, nous avons revalorisé la santé et l'énergie et avons rétrogradé la finance à 4. Sur les obligations, nous avons rétrogradé les Etats-Unis et le Canada (sous-pondérés), tout comme le Japon, le Royaume-Uni et l'Europe. Parallèlement, nous sommes légèrement plus optimistes sur les devises. Nous avons revalorisé le dollar et baissé l'euro (4) et le yen (5)." AUT/ALO