Irlande : davantage de volatilité sur l'obligataire avec les CAC après 2013

30/11/2010 - 11:37 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les contours du plan d'aide irlandais ont été dévoilés ce dimanche. Conformément aux rumeurs qui couraient sur les marchés ces derniers jours, l'aide apportée par l'Union Européenne (au travers de ses facilités) et par le FMI sera de 85 milliards d'euros et viendra couvrir à la fois les besoins de l'Etat et du secteur bancaire, à hauteur respectivement de 50 milliards d'euros et 35 milliards de dollars. Concernant le financement du plan, l'Irlande contribuera à hauteur de 17,5 milliards d'euros pour soutenir son secteur bancaire", note Natixis. "Cette somme proviendra du Fond de Réserve National des Retraites (12,5 milliards) et de l'utilisation des réserves de liquidités du pays (5 milliards). La partie restante (soit 67,5 milliards d'euros) sera apportée par l'EFSM et le FMI à hauteur de 22,5 milliards d'euros chacun, par l'EFSF pour 17,7 milliards d'euros et par plusieurs pays sous la forme de prêts bilatéraux (à concurrence de 4,8 milliards d'euros). Les trois pays concernés sont le Royaume-Uni à hauteur de 3,84 milliards d'euros, la Suède pour 0,598 milliard d'euros et le Danemark pour 0,393 milliard d'euros." "50 milliards seront donc débloqués pour répondre aux besoins de financement de l'Etat. Cette somme représente près de 80% des besoins de financement du pays pour les trois années à venir (63 milliards au total). Cela signifie donc que l'Etat irlandais pourrait se permettre de revenir sur le marché primaire obligataire à la mi-2013, pas avant." "Concernant le retour du déficit irlandais sur le seuil de 3%, l'EcofIn a offert une année de répit supplémentaire à l'Irlande en fixant la nouvelle deadline à 2015. La Commission Européenne avait en effet souligné que les prévisions de croissance du gouvernement irlandais étaient beaucoup trop ambitieuses (un retour à 3,25% de croissance était envisagé en 2012)." "Les autorités irlandaises ont d'ores et déjà estimé que le taux d'intérêt moyen appliqué dans le cadre du plan d'aide approchera les 5,80%. Au regard du rendement de 8,15% affiché par le benchmark 3 ans irlandais, on comprend donc mieux pourquoi l'Irlande a eu recours à une aide extérieure. En faisant l'hypothèse d'une couverture totale des besoins 2011 du pays (23 milliards d'euros) et de cet écart de taux entre les rendements pratiqués sur le marché secondaire et les prêts UE/FMI, le pays économisera près de 500 millions d'euros par an sur sa charge d'intérêt." "Le soutien apporté au secteur bancaire sera donc de 35 milliards d'euros. Ainsi, 10 milliards seront immédiatement utilisés pour recapitaliser les banques et 25 milliards viendront assurer les besoins supplémentaires du secteur. La dette bancaire senior irlandaise, dont la taille avoisine les 114 milliards d'euros, ne devrait pas être concernée par d'éventuelles restructurations (à la différence de la dette subordonnée du secteur qui représente 13,5 milliards d'euros)." "La Banque d'Irlande a indiqué qu'elle procédera en début d'année prochaine à une nouvelle série de stress test. Enfin, concernant les actifs détenus par les banques irlandaises, de nouvelles tranches de loans seront transférées de BoI et Allied Irish vers la NAMA et la majorité des actifs non-core seront vendus sur les marchés." "Au-delà de ce plan de sauvetage, les dirigeants européens ont avancé sur les modalités de la mise en place d'un mécanisme permanent de sauvetage en cas de crise, qui prendrait place en juin 2013. Ce dernier devait être présenté le 16 décembre lors de la réunion du Conseil Européen, mais les parties ont décidé d'accélérer les négociations. La question centrale concerne la participation du secteur privé (bondholders) à un défaut sur la dette junior et senior d'un pays considéré comme insolvable (déterminé par le FMI et la Commission via une analyse de soutenabilité de la dette)." "Afin de faciliter une restructuration ordonnée de la dette, seront intégrées aux nouvelles émissions obligataires des Clauses d'Actions Collectives (CAC). Les investisseurs seraient ainsi appelés à voter en faveur d'une restructuration de la dette (rééchelonnement de la maturité, des paiements d'intérêts etc.) si l'émetteur se trouvait dans l'incapacité d'honorer ses échéances. Les nouveaux termes du contrat de dette seraient acceptés si la majorité qualifiée des créanciers (75%) accepte la proposition de l'émetteur." "Cette mesure aura un impact profond sur les marchés obligataires. Les CACs s'apparentant à un risque supplémentaire pour les investisseurs, nous pourrions observer une dispersion relativement importante des rendements entre les obligations émises avant et après juin 2013. Par ailleurs, l'intégration de ces Clauses viendra forcément accentuer la pression sur les émetteurs, puisque mécaniquement, les rendements obligataires deviendront beaucoup plus sensibles aux probabilités de défaut (davantage de volatilité donc)." AUT/ALO