JP Morgan AM reste confiant dans les actifs risqués mais moins agressif

06/12/2010 - 15:04 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La BCE reporte sa stratégie de sortie. Les marchés semblent désormais anticiper des annonces radicales lors des réunions des comités de politique monétaire des banques centrales. Les attentes étaient à leur paroxysme avant la réunion du FOMC début novembre et il en a été de même la semaine dernière avant la réunion de politique monétaire de la BCE. Les investisseurs spéculaient sur l'adoption par la BCE d'un AQ à l'américaine, ce qui ne s'est pas produit", note JP Morgan AM dans son allocation hebdomadaire. "La BCE a cependant reporté le début du retrait des mesures non conventionnelles. Elle allouera les capitaux nécessaires à l'ensemble des opérations de financement au premier trimestre. Bien qu'utile, cela ne suffira sans doute pas à calmer les marchés. Lors de sa conférence de presse, M. Trichet a déclaré que les achats obligataires se poursuivraient et que la BCE pourrait accroître son programme d'investissement. L'après-midi même, la BCE a mené l'intervention la plus radicale sur le marché des emprunts d'Etat portugais, permettant de réduire de 50pb leur rendement à 10 ans. Sur les difficultés budgétaires, M. Trichet a rappelé qu'il était de la responsabilité des Etats et non de la banque centrale, de regagner la confiance des marchés." "Il y a une nette distinction entre liquidité et solvabilité, bien qu'elle paraisse floue en période de crise aiguë. La liquidité consiste à s'assurer qu'il y a assez de financement disponible pour ceux qui en ont besoin en période de stress, alors que la solvabilité est liée à la viabilité économique. M. Trichet a repris cette distinction en estimant que les gouvernements étaient seuls responsables de leur crédibilité, car ils peuvent assurer la solvabilité de l'Etat et du système bancaire. A cet égard, la BCE semble adopter la théorie de Bagehot consistant à prêter des montants quasiment illimités aux banques viables à des taux d'intérêt commerciaux." "Selon nous, les marchés ont été trop prompts à remettre en cause la solvabilité des Etats. La semaine dernière, le spread des obligations italiennes par rapport aux emprunts d'Etat allemands à 10 ans a atteint 2% avant de repasser sous 160pb. Notre sentiment est que les marchés n'ont pas fait la distinction entre les pays qui subissent des pressions en termes de liquidité, tels que l'Italie qui dispose d'un financement suffisant pour faire face à ses besoins sur les douze prochains mois, et les pays qui éprouvent de réelles difficultés de solvabilité." Citant les estimations du FMI concernant les ajustements requis des soldes budgétaires primaires sur les dix prochaines années pour stabiliser le poids de la dette publique de l'OCDE en pourcentage du PIB, le gestionnaire affirme que "le Japon et les Etats-Unis font partie des pays où les ajustements requis sont les plus importants. Les difficultés de la zone euro sont illustrées par la Grèce, l'Espagne et l'Irlande. Mais il est encourageant de constater que l'Italie ne requiert qu'un ajustement limité". "Les déclarations de M. Trichet et les actions de la BCE ont mis la pression sur les ministres des Finances de la zone euro qui se réunissent le 6-7 décembre. Étant donné que cette réunion sera suivie de celle du Conseil européen la semaine suivante, certains pressentent que ces rencontres pourraient donner lieu à des initiatives communes pour stabiliser les économies et les systèmes financiers de la zone euro. A moyen terme, les marchés actions en Europe pourraient rester confrontés aux problèmes de la devise unique. Toutefois, ils pourraient faire l'objet d'un rebond technique à court terme." "Les marchés corrigeaient encore fortement en début de semaine dernière, remettant en cause notre théorie selon laquelle une période de sevrage devenait nécessaire. L'intensification des problèmes de la zone euro a accentué le malaise, avant que les marchés rebondissent mercredi avant la réunion de la BCE. En trois jours, l'indice des banques européennes a gagné 11%, contre à peine 5% pour l'indice IBEX. Jeudi, le S&P revenait sur ses plus hauts de l'année à 1.227, avant de corriger en début de séance vendredi, suite aux très mauvais chiffres de l'emploi aux Etats-Unis (39.000 créations d'emplois contre 130.000 attendues, soit 4,8 fois l'écart type en dessous du consensus de Bloomberg)." "Les obligations ont une orientation intéressante, le rendement des bons du Trésor à 10 ans ayant atteint 3% la semaine dernière avant de diminuer temporairement à la suite du rapport sur l'emploi américain. Depuis l'AQ2, les rendements se sont appréciés de plus de 50pb. Les analystes techniques considèrent que le niveau de 3,05% constitue un support - un franchissement pourrait donner lieu à une forte hausse des rendements. Cela est cohérent, à en juger par l'évolution des rendements après l'AQ1 en novembre 2008. Les rendements obligataires avaient baissé dans le sillage de l'annonce, et repris plus de 100pb sur les six mois suivants." "Nous pensons que le rapport décevant de l'emploi ne remet pas en cause la stabilisation et le redémarrage de l'économie américaine. Les dernières statistiques militent en faveur de cette thèse, notamment l'amélioration de la confiance des consommateurs et les sondages ISM manufacturier et des services qui sont ressortis en ligne ou supérieurs aux attentes. La dynamique du cycle des profits aux États-Unis reste favorable, la productivité étant bien orientée et les coûts unitaires du travail continuant de se contracter. An niveau régional, cela a également été confirmé par le Beige book, qui entrevoit des signes de reprise." "Dans cette configuration, nous sommes toujours confiants à l'égard des actifs risqués et anticipons un environnement favorable aux actions durant l'essentiel de l'année 2011. Il nous semble qu'il y a plus de chance d'assister à un rebond plutôt qu'à un effondrement des marchés à court terme, aussi restons-nous surpondérés en actions par rapport aux obligations. Cela étant, l'érosion de la liquidité sur les marchés et les mouvements traitres des indices suggèrent que les investisseurs pourraient prendre davantage de risque que ce qui serait requis par les mesures traditionnelles de risque de portefeuille. Sauf à imaginer une détérioration massive de la dynamique de la zone euro ou de la politique monétaire chinoise, nous restons investis sur les actifs risqués, tout en étant moins agressifs qu'auparavant." AUT/ALO