Six raisons de favoriser les marchés émergents (ING IM)

06/12/2010 - 16:00 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Dans notre Emerging Equity Markets Monthly (EEMM) d'octobre, nous avions mentionné que le laps de temps entre le début du second assouplissement quantitatif américain et le creux des indicateurs avancés mondiaux serait assez court pour éviter une importante correction des marchés d'actions. Cette prévision est actuellement mise à l'épreuve par les turbulences au sein de la zone euro. Nous continuons néanmoins à penser que les facteurs cycliques favorables se renforceront au cours des prochains mois, bien avant le creux des indicateurs avancés attendu en février ou mars", note ING IM. "Cette phase du cycle est traditionnellement propice aux actions des marchés émergents." "(...) nous estimons que les perspectives sont bonnes pour les actions des marchés émergents, y compris après l'impulsion cyclique que nous prévoyons au cours des prochains trimestres. Nous énumérerons six raisons plaidant pour une hausse des actions des marchés émergents : le redressement des indicateurs avancés mondiaux, le risque inflationniste inférieur aux attentes en Chine, les bonnes perspectives pour les flux de capitaux des économies développées vers les économies émergents, le potentiel de croissance supérieur du monde émergent par rapport aux États-Unis et à l'Europe, les perspectives relativement bonnes pour les actifs des marchés émergents en cas de forte dépréciation du dollar américain et la décote que les valorisations affichent toujours en dépit de plus de dix ans de surperformance des marchés émergents." "En 2010, la patience a été récompensée. Entre octobre 2009 et mai 2010, les actions des marchés émergents n'ont pas fait mieux que les actions des pays développés malgré la détérioration du profil de risque aux États-Unis et en Europe et la solide croissance du monde émergent. Ce n'est qu'à la fin mai que les actions émergentes ont renoué avec leur tendance de surperformance à long terme vis-à-vis des marchés développés. Depuis lors, les actions émergentes ont rapporté 12 points de pourcentage de plus que les actions des pays développés." "Les faiblesses et les maigres perspectives de croissance des marchés développés, la politique monétaire extrêmement stimulante des États-Unis et les forces endogènes du monde émergent ont créé un environnement favorable aux actions des marchés émergents. Aussi longtemps que les profils de risque et de croissance relatifs des pays développés et de l'univers émergent demeurent inchangés (comme le reflètent les rendements obligataires et les prévisions des économistes), il n'y a pas de raison convaincante justifiant une interruption de la tendance de surperformance à long terme des marchés émergents. Au contraire, nous distinguons six bonnes raisons de tabler sur une poursuite de la surperformance des marchés émergents." Première raison, des facteurs cycliques favorables. "Au cours de ces dernières semaines, les données économiques américaines ont dépassé les attentes. Dans le même temps, les statistiques ont bien résisté en Europe et en Asie. Sachant que les indicateurs avancés mondiaux ont atteint leur sommet en janvier de cette année et que le cycle baissier dure en moyenne quatorze mois, nous prévoyons le creux cyclique vers mars 2011. En raison de la politique monétaire agressive des États-Unis et de la récente vague de surprises positives en matière de chiffres économiques, le creux des indicateurs avancés pourrait intervenir un peu plus tôt dans le cycle actuel." "L'un des indicateurs les plus avancés et les plus fiables, l'indice des attentes pour les exportations coréennes, affiche déjà des signes prudents de redressement. On sait que les marchés peuvent se montrer volatils lorsqu'ils approchent du creux cyclique. En 2005, les indicateurs avancés ont atteint leur creux en mai et, entre mars et mai, les actions des marchés émergents sont subi une correction de 10%. En 2008, les indicateurs avancés ont touché leur plancher en décembre et, entre octobre et décembre, les actions émergentes ont d'abord grimpé de 30%, puis ont chuté de 20%. Ces exemples nous incitent à ne pas encore jouer la carte cyclique. Nous préférons attendre jusqu'en janvier ou février." "2010 a été une année difficile et nerveuse pour les actions des marchés émergents, en raison surtout de facteurs cycliques défavorables. Pour 2011, et en particulier le premier semestre, nous nous attendons à ce que des éléments cycliques favorables aident les marchés à mieux maintenir le cap. L'Asie, qui est la zone la plus sensible à un redressement du commerce mondial, devrait constituer la force motrice." Deuxième raison, le risque inflationniste chinois est gérable. "La récente vague d'aversion au risque, qui a fait plonger les actions des marchés émergents de près de 6% au cours de ces dernières semaines, est essentiellement imputable à la situation irlandaise et aux craintes relatives à l'avenir de la zone euro. La nervosité a encore été accrue par le chiffre décevant de l'inflation chinoise, qui a été suivi par un relèvement des taux et deux relèvements du ratio des réserves obligatoires. Même si la tendance de l'inflation chinoise est actuellement défavorable, nous pensons que les craintes de resserrement sont quelque peu excessives. En octobre, l'inflation générale a atteint 4,4%, contre 3,6% le mois précédent. La variation en glissement mensuel est de 1,0%, ce qui a ravivé les craintes relatives aux perspectives de l'inflation à court terme." "Etant donné que le niveau général des prix a augmenté en raison de la hausse des prix alimentaires et que le taux d'inflation sous-jacent (en glissement annuel) est resté modéré à 1% seulement, nous ne devons pas (encore) tirer de conclusions dramatiques à propos de l'inflation chinoise, d'autant plus que la hausse des prix alimentaires est due à l'augmentation des prix des légumes, lesquels sont influencés par des facteurs locaux d'offre et de demande qui peuvent changer rapidement. En supposant que l'inflation des prix alimentaires se maintiendra au niveau élevé d'octobre pendant deux mois de plus, que les prix alimentaires diminueront légèrement avant les vacances de la nouvelle année chinoise (comme ils le font normalement) et que le taux d'inflation global mensuel sera égal à deux fois la moyenne des cinq dernières années (en raison d'une forte croissance de la masse monétaire), nous obtenons un taux d'inflation moyen de 4,5% pour 2011. Ceci constitue, à nos yeux, une prévision prudente, avec un risque limité de surprises négatives. Dans ce scénario, l'inflation des prix à la consommation devrait culminer durant l'été entre 5,5% et 6%." "Les autorités chinoises doivent utiliser des projections similaires, lesquelles sont trop élevées pour rassurer. Ceci explique pourquoi elles ont relevé les taux d'intérêt et le ratio des réserves obligatoires des banques. La plupart des économistes s'attendent à de nouveaux relèvements des taux au cours des prochains trimestres. Nous tablons, quant à nous, sur un ou deux relèvements supplémentaires de 25 points de base. Toutefois, une large part des nouvelles négatives est désormais incorporée dans les cours. Le marché des actions chinoises a été léthargique pendant la majeure partie de 2010 en raison des craintes de resserrement. Par ailleurs, lors des cycles précédents, le marché a bien performé en période de hausse des taux d'intérêt car une hausse des taux témoigne généralement d'une amélioration du contexte de croissance." "Nous prévoyons par conséquent de nouveaux relèvements des taux et, peut-être, de nouveaux renforcements du ratio des réserves obligatoires. Plus importantes encore sont nos prévisions pour le quota de prêts en 2011, qui sera annoncé durant la première moitié de décembre. En Chine, la politique monétaire est, en effet, principalement gérée au moyen d'objectifs quantitatifs, via des quotas pour les banques publiques. Les attentes des marchés à propos du quota de l'année prochaine se sont substantiellement repliées au cours de ces derniers mois en raison des craintes inflationnistes. Nous tablons sur un montant de nouveaux crédits compris entre 6.000 et 7.000 milliards de yuans, ce qui correspond à une croissance des crédits de 12% à 15% en glissement annuel. Selon nous, il est improbable qu'un montant inférieur à 6.000 milliards soit annoncé eu égard aux perspectives mitigées pour la croissance de la demande d'importations aux États-Unis et en Europe. Les autorités chinoises ne peuvent plus compter sur leur secteur exportateur dans la même mesure qu'avant 2008." "Nous pensons qu'au cours de ces derniers mois, les attentes des marchés en matière de resserrement en Chine se sont détériorées de façon excessive. L'inflation a augmenté davantage que ce que les autorités peuvent tolérer, mais cela ne signifie pas que la banque centrale donnera un coup de frein brutal. Dans le contexte mondial actuel, nous ne pensons pas que les autorités chinoises prendront le risque de provoquer un net repli de la croissance de la demande domestique. Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que la croissance de la masse monétaire et du crédit chinois s'est déjà normalisée depuis l'assouplissement exceptionnel de la politique en 2008 et 2009." "Si les investisseurs devaient commencer à prendre conscience que les perspectives en ce qui concerne la politique économique chinoise ne sont pas aussi négatives que ce qu'ils pensent aujourd'hui, le marché des actions chinoises pourrait bénéficier d'une nette amélioration du sentiment. Les investisseurs locaux sont, en effet, largement influencés par les attentes relatives à la direction de la politique économique. Une reprise du marché local des actions A devrait aussi soutenir le marché des actions H, les actions chinoises cotées à Hong Kong. Un marché chinois plus performant serait, à son tour, positif pour l'ensemble des marchés émergents, car il refléterait de meilleures perspectives pour la Chine, le moteur de la croissance de l'univers émergent." Troisième raison, les flux de capitaux vers les marchés émergents soutenus par un élargissement du différentiel de taux. "Aussi longtemps que les attentes relatives à la politique monétaire des États-Unis, de l'Europe et du Japon ne changent pas substantiellement et que les taux d'intérêt du monde émergent continuent à augmenter, il est difficile d'imaginer un ralentissement marqué des flux de capitaux des pays développés vers les marchés émergents. Dans notre scénario central, les taux américains et japonais resteront nuls pendant plusieurs années, tandis que la zone euro ne procédera qu'à un seul relèvement des taux de 25 pb en 2011 (portant le taux refi à 1,25%)." "Au sein de l'univers émergent, plusieurs pays ont déjà commencé à relever les taux. Nous nous attendons à ce que cette tendance se poursuive en 2011, étant donné que l'inflation augmente graduellement. Nous prévoyons un taux d'inflation moyen de 5,5% et un taux de base moyen de 6%. Les taux d'intérêt réels du monde émergent devraient, pour leur part, rester stables à 0,5% seulement. Les craintes des autorités d'une appréciation excessive des devises devraient, en effet, empêcher les taux réels d'augmenter." "Sur la base de nos projections, le différentiel de taux entre les marchés émergents et développés devrait largement s'élargir. Ceci devrait entraîner des mouvements de capitaux vers les marchés émergents liés à des opérations de portage, mais aussi contribuer à des flux d'investissements guidés par la croissance supérieure et le profil de risque plus attrayant des marchés émergents." Quatrième raison, des perspectives de croissance nettement meilleures. "La croissance économique du monde émergent devrait continuer à excéder celle des pays développés de cinq points de pourcentage. Pour 2011, nous prévoyons des taux de croissance de respectivement 6,5%