Les taux longs US devraient stabiliser leur hausse

10/12/2010 - 09:40 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Une des explications de la hausse du Bund et plus globalement des taux swaps tient à la hausse des taux américains sachant que de part et d'autre de l'Atlantique les taux courts restent relativement stables à la suite des taux directeurs. Comment alors justifier la hausse des taux US et sera-t-elle durable ? Sur le mois passé, le T-note s'est tendu de 59bs passant de 2,65% à 3,24% alors que dans le même temps le taux allemand à 10 ans passait de 2,41% à 2,98%", rappelle Natixis. "Le taux du Bund monte moins que le T-note ce qui laisse à penser que la défiance sur la zone euro n'est pas l'explication à la hausse récente (ou au moins qu'elle ne touche pas l'Allemagne qui profite de sa valeur refuge). Ce que semble conforter la performance de la France (qui ferait pourtant là aussi partie des gros contributeurs à l'EFSF en cas d'aggravation de la crise souveraine) qui a surperformé depuis un mois avec un taux résistant mieux que le taux allemand passant de 2,86 à 3,32%." "Cette tension des taux américains peut étonner d'autant plus qu'elle concerne le segment 10 ans mais également le segment 5 ans pourtant le plus concerné par les 110 milliards d'achats mensuels de la Fed. Le supply joue surement un rôle. Après les 21 milliards de 10 ans hier, c'est au tour du 30ans de subir la pression des 10 milliards de papiers supplémentaires qui sont proposés par le Trésor US sur ce segment." "Surtout les chiffres macro sont jugés plutôt encourageants par le marché. D'autant plus que le plan de relance fiscal qui vient d'être annoncé conduit la plupart des analystes à croire à un rebond plus marqué de la croissance américaine l'année prochaine. Enfin, les mesures fiscales et ces chiffres jugés meilleurs conduisent le marché à croire que la Fed pourrait être amenée à moins acheter de titres d'Etat que prévus. Ainsi le corps du papillon 2/5/10 a tendance à sous-performer. Autrement dit le 5 ans sous performe le 2 ans et le 10 ans alors même que le gros du QE2 concerne le segment intermédiaire." "Cette crainte d'une Fed faisant machine arrière semble donc bien peser dans la hausse récente des taux américains. Pourtant un certain nombre d'éléments devrait aller à l'encontre d'une hausse supplémentaire des taux longs : le scénario macro reste dégradé, au premier chef les chiffres de l'emploi encore très décevants la semaine dernière (+39.000 seulement). Les chiffres du core CPI (+0,6%) renforcent plutôt la position de Bernanke qui fait de la lutte contre la déflation son premier cheval de bataille et valident donc la poursuite de la politique monétaire quantitative." "De ce point de vue là, la remontée des B/E longs est plutôt excessive. On peut même parler d'un relatif échec de la QE2 en ce sens que l'inflation à court terme à beaucoup moins bougé. Or le but de la FED était plutôt l'inverse : augmenter l'inflation à court terme pour lutter contre la déflation sans engendrer de prime inflation sur les taux longs... Si le QE2 devait être amendé ce serait sans doute au profit d'achats centrés plutôt sur la partie longue de la courbe et non pas moins (il s'agissait là d'un reproche fait à la Fed de plutôt favoriser la partie intermédiaire de la courbe et non pas les taux longs pourtant primordiaux côté mortgages." "Au final entre une reprise toujours fragile et sans emploi, une inflation qui devrait continuer à baisser et un QE appelé à se poursuivre, la hausse récente devrait faire place à du flattening..." AUT/ALO