La correction obligataire peut être expliquée par réallocation (Natixis)

17/12/2010 - 10:26 - Option Finance

(AOF / Funds) - "La forte remontée des taux longs depuis le mois de novembre a relancé les craintes d'une véritable défiance vis-à-vis des dettes des Etats compte tenu de l'état désastreux de leurs finances publiques. Le taux 10 ans américain a ainsi progressé de 100pbs depuis novembre et le taux 10 ans allemand de 70pbs", juge Nordine Naam de Natixis. "Il est vrai que la situation des grandes économies reste fragile et qu'une telle remontée des taux longs pourrait paraître exagérée et/ou suscite des interrogations sur le comportement des investisseurs sachant qu'il n'y a pas de risques inflationnistes et que les grands Etats ne sont pas sur le point de faire défaut. "De fait, il faut raison garder, si la correction obligataire est importante, on a observé de telles corrections obligataires il n'y a pas si longtemps entre la fin de 2008 et le début de l'année 2009. Durant cette période, le taux 10 ans américain avait progressé non pas de 100pbs, mais de 200pbs. Cette forte remontée des taux longs s'est faite en faveur des actions qui étaient alors sous-valorisées alors que les obligations étaient devenues très chères avec des taux 10 ans américains à près de 2,0%, des emprunts d'Etat donc peu attractifs." "Il y a peu les obligations souveraines américaine et allemande étaient aussi surévaluées face à la multiplication des signaux de reprise économique et récemment du nouveau plan de relance budgétaire américain." "Autrement dit, la correction obligataire peut facilement s'expliquer par la réallocation des portefeuilles des grandes gestions en faveur de plus d'actions et ce d'autant plus que la volatilité des swaptions longues (6mx10a) reste élevée par rapport à celle des actions (indice VIX). A ce titre, les indicateurs de confiance sur les actions des investisseurs individuels (AAII) et institutionnels (State Street index) se sont améliorés alors que les comptes spéculatifs sont devenus vendeurs de T-notes récemment." "La remontée des taux longs en 2009 s'est faite en deux temps. Après une hausse de 100pbs, les taux longs se sont stabilisés environ deux mois, le temps de digérer cette première hausse et d'observer si l'activité économique continuait de se raffermir. A très court terme, on peut donc penser que les taux longs marqueront une petite pause dans les prochaines semaines avant de reprendre le chemin de la hausse si les chiffres d'activité restent bien orientés. La crise souveraine européenne pourrait toutefois freiner la remontée des taux longs au premier trimestre 2011 mais la tendance ne sera pas remise en cause." "Pour autant, les taux longs sont déjà revenus proches des niveaux observés au premier trimestre 2009. Donc le potentiel de hausse supplémentaire des taux longs 10 ans américain et allemand devrait être limité à environ 30pb par rapport aux niveaux actuels. Par ailleurs, il faut éviter que la remontée des taux longs ne soit pas trop forte au risque de freiner la reprise économique naissante, et à ce titre, la Fed continuera à acheter des T-notes tant que le marché du travail ne s'améliorera pas nettement." AUT/ALO