Croissance faible sans déflation soutiendra obligations d'entreprises

17/12/2010 - 12:24 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Nous sommes confiants que sauf choc externe, la classe d'actif devrait produire une performance de 6 à 10% en 2011. Les spreads demeurent attractifs à 600bps. Les taux de défaut vont demeurer bas en 2011/2012. Une croissance faible sans déflation est suffisante pour obtenir de bonnes performances. Une approche prudente et une analyse crédit approfondie seront des éléments importants dans les années à venir", écrit Eric Pictet, directeur du bureau de Paris de Muzinich & Co. "L'année 2010 a été une très bonne année pour la classe d'actif. Nous avions prévu, fin 2009, une performance entre 7 et 11% pour 2010 et les résultats sont supérieurs. Les fonds HY ont enregistré des performances supérieures aux indices regroupant les signatures BB/B hors financières." "Il y a eu trois périodes de retrait de courte durée, en février, en mai et plus récemment au mois de novembre. Depuis le début de l'année, les obligations HY ont enregistré des performances supérieures aux obligations d'Etat à 10 ans aux US (+8,92%), et des performances comparables au S&P 500 (+12,72%). En Europe, les performances ont également été meilleures que les obligations d'Etat et qu'aux actions même si il y a eu de grandes disparités. Le Dax a enregistré une performance de 16,90% alors que le CAC 40 a enregistré une performance de 1.77% (au jeudi 9 décembre)." "La hausse de 2010 a été due au coupon mais également à la baisse des taux longs et depuis quelques semaines à la baisse des spreads. Cette baisse des spreads a été modeste et s'est faite essentiellement au mois de novembre à la suite de la hausse des taux longs. Les spreads à 600bps sont encore légèrement supérieurs à leur moyenne historique sachant que la moyenne intègre les niveaux exceptionnellement élevés de 2008." Les principaux éléments qui influencent la performance de la classe d'actif, selon le gestionnaire, sont d'abord la croissance. "La santé générale des entreprises en dépend et l'influence sur les taux de défaut et le niveau des spreads est donc grande. Les mesures de la Fed, la reconduction des mesures fiscales ainsi que les dernières nouvelles économiques, comme la consommation des ménages, laissent penser que la croissance économique devrait être plus forte qu'initialement anticipée aux Etats-Unis. JP Morgan anticipe une croissance économique de 3,1% pour 2011." "Malgré l'injection énorme de liquidités dans le marché, la croissance ne devrait pas être suffisante pour reflater sensiblement l'économie mais la déflation devrait être évitée. La situation est plus contrastée en Europe. Le mandat de la BCE n'est pas le même et la différence des situations économiques et financières est très grande. En Europe, l'endettement est peut-être globalement moins grand qu'aux Etats-Unis, mais l'aspect politique et monétaire est plus important. Une croissance faible sans déflation est suffisante pour que la classe d'actif produise de bonnes performances." Ensuite, l'évolution des spreads : "Les spreads peuvent paraitre bas mais ils sont encore largement supérieurs au niveau médian de 2004/2006, surtout pour les signatures BB/B, alors même que l'endettement des entreprises s'est réduit. C'est bien le seul agent économique dans ce cas." Les taux de défaut : "Le taux de défaut est bas et devrait le demeurer en 2011/2012 avec une remontée très modérée à 1,5/2%. Les spreads actuels reflètent un taux de défaut de 5,4%. Un taux de défaut à 1,5% devrait amener les spreads à 390bps. Sans faire de pronostic sur le niveau futur des taux de défaut, le niveau actuel des spreads témoigne de l'existence réelle d'un coussin." L'évolution des taux : "Nous avons constaté une volatilité importante des taux à 5/10 ans depuis l'annonce du QE de novembre. JP Morgan anticipe maintenant une hausse modérée, sur 12 mois, des taux d'Etat de 5 et 10 ans et donc une amplification de la pentification de la courbe. L'impact de cette hausse modérée sera très limitée sur les performances du HY surtout si elle est accompagnée par une baisse des spreads plus probablement par le bas (remontée des taux à 5/10 ans). Au final, l'effet de la hausse des taux devrait être largement compensé par la baisse des spreads et JP Morgan anticipe maintenant pour 2011, une performance du marché de 9,8% pour les Etats-Unis. Le risque souverain refait surface et le risque de duration devient sans doute plus important que le risque crédit." Pour le gestionnaire, les obligations d'entreprise représentent une alternative aux obligations d'Etat : "Un coupon élevé, une corrélation faible et une duration modérée sont de bons arguments pour la constitution d'une allocation stratégique, alternative aux obligations d'Etat", et une "alternative aux actions". "La performance est comparable sur le long terme mais la volatilité est largement inférieure." "Le niveau des taux de défaut s'explique en partie par la proportion très importante d'upgrades par rapport aux downgrades, ce qui prouve la bonne santé relative des entreprises. En 2010, le volume des émissions a atteint un record. La désintermédiation bancaire se poursuit. Le marché européen grossit même si il ne représente encore que 15% du marché américain. 70% des émissions l'ont été pour des refinancements et cela devrait continuer en 2011. Un élément important est également le pourcentage d'émissions Fixed Secured qui ont le même niveau de couverture que les prêts bancaires et qui offre une sécurité complémentaire." AUT/ALO