2011 s'annonce positive pour les actions, attention aux bancaires

20/12/2010 - 11:46 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'année 2010 a été rythmée par la crise de la dette souveraine européenne et les soubresauts de l'économie américaine, le tout sur fond d'une croissance très dynamique dans les pays émergents, de nouveaux plus hauts sur le cours des matières premières et de guerre de changes larvée. Le premier semestre 2010 a été dominé par la crise grecque", juge Nordine Naam, de Natixis. "L'absence de réaction rapide de la part des autorités européennes s'est traduite par une forte hausse de l'aversion au risque face au risque systémique lié à la forte exposition des banques européennes aux dettes souveraines des pays périphériques. Aussi, les valeurs bancaires ont fortement souffert au premier semestre et ont tiré les indices boursiers vers des plus bas au deuxième trimestre." "Ce n'est que lorsque l'Union européenne et le FMI ont annoncé un plan de sauvetage de 110 milliards pour la Grèce et un fonds de stabilisation financier EFSF de 750 milliards que les actifs risqués ont fini par se stabiliser. Par la suite, la forte dégradation de l'activité américaine entre juin et septembre a fait craindre une rechute de l'activité et a mis un frein au rebond des indices boursiers. L'amélioration des indicateurs économiques au dernier trimestre conjuguée à l'annonce d'un nouvel assouplissement quantitatif de la Fed portant sur l'achat de 600 milliards de Treasuries a toutefois permis aux marchés boursiers de se redresser en fin d'année." "L'adoption de nouvelles mesures de relance budgétaire (prolongement des baisses d'impôt et des allocations chômage) portant sur un montant de 858 milliards de dollars n'a fait que renforcer les marchés boursiers en fin d'année sachant qu'elles devraient se traduire par une révision à la hausse de la croissance américaine de l'ordre de 0,8 point supplémentaire en 2011." "Ce nouveau policy mix (politique budgétaire et monétaire) plus expansif a particulièrement favorisé les valeurs cycliques. De même, l'abondance de la liquidité a soutenu les actions émergentes et les cours des matières premières. Le cours de l'once d'or a franchi le niveau de 1.400 dollars alors que le cuivre a franchi son plus haut historique de 9.000 dollars la tonne en réaction à la montée des positions spéculatives." "Par ailleurs, la crise de la dette européenne s'est traduite aussi par des marchés boursiers européens divergents. A l'instar de ce qui se passe sur les dettes obligataires européennes, les investisseurs procédent maintenant à des allocations géographiques et non plus sectorielles. Ainsi, l'indice DAX allemand, a joué le rôle de valeur refuge au sein de la zone euro au même titre que les obligations allemandes au détriment des autres indices européens comme l'indice IBEX espagnol, par exemple en baisse de 16% (notamment après la crise irlandaise en fin d'année) depuis le début de l'année contre près de +18% pour l'indice Dax !" "De leur côté, les taux longs ont fortement chuté au 1er semestre pour tester des plus bas historiques. Le rendement des obligations allemandes de maturité 10 ans a atteint un plus bas historique de 2,11% alors que dans le même temps, les rendements des obligations périphériques ont atteint des plus hauts historiques. Le taux 10 ans grec traite à un niveau proche de 12%, le taux 10 ans irlandais à plus de 8% et le taux 10 ans espagnol à plus de 5%. En dépit du filet de sécurité mis en place pour soutenir les pays périphériques européens, le marché redoute de nouvelles difficultés, voire des problèmes de solvabilité, notamment en raison de l'exposition immobilière importante du secteur bancaire dans certains pays comme l'Espagne." "Par ailleurs, les divergences sur la gestion de la crise entre pays du Nord souvent plus vertueux et les pays du Sud se sont renforcées en fin d'année notamment sur une éventuelle création d'Eurobonds et l'augmentation de l'EFSF. Dans ce contexte, l'adoption lors de l'Ecofin d'un mécanisme d'aide permanent aux pays en difficultés n'a guère permis une éventuelle amélioration du sentiment envers les pays périphériques, et ce d'autant plus que l'agence de notation Moody's a mis sous surveillance négative l'Espagne et réduit la signature de l'Irlande de 5 échelons jusqu'à Baa1." "De fait, les autorités européennes n'ont toujours pas donné plus de détails sur le mécanisme d'aide qui sera mis en place après 2013, notamment sur les clauses relatives aux restructurations des dettes souveraines qui mettront à contribution les créanciers privés. Face à ces incertitudes, la pression reste et restera forte sur les dettes des pays périphériques en dépit des achats de la BCE." "Quoi qu'il en soit, le fort rebond des marchés boursiers en fin d'année s'est fait au détriment des marchés obligataires, les taux longs ayant fortement augmenté en cette fin d'année. Dans cet environnement, les courbes de taux se sont fortement pentifiées par le haut, les taux courts restant relativement stables compte tenu de politique monétaire durablement accommodante dans les grands pays." "Sur le marché des changes, l'euro enregistre la plus forte baisse suivi du dollar sur fond de guerre des changes larvée, un environnement favorable aux devises refuges JPY et CHF qui ont enregistré les plus fortes progressions. De leur côté, les devises asiatiques ont continué de se redresser contre dollar face à des flux de capitaux toujours très importants et ce en dépit des interventions sur le marché des changes et/ou de mesures destinées à freiner ces flux de capitaux. Malgré la pression internationale, la Chine a pris son temps pour laisser finalement sa devise s'apprécier très lentement." "L'année 2011 s'annonce positive pour les marchés boursiers du moins au début de l'année dans le sillage des mesures de relance budgétaire américaine, mais rapidement la crise de la dette souveraine européenne pourrait bien rattraper les marchés financiers et freiner toute ardeur de forte progression. Les incertitudes sur la solvabilité de certains pays européens continueront à peser sur certains marchés boursiers européens et en particulier sur les valeurs bancaires." AUT/ALO