Pas de hausse de taux de la BoE à attendre en 2011 (Natixis)

21/12/2010 - 12:23 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Selon la Confederation of British Industry, la BoE devrait augmenter ses taux une première fois dans les six prochains mois, puis les majorer de 25pb tous les trois mois jusqu'en mi-2012, date à partir de laquelle le rythme des hausses devrait s'accélérer. A la fin de l'année 2012, le taux de base de la BOE pourrait être de 2,75%. L'inquiétude de la CBI provient du comportement de l'inflation, qui ne baisse pas aussi rapidement que ce que beaucoup attendaient. De fait, l'inflation dépasse depuis plusieurs mois la limite haute de 3% imposée par le gouvernement", note René Defossez, de Natixis. "L'argument de la CBI tient la route, dans la mesure où la BoE n'a qu'un seul mandat, qui est de garantir la stabilité des prix. La BoE est par ailleurs une adepte de l'inflation targeting. Son objectif est en principe de maintenir l'inflation (mesurée avec le CPI) autour de 2%, avec une marge de tolérance de plus ou moins 1 point de pourcentage. Si cet objectif est atteint, la BoE doit soutenir les objectifs du gouvernement, et notamment celui de plein emploi." "Si l'inflation dépasse 3% ou est inférieure à 1%, le gouverneur de la BoE doit écrire une lettre au chancelier pour expliquer les raisons de cette situation et les moyens qu'il compte mettre en place pour que l'inflation se rapproche de son objectif. Mervyn King a écrit beaucoup de lettres ces derniers temps... Mais l'argument de la CBI ne tient plus la route si l'on fait une évaluation sérieuse du risque inflationniste." "L'évolution des salaires et des coûts unitaires du travail ne présentent aucun caractère inquiétant. Les revenus moyens (bonus compris, pour l'ensemble de l'économie) progressaient de 2,6% en juillet, contre des rythmes qui étaient de l'ordre de 4% (en général plus) avant la crise. L'augmentation annuelle des coûts unitaires du travail est la plus faible depuis une quinzaine d'années (+1% en GA). En rythme trimestriel annualisé, les coûts unitaires du travail baissent de presque 4%." "Il faut se souvenir par ailleurs que la BoE a une vision prospective de l'inflation : ce qui l'intéresse, c'est l'inflation de demain, beaucoup moins celle d'aujourd'hui. Les contreperformances du Royaume-Uni en matière d'inflation proviennent pour une large part de la hausse de la TVA (restauration du taux standard de 17,5% en janvier 2010), qui s'inscrit dans le cadre du programme de consolidation budgétaire. Une autre part provient des prix imports, alimentés d'abord par la forte baisse du taux de change effectif du sterling pendant la crise (de 105 à 75 au plus bas, d'après les calculs de la BoE, le niveau actuel est de 80), ensuite par la hausse du prix des matières premières." "En glissement annuel, les prix imports progressent actuellement de 7% environ. La hausse de la TVA va mécaniquement sortir des prix un an après sa mise en place. Les marchés (contrats futures court terme) disent, de leur côté, que la BoE sera une des banques les plus agressives dans la remontée des taux, qu'elle le sera en tout cas beaucoup plus que la BCE. Une hausse du taux de base de la BoE dès l'année prochaine nous paraît hautement improbable." "Outre que le risque inflationniste est sans doute surestimé, il convient de se souvenir que le gouvernement britannique a opté pour un plan de rigueur particulièrement austère, puisqu'il est supposé réduire le ratio déficit/PIB de plus de 10% aujourd'hui à 3% à l'horizon 2013. Un policy mix dans lequel la politique monétaire serait resserrée en pleine austérité budgétaire pourrait être désastreux." AUT/ALO