Taux directeurs : 2011 devrait être une copie conforme de 2010 (Natixis)

23/12/2010 - 16:49 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'année 2010 s'achève sur une note contrastée. La reprise aura bien été au rendez-vous après un exercice 2009 cauchemardesque, mais les défis sont loin d'avoir tous été relevés. En particulier en Europe où le mythe de la convergence (à crédit) aura volé en éclat, avec la crise des dettes périphériques et l'entérinement d'une Union monétaire à deux vitesses, ou bicéphale. 2011 sera donc l'occasion d'un approfondissement de l'Union (fédéralisme), ou consacrera au contraire la résignation des gouvernements européens", note Natixis. "Aux Etats-Unis, l'euphorie ambiante, liée dans une large mesure à l'annonce d'un nouveau stimulus fiscal, pourrait bientôt laisser place à davantage de raison tant les ajustements nécessaires en vue d'un nouveau cycle de croissance organique demeurent (désendettement, chômage structurel...)." "D'un point de vue fondamental, 2010 n'aura pas été une mauvaise année. La zone euro prise dans son ensemble, les Etats-Unis et même le Royaume Uni qui a pourtant mis en place un plan de réduction de son déficit budgétaire très sévère ont affiché des performances économiques honorables. Dans le monde émergent, mais aussi en Australie ou au Canada, les croissances sont fortes, et les banques centrales augmentent leurs taux pour prévenir les tensions inflationnistes. Le commerce mondial s'est bien comporté." "La question est de savoir si les comportements des banques centrales des pays émergents, de la RBA, de la BoC sont annonciateurs d'un comportement similaire de la Fed, de la BoE et de la BCE dès l'année prochaine, ou si ces trois dernières banques centrales vont maintenir une stratégie très orientée croissance." "Récemment, la CBI disait anticiper une première hausse des taux directeurs de la BoE dans les six prochains mois. L'argument principal était l'inflation, qui ne parvient pas à repasser sous la limite supérieure de 3% (contraignant Mervyn King à une relation épistolaire fournie avec le chancelier). Mais ce comportement peu vertueux de l'inflation britannique est imputable, pour l'essentiel, à la hausse de la TVA en janvier 2010 (qui va sortir mécaniquement des prix) et au comportement passé du sterling et à celui, actuel mais sans doute provisoire, des matières premières (inflation importée)." "Au niveau domestique, les salaires progressent très lentement. Quand de surcroît on tient compte de l'austérité budgétaire, on ne voit plus très bien pourquoi la BoE modifierait ses taux l'année prochaine. Aux Etats-Unis, la situation dans l'immobilier reste fragile, et beaucoup prévoient une nouvelle baisse des prix des maisons. Grâce aux nouvelles mesures prises par le gouvernement Obama, la croissance sera plus forte que ce qui était initialement prévu en 2011, mais l'output gap restera suffisamment négatif pour interdire toute hausse des taux." "Enfin, la BCE ne peut pas se permettre de durcir prochainement sa politique monétaire, puisque certains pays de la zone réduisent de manière très douloureuse leurs ratios déficit/PIB. Tout cela n'interdit pas, évidemment, des ajustements dans la sphère des instruments non conventionnels de politique monétaire. Au total donc, du point de vue des taux directeurs de la BoE, de la BCE et de la Fed (mais aussi, bien sûr, de la BoJ), 2011 devrait être une copie conforme de 2010." AUT/ALO