La zone euro est condamnée à évoluer (Dexia AM)

23/12/2010 - 17:27 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Depuis le début de la crise, nous avons navigué sur des eaux agitées entre ce qui devrait être fait et ce qui pouvait l'être. Il existait un consensus en 2008 pour atténuer le risque d'aléa moral et il semble qu'aujourd'hui la situation soit plus équilibrée. Quand les détenteurs d'obligations n'assument pas les conséquences de leurs décisions d'investissement, l'aléa moral pervertit la façon dont les marchés du crédit limitent l'expansion alimentée par l'endettement, en augmentant les coûts de la dette lorsque les risques d'une augmentation de la dette l'emportent sur la rémunération." "L'aléa moral génère une plus grande incertitude politique. Une telle incertitude sur le marché financier reflète la nature intenable du choix politique : soit stabiliser les coûts de financement à court terme à travers l'aléa moral, soit essayer de limiter l'aléa moral futur à travers le fardeau des pertes des détenteurs d'obligations dans toute future crise." "Mener une telle politique de transition créé une période d'incertitude accrue. Plus précisément, cette crise oblige à un re-calibrage de l'architecture financière de l'Union européenne. La zone euro doit faire face à deux énormes défis dans les mois et les années qui viennent. Tout d'abord, traiter la question de savoir comment sortir de la crise actuelle de la dette souveraine, c'est-à-dire celle de la création d'un cadre capable de faire face à n'importe quelle future crise souveraine." "Malheureusement, il existe, dans une certaine mesure, un chevauchement entre ces défis, ce qui les rend d'autant plus difficiles à surmonter. L'intention actuelle est de mettre en place le cadre nécessaire à la gestion de crises futures avant que la zone ne soit pleinement sortie de la crise actuelle. Comme le nouveau cadre est susceptible de pousser à la hausse les coûts d'emprunts des pays périphériques, il rend encore plus difficile la sortie de la crise actuelle. Si un accord sur un cadre de gestion des futures crises est nécessaire, son calendrier de mise en place est inopportun." "Les États périphériques ne sont pas susceptibles de sortir pleinement de la crise actuelle d'ici 2013, alors que les coûts d'emprunts auront probablement été poussés à la hausse par les nouveaux accords. Ainsi, la volonté de mettre au point le cadre de règlement des crises futures est susceptible de rendre plus difficile la sortie de la crise actuelle. De plus, rien de ce qui a été dit récemment n'indique clairement si une restructuration de la dette souveraine existante, ou éventuellement un transfert budgétaire unique, sera nécessaire pour sortir pleinement de la crise actuelle." "Bien que l'Union européenne se soit montrée sensible à la fin du cycle du crédit bon marché, les difficultés de l'Union européenne plongent leurs racines dans la profonde disparité de la compétitivité économique au sein de la région. Alors que l'économie allemande tire bien son épingle du jeu, ses activités industrielles et exportatrices se renforçant rapidement, les périphériques sont en phase de déflation et leurs économies ploient sous le poids de déficits publics excessifs. Confrontés à cette dichotomie, les responsables politiques semblent paralysés." "Dans le même temps, il convient d'admettre que l'intégration européenne a toujours été un processus de crise et de réponse à celui-ci. La zone euro évolue de facto vers une union fiscale mais qui ne sera pas dotée d'une expression fédérale avant longtemps. Le paradoxe est que les pressions qui alimentent les débats sur sa désintégration sont le catalyseur d'une nouvelle intégration. La zone euro est condamnée à évoluer. Les pressions politiques et économiques vont la contraindre à de nouveaux ajustements politiques, à la fois en son centre et à sa périphérie." AUT/ALO