Fed : moins risqué de jouer avec l' inflation qu'avec la croissance

07/01/2011 - 09:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Les chiffres de l'emploi publiés hier par l'ADP se sont avérés beaucoup plus robustes que prévu : environ 300.000 emplois avaient été créés en décembre, alors que le marché s'attendait à un chiffre trois fois plus faible. Par ailleurs, la tendance sur les initial claims reste très favorable (409.000 la semaine dernière). L'inflation sous-jacente avait légèrement augmenté en novembre dernier, passant de 0,6% à 0,8%", note René Defossez de Natixis. "Compte tenu du comportement récent du prix des matières premières, on peut imaginer que l'inflation totale adoptera rapidement une tendance haussière." "D'après la Federal Reserve Act, la banque centrale des Etats-Unis doit promouvoir le plein emploi, la stabilité des prix, et des taux longs aussi bas que possible. Or il y a, apparemment, une amélioration dans le marché du travail, qui devrait être confirmée par les chiffres du BLS. Il y a une légère hausse de l'inflation qui certes ne remet pas pour l'instant en cause la stabilité des prix au sens de la Fed. Et les taux longs sont sur une tendance haussière, ironiquement depuis la mise en place du QE2." "Cette hausse est notamment expliquée par les inquiétudes des investisseurs vis-à-vis de l'inflation à long terme, inquiétudes notamment nourries par l'activisme de la Fed. Les points morts d'inflation des TIPS à 10 ans, qui s'affichaient à 1,60% en août dernier, se situent actuellement au dessus de 2,40%. Ils sont de retour sur leur niveau de long terme." "Dans les minutes du FOMC de décembre publiées cette semaine, la Fed écrivait qu'elle ne revoyait que légèrement en hausse ses perspectives de croissance, en dépit des nouvelles mesures fiscales prises par le gouvernement. Beaucoup de vents contraires vont continuer, selon elle, de ralentir l'activité, en particulier la situation dans le marché de l'immobilier (le prix des maisons pourrait à nouveau baisser), la hausse des taux d'intérêt à long terme, du dollar et du prix des matières premières. Pour la banque centrale, le risque inflationniste demeure totalement hors sujet." "Pourtant, depuis deux jours, et pour le dernier FOMC de 2011, le marché considère qu'une hausse des taux de 25pb est plus probable qu'un statu quo (d'après les contrats futures FF). Y-a-t-il contradiction entre les faits et le discours de la Fed ? Cette dernière est-elle behind the curve ? A-t-elle eu tort de lancer un nouveau programme de quantitative easing ? Si l'opportunité d'injecter 600 milliards de dollars de liquidités dans un marché déjà cash rich est discutable, il ne semble pas, malgré les apparences, que la Fed soit behind the curve." "Le NAIRU gap demeure en effet très ouvert, et les risques évoqués par la Fed, auxquels on peut ajouter le désendettement (qui n'est pas terminé) sont bien réels. De manière générale, il reste moins dangereux, aujourd'hui, de prendre un risque avec l'inflation qu'un risque avec la croissance." AUT/ALO