Persistance de la crise de la dette dans la zone euro (M&G Investments)

10/01/2011 - 16:02 - Option Finance

(AOF / Funds) - "L'équipe obligataire de M&G estime que les banques centrales au Royaume-Uni et en Europe ont changé leur fusil d'épaule, mettant moins l'accent sur le seul respect d'un objectif cible d'inflation et privilégiant davantage une vision plus proche de celle du double mandat de la Réserve fédérale : le plein emploi et la stabilité des prix. Les banques centrales et les Etats utilisent toutes les armes monétaires et budgétaires à leur disposition afin de renouer avec une reprise économique autonome", affirme le gestionnaire dans ses perspectives 2011. "Malheureusement pour les gouvernements, les investisseurs obligataires les astreignent désormais à une période de rigueur budgétaire, plus particulièrement dans les pays périphériques de la zone euro." "La reprise de l'économie mondiale se poursuit, et ce, même si les conditions diffèrent nettement d'une région à l'autre. Si la croissance demeure soutenue dans la plupart de l'Asie, ce n'est guère le cas dans de nombreux pays développés où la consommation est toujours déprimée et où la dynamique insufflée par le cycle des stocks sur l'activité est en train de s'estomper, tout comme les effets bénéfiques des plans de relance mis en place durant la récession." "L'ampleur des réductions d'impôts aux Etats-Unis devrait accroître la consommation mais, conformément à la mise en garde de Moody's, en creusant un peu plus le déficit, elle pourrait détériorer la qualité de crédit du pays. Il est vraisemblable que la note de crédit AAA des Etats-Unis et du Royaume-Uni soit un jour mise à rude épreuve et nous nous attendons à ce que les Etats-Unis perdent la leur à terme, mais toutefois pas en 2011. Selon nous, la France est le premier sur la liste des pays notés AAA risquant de faire les frais d'une dégradation." "Nous n'anticipons pas une récession à double creux aux Etats-Unis, en Europe ou au Royaume-Uni, même si nous ne pouvons encore pas écarter le risque de voir une erreur de politique, tel qu'un retrait prématuré des mesures de relance, en déclencher une. Nous pensons que ces grandes économies vont continuer d'enregistrer une croissance inférieure à la moyenne. Aux niveaux qui sont les siens, la croissance économique ne va guère contribuer à cette amélioration des marchés du travail que se désespèrent d'observer les banques centrales." "Compte tenu de ces inquiétudes, nous ne serions pas étonnés si les banques centrales décidaient de prolonger leurs programmes respectifs d'assouplissement quantitatif (AQ). Une chose dont nous sommes certains, c'est que personne ne connaît réellement quel va être l'impact de l'AQ. Historiquement, faire tourner la planche à billets a toujours fini dans les larmes et nous sommes d'avis qu'il en sera de même cette fois-ci. L'inflation va s'accélérer à terme, mais pas encore tout de suite ; la quantité de monnaie s'est accrue, mais l'inflation va rester sous contrôle jusqu'à ce qu'augmente la vélocité de la monnaie." "L'inflation est peu susceptible de sensiblement s'accélérer en 2011 en raison de la situation peu brillante des marchés du travail, de l'importance des écarts de production et des forces déflationnistes au niveau mondial. Pour autant, nous pensons que l'inflation globale va rester obstinément élevée. Au Royaume-Uni, l'augmentation de la TVA en janvier 2011, la hausse des prix des matières premières et la faiblesse relative de la livre sterling vont conduire l'inflation à continuer de s'établir au-dessus de l'objectif cible de 2% de la Banque d'Angleterre. La situation inflationniste va sans doute extrêmement diverger au sein de la zone euro, allant de la déflation en Irlande et au Portugal à un regain inflationniste en Allemagne." "En Europe, la dette souveraine va continuer de dominer l'actualité l'année prochaine. Personne n'ignore les difficultés dans lesquelles se sont retrouvés et se trouvent encore les pays périphériques de la zone euro. Tout d'abord la Grèce, puis l'Irlande et plus récemment le Portugal et l'Espagne ont vu leurs emprunts d'Etat être mis sous pression. Si la volatilité devait perdurer sur les marchés obligataires périphériques ou si les investisseurs venaient à penser que l'Espagne connaît des difficultés financières (le pays va devoir refinancer 30 milliards d'euros d'obligations d'Etat au début de l'année 2011), nous sommes convaincus que les autorités reverraient alors à la hausse les liquidités du Fonds européen de stabilité financière (FESF)." "Augmenter la taille du fonds de sauvetage permettrait-il de résoudre les problèmes dans la zone euro ? Accroître le montant du FESF n'influe pas sur les deux principaux problèmes structurels du fonds : (1) il n'a pas encore été financé et les investisseurs vont probablement être peu enclins à prêter de l'argent à un véhicule destiné à renflouer les pays périphériques au moment même où lesdits pays sont dans une situation critique ; et (2) les pressions sur les Etats plus solides se font de plus en plus importantes à mesure que les pays nécessitant un sauvetage sont plus nombreux et plus grands." "Si l'Espagne devait avoir besoin de capitaux frais, d'un montant de 200 milliards d'euros par exemple, l'Italie devrait contribuer à hauteur de près de 15% à ce financement, soit environ 2% du PIB italien, et cet endettement croissant mettrait un peu plus à mal les notes de crédit des pays plus forts et, par là-même, menacerait la note de crédit AAA du FESF. A terme, les Etats de la zone euro auront à faire un choix : décider de mettre fin à l'euro et revenir à leur propre devise, ce qui serait un véritable cauchemar logistique, ou accepter une union budgétaire et politique bien plus grande. Toutefois, en 2011, ils devraient selon nous renvoyer à plus tard cette question et continuer de s'en sortir tant bien que mal." "Une des raisons faisant que les pays périphériques de la zone se retrouvent dans cette situation fâcheuse est qu'ils sont intervenus de façon à sauvegarder leurs systèmes financiers respectifs après les pertes massives accusées par leurs banques. C'est particulièrement le cas de l'Irlande où le débat fait rage quant à savoir si les détenteurs d'obligations de premier rang devraient accepter d'essuyer des pertes sur leurs prêts à Anglo Irish Bank (AIB) (les détenteurs de dette Lower Tier 2 d'AIB se sont récemment vus offrir de céder leurs titres pour à peine 20 centimes pour un euro, et ceux ayant refusé ces conditions n'ont pratiquement rien reçu, soit donc pratiquement une situation de défaut)." "Nous savons que Bank of Ireland a réussi les tests de résistance (stress tests) de l'Union européenne à la mi-2010 en partie grâce à la garantie du gouvernement irlandais. Si l'Irlande doit restructurer sa dette, il est probable que cela aura un impact sérieux sur les détenteurs de dette de Bank of Ireland. Cela sera-t-il le prélude à d'autres restructurations de la dette souveraine et financière en Europe ?" "Tout n'est pas forcément si noir en Europe. L'Allemagne s'en est extraordinairement bien tirée depuis la crise financière, comme en témoignent plusieurs indicateurs économiques tels que l'emploi, le PIB et les enquêtes auprès des entreprises. En particulier, les exportations allemandes ont fait preuve d'une extrême vigueur, offrant par là-même un coup de pouce à la croissance et à l'emploi. L'Allemagne a sans doute plus bénéficié que la plupart des pays européens de la détérioration des perspectives des pays périphériques, la dépréciation de l'euro ayant grandement contribué à renforcer la compétitivité de ses exportations. Si l'Allemagne avait sa propre monnaie, elle serait probablement la plus forte du monde. Si cela devait arriver, l'économie allemande se trouverait dans une situation bien différente de celle qui est la sienne actuellement. A vrai dire, l'Allemagne serait probablement en récession." AUT/ALO