Tnotes : tendance à la baisse à long terme intacte (Raiffeisen CM)

14/01/2011 - 10:04 - Option Finance

(AOF / Funds) - "Aux États-Unis, la politique a créé en cette fin d'année une surprise de taille. Quelques semaines seulement après les élections au Sénat et à la Chambre des représentants, au cours desquelles les craintes sur le niveau d'endettement fédéral ont constitué un thème central de la rhétorique de l'opposition et en partie causé une gifle électorale pour les Démocrates (et leur président), les deux grands partis ont choisi la voie du status quo (à court terme)", estime Raiffeisen CM. "Ne pouvant ou ne voulant, selon le cas, trouver de compromis entre les mesures fiscales et sociales en cause, on a cédé dans les faits aux exigences des deux camps. Les allégements fiscaux provisoires du gouvernement Bush ont été prolongés et étendus, de même, encore une fois, que le soutien aux chômeurs de longue durée." "Dans les faits, l'on est assuré de voir une nouvelle fois le déficit budgétaire de 2011 (et de 2012) passer clairement au-dessus des 1.000 milliards de dollars américains. Pour remettre ceci dans un contexte historique, ces niveaux d'endettements annuels correspondent à l'endettement total accumulé par les États-Unis pendant 200 ans environ depuis leur création jusqu'au mandat du président Reagan en 1981 !" "Pour la conjoncture américaine en revanche, il s'agit sans aucun doute d'une très bonne nouvelle, du moins à court terme ; cela balaie pour le moment toute discussion sur l'éventualité d'un phénomène de double dip, c'est-à-dire d'un retour à une nouvelle phase de récession. En tout état de cause, à plus long terme, ces mesures de soutien pourraient avoir un effet boomerang. Car d'une part, elles visent une fois de plus à stimuler en première ligne la consommation (privée), qui joue déjà un rôle beaucoup trop important par rapport à la production de biens dans l'économie américaine." "D'autre part, ces montants gigantesques ne pourront plus, à la longue, continuer à être financés par de nouvelles dettes et leur remboursement engloutit durablement une part toujours plus grande de la production économique nationale. Au vu de ces éléments, les ventes massives marquantes d'obligations d'État américaines à long terme qui ont lieu depuis fin novembre peuvent parfaitement se comprendre, d'autant plus que la hausse précédente avait déjà eu lieu dans l'attente de ces assouplissements." "Certes, dans le cadre de son quantitative easings 2, c'est-à-dire de sa deuxième politique d'assouplissement monétaire, la banque centrale (Fed) devrait racheter dans les faits l'intégralité des nouvelles émissions d'obligations d'État pendant les huit mois à venir, mais cela ne pourra se reproduire indéfiniment. L'heure de la révolte des marchés, et des autres nations, contre cette approche ne devrait être qu'une question de temps, car dans les faits, avec ses mesures, la Fed exporte l'inflation dans le monde, notamment dans les marchés émergents." "De plus, la Fed, avec ses mesures, risque de déclencher et de favoriser des flux massifs de capitaux spéculatifs, par exemple dans les matières premières. Le fait que les cours du pétrole aient dépassé depuis peu la barre des 90 dollars américains n'est pas un hasard. Cependant une hausse des cours du pétrole agit comme un impôt supplémentaire prélevé sur l'économie américaine. En prenant ces mesures, la banque centrale risque donc de s'infliger une défaite à elle-même." "Pour les États-Unis, il faut donc s'attendre à des taux de croissance positifs significatifs en 2011 ; nous faisons passer notre estimation à une croissance réelle de 3%. Pour 2012 et les années qui suivent, les perspectives sont plus difficiles. En raison de l'effet de base, le maintien même en 2012 des mesures conjoncturelles de 2011 n'aura qu'un effet nul ; en revanche, toute réduction des dépenses publiques aura des conséquences négatives." "Les États et les municipalités se voient déjà contraints et forcés de faire des réductions massives de leurs dépenses publiques, y compris dans les services fondamentaux comme par exemple la police. D'autre part, 2012 est l'année des élections présidentielles dans le calendrier politique, et donc de la possibilité d'éventuelles tactiques électorales faites de mesures de soutien conjoncturel réitéré. De plus, à l'heure actuelle, la croissance américaine s'appuie de plus en plus sur l'accumulation de stocks ce qui n'est pas viable à long terme." "En effet, à un moment déterminé, soit la production ira directement dans les stocks, soit les stocks accumulés seront effectivement consommés, ce qui aura une influence négative sur la balance du PIB. Dans ce contexte, la forte baisse du composant nouvelles commandes dans l'indice SMI doit être interprété comme un signal d'alarme inquiétant, la constitution des stocks pourrait donc reculer fortement en 2011. Les perspectives de croissance pour 2012 sont donc ouvertes, et il existe de très nombreux risques qu'elle soit plus faible que les marchés ne s'y attendent actuellement." "De ce fait, il pourrait être prématuré d'anticiper une nouvelle tendance à la hausse des taux, d'autant plus que la tendance à la baisse à long terme de cette décennie est encore intacte. Techniquement, le plus probable pour les mois à venir est donc que les rendements connaissent un mouvement latéral dans une fourchette relativement large de 2,8% à 3,8% pour les obligations à 10 ans par exemple. Une hausse durable les faisant passer à plus de 4% semble plutôt peu probable, et entraînerait de toute façon l'intervention de la Banque centrale." "Les prévisions inflationnistes déjà intégrées par le marché ont encore augmenté en octobre, mais n'ont guère changé depuis lors. Les spreads des seuils de rentabilité des obligations intègrent des prévisions inflationnistes d'environ 1,5% par an pour les cinq prochaines années, et d'environ 2,1% par an pour les dix prochaines années." AUT/ALO